PDV d'Alba
Cela devait faire plusieurs minutes que le malade mental avait quitté la pièce. Ou alors quelques heures. Je n'en sais rien, je venais de me réveiller en sursaut après m'être assoupie en pleurs sur ce matelas, ce qui signifie que je n'avais plus aucune notion du temps. Je me sentais sale, fatiguée et seule. Assise à même le sol, les jambes repliées contre ma poitrine et les yeux rougies, la seule indication qui m'était donnée était le ciel obscure que je pouvais voir à travers la minuscule fenêtre de la pièce placée tout en haut du mur. Cependant, même cette indication m'inquiéta puisqu'elle me rappelait que mes parents étaient, sans aucun doute, rentrés chez moi et qu'il avaient dû s'apercevoir de mon absence.
Je n'étais pas du genre à m'absenter sans prévenir ou alors, si c'était le cas, j'envoyais un message dès que je le pouvais pour les rassurer. Malheureusement, à cet instant précis, je n'avais aucun moyen de le faire, étant donné que mon téléphone avait été écrabouillé sous les énormes pieds de Rocky.
Je me retrouvais désormais seule et terrorisée dans cette fichue pièce qui me donnait la chair de poule. J'avais pensé à des dizaines de façons de m'échapper de cet endroit mais aucune n'était réalisable. La fenêtre était trop petite pour faire passer mon corps tandis que la porte était fermée à clé et surveillée par des hommes armés. Je ne voulais pas non plus que la colère de Leonardo à mon égard augmente au risque d'y perdre ma vie. Ses gens n'avaient aucune pitié et ce que je venais de vivre aujourd'hui en était la preuve.
Comment pouvait-on tuer quelqu'un de sang froid, sans une once d'hésitation?
L'image du corps de Simón, allongé par terre, le regard vide, envahit mon esprit et mon estomac se retourna. J'avais causé sa mort et par ma faute, il ne pourra plus profiter de ce que la vie avait à lui offrir. En croisant mon chemin, le sien s'est arrêté. Mes yeux s'humidifièrent en faisant ce constat alors je décidais de me lever pour éviter d'y penser plus longtemps.
Qu'est-ce que je faisais ici, joder! J'avais une vie, il n'avait pas le droit de m'arracher à celle-ci et de me garder prisonnière de cette façon. Je retins un sanglot quand je compris que rien de tout ça ne se serait passé si j'étais sortie le soir de l'anniversaire de la meilleure de Mencia. Je n'aurai pas croisé ce fichu Ivan et je n'aurai pas entendu une putain de conversation téléphonique de mierda!
Pour apaiser mon envie de pleurer, je regardais par la fenêtre et vis quelques hommes positionnés dans un jardin.
Non.
Il n'a pas osé.
Je reconnais ce jardin, je l'avais observé toute une soirée. Les fleurs, les palmiers, je reconnais très bien l'endroit.
J'étais chez Leonardo Mendoza mais cette fois, au vu de la situation dans laquelle j'étais, je n'étais plus considérée comme une invitée. J'avais clairement descendu d'un étage, au sens propre comme au figuré, en passant de son jardin à son sous-sol. Un frisson me parcourut quand je réalisai qu'il pouvait apparaitre dans cette pièce à tout moment. Toutefois, ce constat ne m'empêcha pas de continuer mon observation.
J'observais alors les hommes présents. Ces derniers étaient, pour la plupart, tatoués, ce qui accentuait le côté dangereux qui les caractérisait. J'aurai dû me douter dans quoi baignait le "futur mari" de ma sœur. J'aurai dû le savoir dès le début. Son air supérieur à chaque fois qu'elle parlait de lui, l'homme dangereux et armé qui était venu à la place de son fiancé à l'anniversaire d'Isabela, la vitesse à laquelle elle était partie après avoir reçu son message. Tous ces petits signes auraient dû m'alarmer mais non, Alba Miranda Castillo était bien trop bête pour se rendre à l'évidence.
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MENDOZA
Roman d'amourComment d'un malentendu, se forme un cauchemar sans fin? Et si ce n'était tout simplement pas un malentendu? Si tout avait finalement un sens? Plongée au cœur d'un cartel mexicain, Alba Castillo voit sa paisible vie prendre un tout autre tournant lo...