Chapitre 3

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La fin de l'année scolaire a été un désastre et c'est achevé par un bulletin catastrophique. Malgré les médicaments que me donner le médecin, des cauchemars terribles perturber mon sommeil. Je me réveillais en sueur, désorienter je m'agressais à vue d'œil. J'avais perdu l'appétit et ni la douce attention de maman, ni les plats spéciaux auxquels me préparer, ni les vitamines du docteur ne parvenez à enrayer la situation. Mes parents pensaient que les grandes vacances me permettraient de remonter la pente. Il se trompait point juillet et août ont été épouvantables. Chaque nuit l'image terrible du lourd godillot militaire shootant dans la tête pente lente du pompier me survenait....

          Ma rentrée suivante a été le départ d'une nouvelle débâcle. Au bout de quinze jours, j'ai senti que j'étais littéralement largué. Je ne comprenais rien et, même quand je faisais un effort considérable pour me concentrer pendant les cours, mon attention était à ce point perturbé que je décroché au point de quelques minutes. Le pire, c'était en français.

- Encore une semaine et tu va te retrouver sous le bureau ! Ironisait madame Ruiz en me rendant le contrôle hebdomadaire.

Madame Ruiz est peut-être une bonne prof... Pour les six meilleurs de la classe. Pour les autres... Elle a des méthodes qui lui sont tres personnelles. Je n'ai jamais vu d'autres profs les employer. Nous faisons un contrôle chaque semaine et les notes déterminent notre place dans la classe. Le premier est placé tout au fond, le second a côté et ainsi de suite, si bien que, plus la note baisse , plus on se rapproche du bureau.
"Je peux mieux voir ce qu'ils font et les aider dès qu'ils en ont besoin'' Explique-t-elle aux parents lors de la réunion de rentrée. Il faut donc croire que c'est pour leur bien qu'elle fait mener une vie d'enfer aux élèves les plus faibles. Du début à la fin du cours, elle ne manque pas une occasion d'envoyer des remarques désagréables qui font rigoler ceux du fond. Moi, bien sûr, une semaine après la rentrée, j'étais déjà assis au premier rang, à côté de Salomé.

~

Iyata et Salomé sont jumelles. Je crois qu'elles sont guadeloupéennes. Leurs parents ne veulent pas qu'elles soient séparées, alors elles sont dans la même classe. Iyata est une intello. Elle a toujours les meilleures notes. C'est dire si elle est assise au fond, loin de nous. Salomé, c'est tout le contraire, elle a des difficultés dans toutes les matières et, même en passant des heures à prendre une leçon, elle ne retient rien. Dès le premier cours, madame Ruiz la repérer.

- Dis donc, toi, il va falloir te secouer. Prends modèle sur ta sœur. Elle travaille, elle.
Salomé a baissé la tête. Depuis, a chaque cours, elle encaisse sans broncher l'humour mordant de madame Ruiz.

- Je m'adresse à toute la classe, a-t-elle déclaré un jour. Salomé est-elle aussi bête dans tous les cours ?

Un autre jour:
- Encore une mauvaise note. Tu es une nullité.

Et aussi:
- Chez les jumeaux, il y a toujours un lièvre et une tortue.

Et encore:
- Et un zéro de plus pour Salomé. Ta collection s'agrandit !

Madame Ruiz ne commence jamais une leçon nouvelle tant que tous les élèves n'ont pas compris la précédente. C'est donc à cause de Salomé, de moi et de quelques autres que la classe subit régulièrement cinq ou six fois le même cours. Sous prétexte de nous aider à progresser, nous, et plus faible, elle nous colle des exercices supplémentaires qui nous prennent des heures le soir.

Un jour Salomé s'excusait parce qu'elle n'avait pas pu finir le sien, elle lui a lancé :
- Bête et paresseuse ! Ton cas est désespéré.

J'ai perçu une pointe de méchanceté quand elle a ajouté:
- Enfin, tu en sauras toujours assez pour faire huit ou dix gosses plus tard. Il parait qu'on peut en vivre.

Salomé en est restée abasourdie jusqu'à la fin du cours. Quand la sonnerie a retenti, il lui restait tant de choses a copier qu'elle n'y arrivait plus. Je l'ai aidée a mettre son cahier de textes a jour. Elle a alors tourné vers moi son beau visage de créole. Elle m'a souri, ses lèvres ont tremblé et deux larmes ont glissé silencieusement sur la peau mate de ses joues.

Unique témoin (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant