Partie 16 - La chasse.

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« Aurél, on est allé fouiller la maison et... »

Le plateau repas lui tomba des mains quand il entra dans la chambre du plus jeune en voyant que son lit était vide. Les draps étaient dans tous les sens, comme s'il s'était débattu, et la chaise près de son lit était retournée par terre. Il était parti à peine deux heures, le laissant à la charge de Matthieu et Ablaye pendant que Claude et lui allaient chercher des indices chez Arthur. Il essaya de ne pas paniquer et de reprendre son sang froid mais n'y arriva pas et se précipita vers la table basse en y voyant quelque chose de posé par-dessus. Un mot. Et il faillit tourner de l'œil en lisant ce dernier.

Salut, Guillaume. Je vous ai bien observé ces derniers temps et si tu es aussi intelligent qu'on le dit, viens me chercher. En attendant, il reste avec moi. Je croyais que tu t'ennuyais ?

« Guillaume !! »

Il se tourna en entendant Claude l'appeler et il le vit lui jeter un regard paniqué avant que celui-ci ne rentre dans la petite chambre d'hôpital. Il vit Matthieu et Ablaye rentrer à sa suite en courant, paraissant tout aussi paniqué, et c'est quand Claude s'agenouilla près de lui qu'il se rendit compte qu'il s'était laissé glisser au sol en lisant le mot.

« Aurél a disparu, ils me l'ont dit quand je suis allé les retrouver, lui expliqua rapidement Claude. Ils s'en sont aperçus en revenant de visiter Arthur, ils étaient en train de prévenir le personnel quand je les ai rejoint.

— J'avais promis de le protéger... Je lui ai fait cette promesse il y a même pas deux heures, Claude, dit-il d'un air désespéré en plongeant son regard dans celui de l'autre garçon avant de se tourner vers Matthieu et Ablaye. Pourquoi... Pourquoi vous avez laissé ça arriver...? Vous étiez deux, merde, vous auriez dû vous séparer en nous attendant...!

— Il dormait, Guillaume... On ne pensait pas qu'il lui arriverait quelque chose ici, Guillaume... Pas à l'hôpital...

— Et bien vous auriez dû y penser ! Il est en danger maintenant ! À cause de nous !

— Guillaume, calme-toi, entendit-il alors une autre voix s'adresser à lui et en se tournant vers cette dernière il aperçut Arthur, le bras dans le plâtre. C'est nous les policiers. Alors c'est à nous de retrouver Aurél. Et on va le retrouver. Et ça, c'est une promesse que moi je te fais, ok ? »

Il hocha la tête doucement, impressionné de voir Arthur déjà debout après ce qu'il lui était arrivé le matin-même. Il y avait de la détermination dans son regard, et ça le mit en confiance. Oui, à eux tous, ils allaient le retrouver. Après tout, il était le meilleur dans ce domaine, non ?

***

Il poussa un profond soupir de frustration en rejoignant les autres trois heures plus tard. Ils s'étaient séparés en trois groupes, lui partant seul, pour chercher le village en entier et de toute évidence, chacun était revenu bredouille. Le soleil commençait à présent à se coucher derrière l'horizon et il voyait bien que les amis du plus jeune n'arrivaient presque plus à cacher leur inquiétude maintenant. Ils ne pouvaient pas le laisser une nuit entière avec ce fou. Mais où est-ce qu'ils pouvaient bien chercher d'autre ? Est-ce qu'il se trouvait encore dans le village au moins ? C'est alors qu'il revit dans son esprit les indices qu'ils avaient trouvés avec Claude chez Arthur, peint à même les murs à côté de drôles de symboles, sûrement pour le côté esthétique de la chose. Sa marque de fabrique, sa patte, comme avait dit Aurélien à Claude en se réveillant à l'hôpital, complètement terrifié.

Tout doit reprendre. Le début. Je recommence. J'aurais jamais dû le laisser en vie.

Voilà ce qu'ils avaient pu lire peint sur les murs de la maison d'Arthur en y revenant quelques heures plus tôt et il se tourna alors vers Claude, ayant soudain un déclic. Il n'avait pas imaginé une seule seconde en parler à Aurélien, mais peut-être que la réponse était là en réalité. Juste sous leur nez.

« Où est-ce qu'il vivait ?

— Quoi ? entendit-t-il Matthieu dire en se tournant vers lui, les sourcils froncés, et il se répéta.

— Aurél. Quand il était petit. Où est-ce qu'il vivait ? L'un de vous doit bien le savoir, non ?

— Je... J'en ai aucune idée, balbutia Claude en fronçant les sourcils à son tour et il vit qu'il commençait à comprendre où c'est qu'il voulait en venir avec cette question. Tu crois que...?

— Sur les murs de ta maison, Arthur, expliqua-t-il précipitamment en se tournant vers ce dernier. Il a écrit qu'il n'aurait jamais dû le laisser en vie dès le départ et qu'il fallait qu'il reprenne au début. Je pense que ça veut dire qu'il va le ramener là-bas, dans cette maison où tout a commencé.

— Je... Je vois... Bien sûr, réfléchit Arthur et il vit la réalisation se faire de même sur le visage d'Ablaye aux côtés de ce dernier. Aurél m'en avait déjà parlé... Il m'avait dit... que ce serait peut-être mieux qu'il retourne là-bas, seul, pour s'éloigner du village. Après le massacre chez nos voisins... Pour l'empêcher de recommencer quelque chose d'aussi atroce. Encore... et encore. Je lui avais dit d'abandonner cette idée, que c'était ridicule et que de toute façon la maison devait être détruite à présent. Qu'il ne savait même pas où elle se trouvait, qu'il s'en rappelait plus, mais... il était comme obsédé par cette idée. Je l'ai retrouvé plusieurs fois en train d'aller vers la forêt avant de l'arrêter à temps et à ma connaissance il n'a jamais réussi à la trouver... mais... comment savoir. Et puis l'idée a complètement quitté son cerveau quand je lui ai proposé de devenir flic comme nous. »

Il hocha la tête en entendant le récit d'Arthur avant de se tourner vers les autres qui écoutaient attentivement eux aussi ce qu'il disait.

« La forêt. On se sépare comme tout à l'heure, et on le cherche. On la cherche. Cette maison doit bien être quelque part et trouvable. Si ce psychopathe veut l'y ramener. Vous gardez vos talkie-walkie avec vous, on garde le contact. Le premier qui le trouve contacte les autres. »

Chacun des garçons acquiesça et il tourna les talons précipitamment, en direction de la forêt, les autres lui emboîtant aussitôt le pas. Aurél, on vient te chercher. Et on te trouvera. Promis.

Fiction OrelxGringe - Flic. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant