05 . appel innatendu

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MORGANE LISAIT une à une les pages qui composait son dossier d'inscription. Plus les mots défilaient, plus elle était excitée d'aller dans cette université californienne. Elle signait quelques feuilles par-ci par-là avant que sa mère fasse le reste.

  Après avoir fait tout ce qu'elle avait pu, elle s'allongea sur le dos et regarda son plafond. Elle repensa au tableau qu'elle avait dressé. Etait-ce une bonne idée quand on y repensait ? Elle se redressa et décida d'aller regarder dehors à travers sa fenêtre pour se changer les idées. La nuit était déjà tombée sur Hawkins et les lampadaires éclairaient la rue où vivaient les Henderson. C'était une rue calme, il n'y avait jamais beaucoup de passages. La maison des Wheeler n'était pas très loin, à cinq petites minutes à vélo.

  Morgane entendit sa mère crier son prénom. Elle descendit d'une traite les escaliers avant d'arriver dans le salon. Sa mère tenait le téléphone dans sa main.

  — C'est Steve Harrington, chuchota-t-elle à sa fille.

  Morgane haussa un sourcil. Pourquoi appelait-il à cette heure si tardive ? Elle attrapa le combiné que sa mère lui tendait avant de l'approcher de son oreille.

  — Allô ? commença-t-elle.

  — Morgane ?

  La blonde ressentit une décharge au creux de son ventre en entendant sa voix. Elle secoua sa tête, qu'est ce qui lui prenait de penser ça de Steve ? Elle ne voulait pas faire parti des Terminales qui avaient été amoureuses de lui. Ce palmarès débile dont il aimait se vanter auprès d'elle.

  — Oui ?

  — Tu pars vraiment ?

  Morgane était étonnée par la question de son interlocuteur. Pourquoi posait-il cette question alors qu'il passait sa vie à l'embêter pour tout et n'importe quoi ? La sœur de Dustin espérait intérieurement qu'elle allait lui manquer, comme il allait lui manquer à elle.

  — Je suis en train de remplir les papiers d'inscriptions.

  Steve n'était pas certain de ce qu'il ressentait à ce moment là. Il devrait être content qu'elle parte mais au fond de lui, leur relation allait lui manquer. Malgré tout, il aimait bien lui lancer des piques et l'embêter. C'était son passe-temps favori.

  — C'est cool.

Un léger blanc s'installa.

— Tu pars quand ? reprit-il.

  — Dans deux semaines. Avant de partir à la fin de l'été.

  Morgane trouvait que Steve était beaucoup trop sérieux par rapport à d'habitude. Il ne faisait aucune blague et il posait beaucoup de questions. Elle trouvait qu'il s'intéressait beaucoup à sa vie.

  — A moi la liberté !

  Il fallait bien que son côté Harrington refasse surface.

  — Tu n'étais pas convaincant.

  — Je me trouvais super convaincant.

  Morgane sourit derrière son combiné. C'était un de ces sourires idiots qu'on n'assumait pas forcément.

  — Tu vas me manquer un peu, Henderson.

  Morgane sentit des papillons s'installer dans son ventre contre son gré. C'était la dernière chose qu'elle voulait avoir : des sentiments pour lui. Mais sa phrase était vraiment la plus mignonne qu'il ne lui ait jamais dite.

  — Je ne savais pas que t'étais sentimental.

  — Je ne suis pas sentimental ! Je dis juste ce que je pense. Mais tu vas me manquer dans le sens où je n'aurais plus personne à embêter.

  Peu importe dans quel sens elle allait lui manquer, la blonde était sur un petit nuage dont elle n'avait aucune envie de descendre.

  — Tu vas me manquer aussi, gros naze.

  — Tu me vexes.

  Elle lâcha un petit rire.

  — Je me trouverai un Steve Harrington californien. Un beau surfeur musclé.

  Steve serra les dents. Il n'aimait pas trop cette idée.

  — Tu ne trouveras personne à ma hauteur, blondie.

  — C'est que tu penses.

  Dommage qu'il ne puisse pas voir le sourire coupable qui avait pris place sur son visage. Il avait raison, elle ne trouverait personne à sa hauteur. Mais elle aimait bien le faire râler.

  — Tu viendras me voir à l'aéroport ?

  — Je sais que je suis gentil mais faut pas exagérer, j'suis pas ton mec.

  Et voilà, Steve dans toute sa splendeur. De son côté, Steve était lui aussi sur son petit nuage, même si elle l'avait traité de « gros naze » et qu'elle voulait se trouver un nouveau Steve Harrington. Comme si un ne lui suffisait pas déjà assez.

  Il mourrait d'envie d'aller la voir à l'aéroport mais il avait une fierté et il ne voulait pas la détériorer à cause d'une fille. Et ce serait encore pire si c'était à cause de Morgane. Il ne savait pas ce qu'il ferait pour son départ mais il voulait qu'elle garde un bon souvenir de lui et qu'elle ne le remplace jamais.

  — Steve... Tu n'as pas besoin d'être mon petit-ami pour venir me voir à l'aéroport.

  — Dustin m'embêterait à longueur de journée si je venais te voir. Je l'entends déjà dire que je suis un romantique et que je suis carrément in love de toi.

  — C'est peut-être le cas, qui sait ?

  Il imita un rire forcé.

  — Bon, j'te laisse, Henderson.

  — Bonne nuit.

  — Je ne suis pas ton mec alors je te souhaite pas bonne nuit.

  — Tu le feras quand tu le seras alors, rétorqua Morgane avant de raccrocher.

  Ces mots étaient sortis tout seul de sa bouche. Elle ne voulait pas voir la tête qu'il ferait à l'entente de cette phrase. Et elle ne voulait pas le revoir. Elle deviendrait rouge et elle ne pourrait plus sortir un seul mot.

  Elle remonta en vitesse dans sa chambre avant d'attraper un livre, rien de tel pour penser à autre chose que ce glacier qu'elle aimait tant. Mais c'était impossible de ce concentrer tant elle avait des papillons dans le ventre en repensant à son appel.

Publié le 16/04/23

𝐍𝐎𝐔𝐒 𝐃𝐄𝐔𝐗 -  𝐒𝐓𝐄𝐕𝐄 𝐇𝐀𝐑𝐑𝐈𝐍𝐆𝐓𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant