Chapitre 10, partie 2 : Opération stup'

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Je sens que les choses peuvent dégénérer d'un instant à l'autre. Vais-je enfin réussir à passer cette fichue porte s'il le faut ?



- Jake Stop ! Stop ! Dégages ! J'en ai assez entendu !

- Non !

- Ici c'est chez moi. Toi tu dégages...et tout de suite !

Je ressens toutes ses émotions dans sa voix. Les propos de Jake l'ont profondément blessée et elle ne sait comment réagir. Son ton était entre le sanglot, la colère et la peur, je pense qu'elle peur de sa propre réaction et c'est pour cela qu'elle lui demande de partir au lieu de l'affronter.

La porte s'ouvre d'un coup sec et se claque. Jake apparaît sur le palier. Il a un soudain mouvement de recul et de surprise lorsqu'il relève la tête et me voit. Je détourne mon regard de lui ou de la porte, j'ai l'air ni plus ni moins d'un con, il faut dire ce qui est. Malgré tout, j'assimile ce que je viens d'entendre et je le regarde dans les yeux. Il semble vouloir parler mais en prenant le temps de réfléchir. Ce qu'il n'a vraisemblablement pas fait avec Abigail.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je devais te parler mais j'ai l'impression que ce n'est pas le bon moment.

- Qu'est-ce qui te fais dire ?

- Quand quelqu'un claque une porte c'est rarement par plaisir.

- Ça fais longtemps que tu es là ?

- Oh euh, non. J'allais frapper.

- Tu mens ?

- Oui.

- Qu'est-ce que tu as entendu ?

- Euh, je dirais à peu près tout à partir de, euh, c'était comment déjà. Ah oui ! Ouvre les yeux, Abi. Tu ne pouvais pas faire pire pour l'énerver. Et le « tu n'as pas de cœur », c'était l'apogée.

- Oh ! Je ne te permet pas de me juger !

- Je suis désolé, je n'aurais pas du écouter. C'est vos histoires pas les miennes. Alors je vais m'éclipser.

- Non, non. Restes. Journée de merde, j'ai besoin de me changer les idées. Tu voulez me parler de quoi ?

- Non vraiment, laisse tomber ! C'était pour te parler boulot donc...

- Super ! Faut que je bosse ! Je ne peux pas rester seul avec mes pensées aujourd'hui.

- On fait ça vite, je vais travailler dans moins d'une heure.

- Pas de problème ! Aller on y va.

On sort tous les deux pour se rendre au poste dans la berline de Jake. En arrivant, plusieurs policiers s'étonne de sa présence alors qu'il est en congé. Nous croisons le lieutenant Mason qui ne semble toujours pas accepter le fait que je circule en liberté dans ce poste. J'expose toute la situation à Jake : le prétendu dealer, le conflit avec le bar, le patron qui ferait tout pour le protéger et moi qui veut concilier mon statut d'employer avec ceux d'indicateur et de citoyen. Il m'explique bien tous ce qui va se passer. Que lui n'aura qu'un rôle d'informateur puisque c'est une affaire qui relève du renseignement et des stupéfiants si cela se confirme et que lui est à la criminelle. Il me fait faire un portrait robot de l'homme que j'ai vu dans le but de le transmettre au stup'. Il me garantit que pour l'instant, ils vont juste se renseigner et l'observer et qu'il ne feront rien sans mon top départ. Je le remercie et m'excuse de devoir partir comme un voleur seulement, j'ai un travail qui m'attend. Jake insiste pour m'y amener puisque de toute façon il n'est pas censé travailler. Nous reprenons sa voiture et nous dirigeons vers le Queens. Dans la voiture, l'ambiance est assez froide. Jake est concentré dans sa conduite, si ce n'est dans ses pensées. Je le laisse tranquille pendant quelques minutes et décroche enfin.

164 [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant