(1378 mots)
Eren,
Mikasa était assise au bureau de Livaï. Elle avait saisi une feuille de papier et de l'encre et, sans trop savoir pourquoi elle le faisait, avait entreprit d'écrire une lettre à son frère. Elle n'aurait nulle part où l'envoyer, certes, mais quelque chose en elle lui disait qu'elle avait tout de même besoin de l'écrire.
Cependant, cela faisait bien vingt minutes qu'elle fixait le nom qu'elle avait écrit délicatement sans être capable de s'en détacher, un peu comme si ces quelques gouttes d'encre la mettait mal à l'aise ou l'hypnotisait.Elle finit par inspirer un grand coup pour évacuer son trac et commença à coucher ses pensées :
si tu savais comme tu me manques ! Je ne sais pas où tu es ni comment tu vas et ça m'angoisse tu n'as pas idée. D'ailleurs, je me demande quelle idée tu avais en partant comme ça. Pourquoi ne pas en avoir parlé à Armin ou à moi ? Pourquoi ne pas avoir sollicité notre aide ? On aurait pu venir avec toi. J'aurai pu être là, j'aurai pu te protéger...
Tu y as pensé ? A ce que ça me ferait ?
Elle marqua une pause, sa gorge s'était nouée en écrivant ces derniers mots et ses yeux la piquaient. Mais elle se refusait de pleurer à nouveau, alors elle serra les poings, secoua la tête pour chasser sa tristesse et se remit à la tâche.
Quand tu es parti, j'ai cru mourir. Tu y as pensé ? J'étais perdue, dévastée. Tu étais mon point de repère, mon objectif... Tu étais tout pour moi. Et tu as disparu, pire ! Tu as choisi de disparaitre, sans prévenir. Je ne peux pas admettre que tu as fait ça en pleine conscience des choses. Parce que sans doute tu n'aurais pas pu te montrer aussi cruel envers moi. Si tu avais réfléchi un peu - et c'est bien souvent l'étape qu'il te manque - tu aurais su que ton départ allait me détruire, et sûrement tu aurais fait autrement. N'est-ce pas ? Tu n'as pas choisi délibérément de m'abandonner ?
Mikasa dû faire une pause à nouveau car sa vision se brouillait et sa tête était perdue : devait-elle être triste ou en colère ? Elle passa sa main dans ses cheveux de jais en relisant ce qu'elle venait d'écrire. C'était absolument chaotique, ses idées se mêlaient et elle trouvait que tout cela n'avait pas grand sens. Elle n'était clairement pas satisfaite par l'exercice, mais choisi de continuer quand même pour voir où ça la mènerai.
Je faisais des cauchemars terribles, j'étais terrorisée à l'idée de m'endormir. A chaque fois que je fermais les yeux, j'étais torturée par ton image. Je savais que tu étais important pour moi, mais pas à ce point indispensable à ma santé mentale. Je suis devenue si faible, si lamentable ! Je n'arrivais plus à manger, à parler, à faire semblant... Tout en ces lieux me jetait ton absence en pleine figure. Je suis devenu un fantôme pathétique. J'avais honte de moi-même, d'être comme ça, mais je n'arrivais pas à m'en sortir seule.
Elle posa son dos contre le dossier de la chaise et prit quelques grandes inspirations. Elle avait besoin de faire le point avec elle-même un instant, se recentrer sur ce que pouvais être le but de son monologue encré.
Heureusement, on m'a aidé. Sinon je n'aurai probablement pas pu supporter ton absence très longtemps. Je ne sais toujours pas ce qu'il s'est passé, comment ça s'est installé comme ça mais... Aussi surprenant que ça puisse paraître je peux affirmer aujourd'hui que le Caporal-chef Livaï m'a sauvée. Je pense qu'il a eu pitié de moi ce soir-là, quand il m'a retrouvée dormant comme un chien errant, à moitié gelée, dans la salle d'entraînement. Par la suite, est-ce que m'a peine a fait écho à la sienne ? Est-ce qu'il avait lui aussi besoin de surmonter sa solitude ? Est-ce qu'il a vu quelque chose en moi que je n'étais plus capable de voir ? Qui sais ? Je ne suis même pas sûre que lui-même sache ce qu'il s'est passé. Toujours est-il qu'il m'a tendu la main.
Comment te le décrire ? On sait bien qu'il a toujours fait en sorte que le Bataillon soit dans de bonnes dispositions physiques et morales afin d'être performants au combat. Mais là, ça a été différent. Il est allé bien au-delà de ce qu'il avait déjà fait pour nous. Et de bien des façons, au-delà de ce qu'il est autorisé à faire pour nous...
Mikasa tourna la tête et observa le lit vide. Elle eut l'impression de sentir une caresse le long de son bras, ce qui lui fit esquisser un sourire.
Si ça a commencé par de la pitié, il est clair que nous avons dépassé ce stade il y a quelques temps déjà. Malheureusement, comme nous sommes tous les deux des têtes de mules et que s'étaler sur ce que l'on ressent n'est pas vraiment dans notre mode de fonctionnement, c'est pas toujours facile pour nous ! Mais si tu voyais les efforts qu'il fait... Je crois qu'il tient à moi, sincèrement. Parce que, même quand ça lui fait mal de parler, il essaie. Il est maladroit, et confus, et franchement niais par moments aussi ! Mais il essaie vraiment. Et je vais pas mentir, c'est plutôt drôle de le voir se démener pour s'expliquer.
La soldate se leva afin de préparer un peu de thé. C'était devenu un rituel : eau chaude, feuilles de thé noir, sans oublié un soupçon de jasmin. Elle se rassit et garda un moment les mains enveloppées autour de la tasse fumante. Le parfum s'en dégageant était source de réconfort pour la jeune femme.
Depuis que nous sommes rentrés dans l'armée, j'ai toujours essayé de faire abstraction du regard des autres. Je suis plus forte, plus agile, plus rapide... et j'ai conscience que la majorité de nos camarades sont jaloux ou effrayés par mes capacités. Je ne leur en veut pas, je pense que je comprend, mais ça reste un peu gênant et parfois agaçant. Mais quand Livaï me regarde, je vois autre chose dans son regard argenté. Fierté ? Admiration ? En tout cas, il ne me voit pas comme une fille bizarre qui pourrait lui démolir le portrait.
Avec tout le temps que nous avons passé tous les deux, on a appris à se connaitre. C'est assez étonnant comme il arrive à me parler de certains sujets sans aucune gêne - comme son enfance dans les bas-fonds - mais que d'autres sembles tabou. L'amour... J'ai longtemps cru que j'étais incapable d'aimer qui que ce soit d'autre que toi. Après la mort de mes parents puis des tiens, je pensais mon cœur trop meurtri pour s'ouvrir à nouveau. Si aucune lame ne la traversé ce jour-là, il a pourtant bien arrêter de battre dans cette maison.
D'ailleurs, c'est pourquoi je n'ai jamais trop accorder d'attention à ceux qui pensent que je suis amoureuse de toi. Comment le pourrais-je avec un cœur dans cet état ? Ô je t'aime, c'est une évidence, mais comme on aime un frère. Mon grand frère Eren. Jamais je n'ai eu à ton égard le genre de sentiment que je ressens quand je suis avec Livaï. Quand je suis avec lui, quand on est seuls dans ses appartements ou perchés en haut d'une branche : le Bataillon, la guerre, les titans... tout ça disparaît. Il n'y a plus que lui et moi, nous cœurs qui battent à l'unisson et nos regards qui se noient l'un dans l'autre. Même le déchirement de ton absence arrive à s'estomper grâce à lui. Le temps n'a plus d'emprise sur nous, la terre et le ciel ne font plus qu'un autour de nous et on s'abandonne. On s'est trouvés l'un l'autre.Mikasa dû s'arrêter : penser ainsi lui réchauffait le corps mais lui rappelait également que Livaï l'avait quitté à son tour. Encore une fois, celui qui comptait pour elle était partit sans qu'elle ne sache quand ni même si elle le reverrait, sans savoir ce qu'il faisait ni où il se trouvait, et surtout sans pouvoir faire quoi que ce soit contre ça.
Elle se rendit alors compte qu'il était très tard et que son corps était endolori. Elle se glissa jusqu'au lit et s'endormit en serrant l'oreiller de son Caporal tout contre elle.
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Dans la fraîcheur de la nuit [Fanfic RivaMika]
Fiksi PenggemarEren est parti, laissant Mikasa seule avec son désespoir. Qui aurait pu imaginer que ce serait cet homme si abjecte qui lui redonnerait foi en la vie ?