le début de l'horreur

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              À l'interclasse, ça a recommencé.
C'était toujours les mêmes qui me cherchaient. Ils n'étaient pas très nombreux, mais ils savaient entraîner les autres. Les ricanements se sont transformés en railleries.
          Hé, regardez. C'est '' Vincent la Balance'', ''Vincent-cent-grammes'', Cent grammes de Balance''.
          Puis la racaille - comme disait Salomé - a augmenté la pression. On est passé des vexations aux bousculades, des injures aux petits coups sournois. Dès midi, je ne pouvais plus marcher dans le couloir ou monter un escalier sans que le mot « Balance» qui met ne soit lâché au milieu des rires et les mauvaises plaisanteries.b au moment de la sortie de midi, un petit de 6e qui se trouvait juste à côté de moi à fait mine d'être pris de panique qui a crié:

- Au secours ! Au secours ! La Balance va me dénoncer aux flics !

        Je l'ai saisi par le bras et je l'ai tiré de telle sorte qu'il a décrit un demi-tour et s'est retrouvé face à moi.

   - Répète un peu ce que tu viens de dire.

      Ben quoi, c'est-il rebiffé, c'est bien à cause de toi qu'il a été expédié en prison !
   J'ai voulu me justifier :

- c'est lui qui a massacré le pompier, pas moi. c'est pour ça qu'il…
- Balance ! Balance ! a hurlé le petit.

    Sa voix couvrait la mienne. J'avais vraiment envie de lui envoyer des giffles et je crois que je l'aurais fait si un plus grand ne m'avait brutalement repoussé en arrière en m'insultant:

- Laisse-le tranquille, espèce de pourri !

   D'autres m'ont attaqué par derrière :

- Vendu ! Keuf de merde !

Ils tiraient sur mon sac et m'ont bousculé pour me déséquilibrer.

- Lâchez-moi, j'ai rien fait, j'ai rien fait..., Répétais-je sans cesse

              Le pion qui surveillait la sortie a remarqué l'altercation. Il s'est précipité vers nous. Le grand m'a repoussé en arrière et a couru vers la sortie en m'adressant un doigt d'honneur. Brouhaha, cris, ricanements accompagnaient son geste. Le pion m'a saisi le bras et m'a évité la chute, mais mon sac est tombé sur le sol. On a chooté dans mes affaires.

- Ne cherche pas a les exciter, m'a dit le pion. C'est des furieux.

            Je me suis dégagé, je me suis baissé et j'ai ramassé mes affaires sans lui répondre. Quand j'ai retrouvé mon sac pour saisir les bretelles, j'ai serré les dents : quelqu'un avait eu le temps d'écrire le mot BALANCE au marqueur noir sur le rabat.

Unique témoin (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant