Chapitre 19

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A force de répétitions les corridors était suffisamment connus de Braalaka pour qu'elle arrive devant la porte de Barbe Blanche sans se perdre en chemin. Le soleil avait presque entièrement décliné à l'horizon, comme englouti par l'océan. Les parois sombres du navire donnaient écho aux voix des fêtards encore sur la place du port. La jeune femme trouva la porte à demi ouverte, sorte d'invitation à entrer. Elle passa le seuil et chercha le capitaine du regard. Les canapés du salon étaient vides, les rayons rougeâtres du crépuscule traversaient la baie vitrée et venaient s'écraser sur les dossiers, faisaient reluire les lattes du parquet tout en glissant le long de l'ameublement pour en souligner les zones d'ombres. Personne dans la pièce. Le chuintement d'une théière à ébullition parvenait d'une des pièces en face. Braalaka voulut interpeler le Yonko mais sa voix s'évanouit dans sa gorge. Elle ne savait pas comment l'appeler. Barbe Blanche ? Bien qu'elle le reliait mentalement à ce pseudonyme, cela lui paraissait encore étrange et le prononcer de vive voix lui donnait des vertiges. Capitaine ? Peut-être, mais elle n'était pas de l'équipage. C'était aussi trop impoli de crier "hé ?" dans la cabine, et la question "il y a quelqu'un ?" paraissait bien trop stupide. Ne sachant ce qu'elle voulait dire ou non, la brune opta pour le silence et décida d'attendre tranquillement que le grand homme revienne. Sa destination ne fut pas l'un des fauteuils mais une bibliothèque juste à sa gauche. L'ensemble des cotes des livres formait une admirable petite façade, elle jeta son attention sur les premiers ouvrages à hauteur de ses yeux et l'envie lui prit d'en retirer un pour le feuilleter, mais elle n'osa toucher aux reliures brunies et satinés par l'âge.

« Installe toi, ne te gênes pas, tonna l'Empereur depuis la pièce d'à côté.

Sa voix fit sursauté Braalaka. L'ouïe de l'homme devait être fine pour qu'il l'ait entendue malgré le sifflement de la théière. Il entra peu de temps après, munit d'une tasse dans une main et d'un verre dans l'autre, poussa la porte derrière lui du bout du talon. Il posa le tout sur la table basse.

- J'ai l'impression de me retrouver ici dès qu'il se passe un truc grave, plaisanta Braalaka en quittant la bibliothèque pour aller s'asseoir.

- C'est plutôt vrai, et ça arrive fréquemment... à croire que tu le fais exprès.

Elle esquissa un sourire et saisit le mug devant elle en jetant un coup d'œil au contenu : il s'agissait du thé vert qu'elle demandait à chaque visite.

- Assez fréquent pour avoir des habitudes de consommation, s'amusa-t-elle. Merci.»

Il lui rendit un sourire en partie dissimulé sous sa moustache. Puis, comme la fraîcheur du soir apporte un voile de rosée sur les feuilles, le silence qui s'installa apporta un voile sérieux sur la pièce. Barbe Blanche dévisagea la jeune femme, les yeux plissés.

« Je pense qu...

- Je devrais aller avec Marco et les autres .

- Tu me coupes l'herbe sous le pied, fit-il avec surprise. J'allais te proposer d'y aller, je pense que c'est important de te présenter à Neptune pour éclaircir ces histoires de théories. 

- Je suis d'accord, sourit-elle. Au fait, depuis ce midi j'essaie de comprendre le pourquoi du comment... Vous avez dit que le haki est présent en chaque être vivant et qu'il peut se manifester selon l'aptitude de l'esprit. Ça me fait penser à mon monde, on a des théories similaires sur l'énergie, le développement personnel et ce genre de choses.

Il hocha la tête de manière approbative.

- Si tout le monde ici possède du haki à part moi qui ai une autre "énergie", c'est à dire celle qu'on a dans mon monde, alors ce qu'il s'est passé tout à l'heure n'est que la réaction de ces deux énergies qui se rencontrent. Qu'en dites-vous ?

Aux Grands Maux Les Grands Remèdes [Barbe Blanche x Oc]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant