Chapitre 6

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Ça fait déjà six mois déjà. Ils ont détruit la bibliothèque, certainement pour être sûrs que personne ne se dressera plus jamais face à eux et face à leurs mensonges. Ils ont probablement tué ces dinosaures avec de nouvelles expériences. Toutes ces nouvelles me rendent maussade et me dépriment. Mais c'est aujourd'hui que François sort de prison. Dave a l'air de le comprendre car il gigote ses deux queues très rapidement et a l'air très joueur. J'ai fini par avoir le droit de sortir de la maison jeudi dernier, mais seulement si papa était avec moi. Aujourd'hui, j'ai reçu l'autorisation de sortir seule, avec Dave, si, et seulement si, je ne rencontre pas François avant au moins un mois. Les bienfaiteurs ont l'air satisfait de ma punition alors, mon "garde" est retourné auprès du Clum. A la place de la visionneuse, j'ai demandé à papa s'il pouvait m'acheter des livres sur la fuséologie, il a accepté mais n'est toujours pas prêt à avoir une discussion sur ce qu'il s'est passé la dernière fois que j'ai vu François. Durant ces six derniers mois, mon envie de découvrir la Terre, votre Terre, s'est peu à peu transformée en obsession. Je veux savoir comment est votre vie mais même avec les connaissances que j'ai obtenues dernièrement, sans François, je ne peux rien faire.

Alors je continue à lire, mon père a l'air ravi du fait que j'ai trouvé une autre passion que de visiter la bibliothèque, mais ne sait rien de ce qu'il y a derrière. Je connais tout ce qui est théorique mais sans la pratique, ça paraît compliqué. Finalement, mon autorisation de sortie ne m'aura servi qu'à aller acheter des livres jusqu'à ce que je puisse voir le vieux bibliothécaire. Je décide alors d'aller voir François. Personne ne devrait m'en empêcher. Dave est tout excité lorsque je lui mets son harnais. Tout doucement, je me dirige vers la demeure du vieillard. Je profite accessoirement de cette liberté fraîchement récupérée.

En arrivant je remarque que c'est une maison en briques rouges. Avec une cheminée de la même couleur et dans le même matériau et une porte un peu vieille, en bois. Je toque à la porte de la maisonnette puis attend approximativement cinq minutes pour que l'ancien bienfaiteur vienne m'ouvrir. Il me regarde d'abord l'air surpris puis sourit et me fait signe d'entrer. Il aperçoit Dave et lui donne une légère caresse sur la tête ce qui ne semble pas lui déplaire au mouvement de ses queues.

- Je suis surpris mais ravi de te voir Johan. Ce séjour en prison ne fait pas de bien à un vieillard comme moi, mais le passé est passé, au moins, ma femme était là pour me tenir compagnie.

- Cela fait plusieurs jours que je voulais venir, mais comme vous le savez, ce n'était pas possible à cause d'eux. Effectivement, le passé est passé mais nos recherches ne sont plus, ils ont détruit la bibliothèque. Et je pense qu'ils ont récupéré vos créatures..., lui dis-je en baissant la tête.

- Il est vrai que notre bibliothèque a été détruite, et mon cœur en souffre, cependant j'ai quelque chose à te montrer, mais nulle autre personne que nous trois ne doit être au courant, même pas ton père, est-ce clair ?

- Oui, d'accord, lui répondis-je d'un air dubitatif.

La maison est plongée dans le noir, j'aperçois à peine les traits des meubles et je sens l'odeur du bois vieilli. Il m'emmène au fond du couloir à la gauche d'un escalier, lui aussi en bois. Nous descendons d'autres escaliers, probablement en béton ou en pierre. Une fois tout en bas il ouvre une porte en bois qui nous mène dans un petit couloir, lui aussi, plongée dans le noir. J'hésite quelque temps avant d'y entrer car, on ne sait jamais, mais je fini par y entrer en suivant Dave. Les murs du couloir sont en béton avec, encore, une porte en bois de l'autre côté, mais cette fois, avec un cadenas sur la poignée. François y entre un code qui ouvre le cadenas puis la porte s'ouvre et derrière encore un autre couloir avec des murs de béton. En face de nous, une nouvelle porte, cette fois-ci en une matière qui s'apparente à du bronze qui a, elle, une barre de métal et un cadenas et derrière cette porte, encore un couloir avec des murs de béton. Durant cette visite, Dave, François et moi ne disons rien. Au fur et à mesure les serrures sont de plus en plus compliquées à ouvrir, avec de plus en plus de cadenas, de barres et de codes. Et les portes changent de matériau, de l'argent, puis de l'or ensuite du marbre et enfin de l'acier trempé. Nous arrivons alors dans une pièce qui ressemble à l'ancienne bibliothèque, moins bien rangée et avec une vitre en verre qui ressemble fortement à celle qu'il y avait dans le couloir en direction des archives. François remarque mon air interrogatif et me dit.

