Chapitre 8

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Grand-père a appelé pendant toute la nuit. Je le rappelle ce matin. Il voulait prendre de mes nouvelles et savoir si tout s'était bien passé sur le chemin du retour avec Georges. Je ne veux plus me souvenir de ce qu'il s'est passé, alors je dis juste oui mais je sais qu'il se doute de quelque chose. Il me dit qu'il viendra à la maison cette fois pour me montrer des choses intéressantes, je ne sais pas vraiment de quoi il parle mais on verra quand il sera là. Je demande à papa si ça le dérange, il me regarde de haut en bas, l'air inquiet, il sait qu'il s'est passé quelque chose, il s'en doute mais il attend que je lui en parle de moi-même, ça m'apaise de savoir qu'il ne me forcera pas pour que je lui raconte.

- Pourquoi vient-il ?

- Il veut me montrer des choses qu'il a découvertes quand il était seul.

- Bien d'accord, ça ne me pose pas de problème mais vous restez dans le salon.

- D'accord, merci.

Je vois Dave descendre les escaliers, encore à moitié endormi. Il vient me réclamer des câlins et nous allons nous asseoir sur le canapé. Je regarde la visionneuse et m'arrête sur la chaîne des informations car quelque chose m'interpelle. C'est Georges, il passe à la visionneuse. Il raconte qu'un de ses anciens collègues est un fou dangereux et qu'il a transmis sa folie à sa descendance. Il ajoute qu'il s'est fait attaquer par un animal dressé pour tuer pendant qu'il marchait seul dans la rue et qu'il est persuadé que c'est son ancien collègue qui l'a envoyé. Et je vois, s'afficher à l'écran, une photographie de François. Il ajoute qu'il est recherché pour haute trahison et que quiconque aurait des informations sera grandement récompensé. J'ai l'impression d'halluciner. Soudain, on toque à la porte et ça me fait sursauter. Papa ouvre la porte et fait entrer François. Il se rend dans le salon. Je le regarde, le fixe presque et avant que j'ouvre la bouche il me dit.

- J'ai quelque chose pour toi, j'en ai parlé avec ton père, il a eu du mal à accepter mais le résultat est là.

Je le regarde puis la visionneuse puis lui à nouveau. Et il remarque sa photographie sur la visionneuse et il semble comprendre.

- Il fallait s'y attendre, je ne vais pas dans leur sens et je refuse de leur dire où sont cachés les dinosaures. Maintenant viens avec moi, fais tes affaires et dépêche-toi.

J'hésite. Papa me regarde les yeux humides et je ne comprends pas ce qu'il se passe.

- Amuse toi bien et appelle-moi quand tu arrives, me dit-il avec un sanglot coincé dans la gorge.

J'imagine donc que je vais quelque part avec François, pendant un moment, comme des vacances j'imagine. Je monte faire mes affaires et Dave me suit avec son harnais dans la bouche. Je prends ma valise, je prends des t-shirts, des vestes, des pantalons et aussi des shorts, on ne sait jamais s'il fait chaud. Je prends ma trousse de toilette, dentifrice, brosse à dents, savons pour la douche, brosse et peigne, déodorant. Quelques babioles qui me feront penser à la maison et à ma famille et voilà, ma valise est prête. En route. Je rejoins mon grand-père dans l'entrée et nous partons. Je ne sais pas où il m'emmène mais j'entends des chuchotements autour de nous. Ça ne m'étonne pas vraiment, ce qui me semble bizarre c'est que le vieux bibliothécaire se balade tranquillement, sans soucis. Nous arrivons auprès d'un terrain vague et je vois, au milieu, une gigantesque fusée. Je la regarde, des étoiles dans les yeux, puis je regarde François.

- J'en ai commencé la construction il y a quelques années car, comme toi, je voulais visiter la Terre, mais, au fur et à mesure, cela ne m'intéressait plus et l'âge a pris le dessus. Et lorsque tu m'a parlé de ton désir d'y aller aussi, cela m'a remotivé et je l'ai terminé. Les tests ont été faits et elle est opérationnelle. J'ai même ajouté un petit panier pour Monsieur, dit-il en faisant un clin d'œil à Dave qui lui répond par un petit grognement reconnaissant.

- Wow, je ne sais vraiment pas quoi dire, c'est incroyable, merci.

Il me donne des clés.

- Elle est tout à toi, nous partirons quand tu le voudras. Mes affaires sont déjà à l'intérieur.

J'arrive au niveau de la fusée, ouvre la capsule et rentre dans la fusée et Dave me suit. Il pose son harnais dans son panier et ressort puis, je pose mes affaires à côté de celles de François. Je réfléchis et pense que pour le remercier je pourrais commencer à l'appeler grand-père j'allume la fusée, les commandes ont été simplifiées et, mettre la fusée en marche ne provoque pas forcément un décollage imminent, génial, je regarde partout à l'intérieur quand soudain j'entends un coup de feu. Je sors de la fusée en vitesse quand je vois mon grand-père au sol et une silhouette familière le surplombant.

- Grand-père ! Non !

Georges rit à gorge déployée.

- Pensais-tu vraiment que vous pourriez vous enfuir ? Misérables !

Dave arrive derrière lui et George se fait mordre au sang. Il hurle. Cela me laisse un peu de temps pour aller voir François, je remarque que la balle a traversé son corps de part en part, touchant le foie et peut-être un rein. J'ai les mains pleines de sang mais cela m'importe peu, mon grand-père vit ses derniers instants.

- Fuis Johan, ne le laisse pas t'attraper, c'est un fou furieux, ne t'inquiète pas pour moi, je rejoins ta mère et ta grand-mère, n'oublie pas, quand tu reviendras tu pourras nous voir toi aussi, me dit-il dans un dernier souffle.

Je refuse de partir mais Dave tire ma manche. Nous nous dirigeons alors vers la fusée. Georges nous suit, difficilement mais il a de grandes jambes alors il avance vite. Je rentre dans le cockpit et ferme la porte en m'attendant à ce que Dave me suive mais la porte se ferme trop vite et je ne peux plus la rouvrir avant d'avoir décollé. Je vois Georges qui arrive vers Dave le pistolet à la main alors je lui hurle de partir, ce qu'il fait mais je vois qu'il part à reculons. Georges le regarde partir, crie un juron et ne voit pas que la fusée commence à décoller. Il est si prêt des réacteurs et dans la difficulté à se mouvoir qu'il reste dessous et brûle.

"Ça c'est pour mon grand-père"

Et je pars en direction de l'espace et surtout de la Terre en regardant Dave à l'abri qui part en direction de la maison. 

Et si c'était possible ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant