Cela fait maintenant une heure que je suis partie. De ce que je vois écrit sur le tableau de bord, j'arriverai dans trois jours. Mon grand-père a mis une horloge à l'heure de ma planète dans le vaisseau car, évidemment, on ne sait pas s'il fait jour ou nuit puisque dans l'espace il ne fait ni nuit ni jour. J'ai souvent le réflexe d'appeler Dave pour lui montrer une météorite qui passe, ou pour lui montrer une autre planète ou nos satellites, la Shad'o, la Yuna, le Yanga et la Kora, puis je me souviens qu'il est resté à la maison. D'un côté c'est bien car il est hors de danger mais de l'autre, la capsule est vide sans lui. J'ai aussi refait cent ou deux cent fois la scène entre Georges et mon grand-père. François gisant sur le sol et Georges, brûlé par les réacteurs. Et pour les deux centièmes fois je me dis que, oui, bien fait pour lui et aussi "est ce qu'ils sont avec moi, là, maintenant ?" Parce qu'en toute logique, l'autre n'aurait pas pu monter, même sous forme fantomatique mais, peut-être que François, oui ? Dans ces moments-là, je déteste avoir ce ... Ce quoi d'ailleurs ? Ce don ? Cette malédiction ? Cette mutation ? Bon, je n'en sais rien mais ce que je sais c'est que là, tout de suite, ça me pourrit la vie. En une heure, j'ai eu le temps de faire trois fois le tour de la capsule. La porte de sortie est sur le côté droit, dans le fond, il y a la bagagerie, où on trouve mes affaires mais aussi celles de François. Je ne regarde pas trop le fond, ça me brise le cœur. A droite de la bagagerie, donc à côté de la porte de sortie, un mini réfrigérateur plein de nourriture et de boissons, surtout des pâtes de tout genre et des sauces, ou des légumes pour les accompagner, et de l'eau. A gauche de la bagagerie, une porte mène sur une toute petite salle de bain avec une douche plutôt étroite sur la gauche en entrant, un lavabo minuscule mais avec un petit miroir au-dessus en face de la porte et des toilettes, dont je ne pensais pas que la taille pouvait changer mais il semble que je me trompais, derrière la porte donc sur la droite, avec au-dessus une trousse de soins d'urgence. En retournant au niveau du cockpit, il y a deux sièges gris anthracite, très confortables qui peuvent être allongés, côte à côte et entre les deux, un panier ovale, bleu, duveteux avec de la fourrure sur tout le tour et le harnais de Dave, posé dedans. Devant les sièges, un panneau de contrôle simplifié, en haut une horloge, au milieu une sorte de GPS qui me montre que ce vaisseau ne peut que faire le trajet Térranéo jusqu'à la Terre et inversement et, j'avoue que c'est assez rassurant. Il y a aussi des voyants pour me montrer ce qu'il reste d'oxygène et de carburant. Je peux aussi mettre de la musique ou un film sur une petite visionneuse de poche implantée dans la capsule, ce qui est vraiment chouette. J'ai aussi accès à un volant, probablement pour dévier les rochers lorsque j'entrerai dans les deux ceintures d'astéroïdes prévues sur mon chemin. Des vitres translucides sont sur tous les murs de l'habitacle, ce qui me donne vue sur l'espace infini. François avait vraiment tout prévu. Le temps passe, doucement mais sûrement, je dors beaucoup. Après toutes ces émotions, j'en ai bien besoin. J'ai regardé deux ou trois films mais, ce sont sûrement les goûts de mon grand-père. Les pâtes sont bonnes, je pense que les sauces sont faites maison et les légumes ont sûrement été cueillis par François. Je mange peu, mais je mange. Je regarde plus souvent le GPS ou l'espace, c'est magnifique. J'ai aussi pris une douche, ce n'est pas très pratique mais je peux me laver, c'est le principal. Au bout des seize premières heures je remarque un bouton rouge sur le tableau de bord à côté de celui sur lequel appuyer pour décoller et atterrir, auquel je n'avais pas prêté attention. C'est vraiment le même genre de bouton que dans les films, ceux où on voit écrit "Attention" ou "Danger". Évidemment, comme tout le monde j'ai envie d'y toucher, je cherche si François n'a pas laissé une notice de secours. Je fouille partout, mais vraiment partout. Miracle ! J'en trouve une sous mon siège. Il est indiqué qu'une fois que j'ai passé la première ceinture d'astéroïdes, je peux appuyer dessus et la fusée partira à Mach 20. Incroyable, ça doit être impressionnant, j'ai hâte d'y être. J'arrive au niveau de la première ceinture d'astéroïdes, ça fait assez peur, j'ai la théorie mais la pratique est loin d'être au niveau. J'essaie de faire comme avec mon Segway et je ne m'en sors pas trop mal, malheureusement, je crie victoire trop vite et je me prends le dernier qui était sur ma route. La capsule tourne et tangue mais reprend sa position initiale et son trajet. Plus de peur que de mal. Il est temps maintenant. J'enfonce le gros bouton rouge de toutes mes forces après avoir attaché ma ceinture et nous partons à pleine puissance. Ça va si vite, je vois à peine les étoiles qui m'entourent, je vois sur le GPS que je passe de Solini à la Voie Lactée en un claquement de doigts, je me demande furtivement comment je vais réussir à passer la ceinture de Kuiper, mais trois ou quatre heures après, de légers coups contre la capsule me font comprendre qu'elle va si vite et est si solide que les rochers ne lui font rien ou quasiment aucun dégât. Nous reprenons doucement notre vitesse initiale entre les planètes qui je pense sont Uranus et Saturne. Au fur et à mesure, je crois apercevoir la dernière ceinture d'astéroïdes que je dois rencontrer sur mon chemin. Je vois Jupiter, elle est vraiment gigantesque puis quelque temps après, je pénètre dans la ceinture, je fais comme avec la première, méticuleusement et je finis de l'autre côté et j'aperçois, une planète rouge que je pense être Mars. Je sens la fusée tourner légèrement. Je vois sur le GPS que j'arrive dans peu de temps. Je me rends compte que les trois jours étaient prévus si le bouton rouge n'était pas actionné. En un peu plus de vingt-quatre heures, je suis déjà aussi proche du but. Et là, je la vois, c'est elle, ma destination. La Terre.
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Et si c'était possible ?
Ficção CientíficaSur une nouvelle planète où la race humaine a due s'enfuir, et où les gens peuvent tous voir les morts, Johan est l'exception à la règle. La rencontre avec François va faire basculer sa vie. Est-ce possible pour Johan de devenir comme les autres ?