- Ils sont là, en effet.

- Mais comment ?

- J'avais prévu que ces baratineurs viennent un jour ou l'autre alors, j'ai construit, il y a longtemps, un passage par lequel ils pourraient passer pour s'enfuir et venir jusqu'ici une fois sûrs.

- Mais comment ne l'ont-ils pas découvert ?

- C'est le plus grand des mystères, me dit-il avec un clin d'œil.

- Et la bibliothèque, comment ?

- Comme je te l'ai dit, j'avais prévu tout ça. Alors j'ai tout copié, en effet, cependant tout n'est pas rangé, comme tu l'as vu.

Je ne comprenais qu'à moitié mais je ressentais un énorme soulagement.

- Bien, alors nous pouvons reprendre nos recherches alors ? lui dis-je avec engouement.

- Bien entendu, me répond-il enthousiaste.

Alors nous reprenons nos recherches, comme avant, et avec les connaissances que j'ai eu sur la fuséologie j'étale tout mon plan auprès du vieux bibliothécaire qui a l'air un peu perplexe mais m'encourage tout de même. Dave vient à mes pieds et commence à dormir. Nous sommes ravis de nous retrouver tous les trois, comme avant et tout d'un coup.

- Ah ! crie François.

- Que se passe-t-il ?

Il regarde à ma droite et ses yeux commencent à larmoyer.

- Je ne pensais pas que tu étais morte, toi aussi...

Je ne comprends rien au début mais au final tout paraît clair, une personne fantomatique est à côté de moi.

- Je voulais venir te voir mais tu avais si honte de moi... continue-t-il en laissant ses larmes couler.

Je me surprends à lui demander.

- Puis-je vous demander qui est là ?

- C'est... ma fille.

- Oh, je vois.

Je ne sais pas comment réagir, comme à chaque fois. Il a l'air d'écouter très attentivement sa fille. Et il crie, encore.

- Quoi ! Tu es en train de me dire que...

Il me prend dans ses bras avant que je ne puisse réagir et il me dit.

- Je sais que tu ne l'entends pas mais, je suis... je suis ton grand-père.

Je ne comprends rien et il décide de me montrer une photo. C'est une image de lui et de quelqu'un ressemblant à ma mère mais en plus jeune et là, je comprends tout. C'est ma mère à côté de moi et elle vient d'annoncer à François qu'il est mon grand-père. Elle m'avait dit qu'il était décédé avant ma naissance mais visiblement c'était faux.

- Elle avait si honte de moi qu'elle ne voulait pas que je te rencontre lorsque j'étais bienfaiteur. Je suis si heureux.

Il décide alors de me raconter l'enfance de ma mère avec d'autres détails donnés par ma mère et ma grand-mère, toutes deux fantomatiques évidemment. C'est une réunion de famille très étrange mais qui me fait beaucoup de bien. Finalement, les deux spectres décident de partir et moi également car il commence à se faire tard. Dave et moi rentrons à la maison de façon enjouée. En arrivant, j'hésite à tout raconter à papa mais décide de le faire plus tard, de toute manière je pense que maman lui dira. Alors je me calme, dine puis je monte me coucher.

- Bonne nuit papa !

- Bonne nuit, à demain !

Dave et moi nous faufilons dans mon lit. Je m'endors alors avec plein d'idées à soumettre à mon grand-père demain même si je ne pense pas être capable de l'appeler de cette façon pour l'instant.

Et si c'était possible ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant