Fiction OrelxGringe - Flic.

Partie 4 - La discussion.

« Guillaume ! »

Il s'arrêta dans son élan en entendant Matthieu l'appeler derrière lui et il resta silencieux, attendant que celui-ci arrive à sa hauteur pour lui dire ce qu'il lui voulait.

« Eh, je voulais savoir... comment s'était passé ta première journée ? lui dit celui-ci en lui offrant un sourire bienveillant et il se força littéralement à ne pas lever les yeux au ciel.

— Ça va. Comme une première journée quoi. Juste... terriblement ennuyeuse vu qu'il n'y avait absolument rien à faire.

— Je vois, rit Matthieu et ils se remirent en marche en direction du centre du village, lui-même habitant à cinq minutes à peine à pieds et Matthieu ne devant pas habiter bien loin. Et dis-moi... Avec Aurél ?

— Quoi avec Aurél ?

— Ben... ça s'est bien passé ? Vous vous êtes bien entendus ? Il avait l'air... un peu ailleurs tout à l'heure quand il est rentré au commissariat, dit le garçon blond et il sentit sa mâchoire se serrer en l'entendant dire ça. Vous avez parlé de quelque chose en particulier ?

— Non, écoute, justement. On n'a pas parlé. Parce qu'on était en train de bosser, ok ? s'exclama-t-il soudain en se tournant vers Matthieu et il vit celui-ci froncer les sourcils à cet éclat de colère.

— Attends, je peux savoir pourquoi tu t'énerves ? Il s'est passé quelque chose avec lui ?

— Mais non, il ne s'est rien passé du tout, s'emporta-t-il avant de se pincer le nez pour redescendre. C'est juste que... j'ai l'impression que ça va pas marcher ce binôme. Lui et moi.

— Ah bon ? Mais pourquoi ? Et puis... c'est pas tout le temps, hein, tu sais. Des fois ça roule.

— Je sais pas, j'ai l'impression... J'ai l'impression de pas savoir faire avec lui, j'ai l'impression d'avoir dit quelque chose tout à l'heure qui l'a énervé et je sais même pas quoi.

— Est-ce que tu l'aurais pas... je sais pas, moi... tenu à distance ? Ou même... envoyer bouler à un moment donné ? Je dis pas que tu l'as fait, hein, mais... ta réputation te suit, tu sais, comme on t'a dit ce matin. Tu es brillant dans ton domaine, mais d'après tes anciens collègues... t'es pas très sociable. En plus avec ce... surmenage... qui a failli te coûter cher d'après ce que j'ai cru comprendre... Tu sais, si tu veux être bien quelque part, Guillaume, il faut aussi que tu sois bien avec les gens avec qui tu fais le job. Tu peux pas agir comme un loup solitaire, et encore moins dans un village comme le nôtre. Sinon, tu vas vite te faire chier. »

Il resta silencieux, réfléchissant aux mots de Matthieu et se dit que c'était absolument la même chose que lui disait sa femme avant. Enfin, à quelques détails près.

« Et puis tu sais, Aurél, lui au contraire il est très sociable. Il adore ça, les gens. Il adore apprendre à les connaître, les écouter parler, leur demander de lui parler d'eux ... Mais des fois, il est comme un enfant. 99% du temps, y'a pas de personne plus agréable au monde, mais il suffit que tu dises un seul truc de travers et il se vexe et va te faire le traitement du silence jusqu'à ce que tu comprennes que tu as merdé. Il est vraiment pas possible ce gosse, soupira Matthieu et il lui lança un regard confus en l'entendant appeler le plus jeune un gosse.

— Il a quel âge ? demanda-t-il et Matthieu lui jeta un regard étonné à cette question.

— C'est pas vraiment un gosse, hein, c'est une manière de parler, lui répondit le blond avant de reprendre en le voyant garder le silence. Il va avoir vingt-six ans.

— Ok, dit-il simplement en hochant la tête avant de se passer une main dans les cheveux en soupirant. Je ne sais pas ce que j'ai dit vraiment. Peut-être qu'il s'est senti repoussé parce que je lui ai dit que je n'avais pas envie de parler ?

— Aïe, ouais effectivement... De toute la journée ? C'est vrai qu'il avait son regard de quand il est blessé, dit Matthieu et il sentit son cœur se serrer à ça. Il est sensible, Aurél. J'espère qu'il aura quand même le cœur à la fête ce soir. Ce serait con pour son anniversaire.

— Son quoi ? »

Matthieu lui lança un regard hésitant avant de répéter d'un air incertain :

« Son... anniversaire...? Il t'a pas invité ? Il voulait le faire pourtant...

— Claude m'a proposé d'aller boire un coup ce soir après le boulot avec vous tous... Mais j'avais aucune idée que c'était pour son anniversaire. Il a dit que c'était pour fêter mon premier jour de boulot et j'ai refusé en disant que j'avais beaucoup de choses à finir chez moi encore. »

Le blond lui jeta un petit regard incertain avant de se passer à son tour une main dans les cheveux en poussant un soupir :

« Je suppose... qu'il pensait qu'il te l'avait dit dans la journée. Et pensait faire les deux en même temps. Mais entre temps, Aurél a changé d'avis.

— Tu crois qu'il veut plus que je vienne maintenant ?

— Tu veux mon avis ? Je pense qu'il serait heureux de voir que tu as changé d'avis et que tu es là ce soir. Que ce soit pour célébrer ta première journée ou bien son anniversaire. Et je pense que cela lui ferait encore plus plaisir si vous discutiez un peu tous les deux. Il appréhendait tellement ton arrivée avec toutes ces rumeurs qu'il ne sait pas vraiment quoi penser de toi. Comme nous tous. On veut juste apprendre à te connaître, Guillaume. Pas te juger, te connaître. »

Il hocha la tête lentement, le cœur battant fort dans sa poitrine en repensant à quand son supérieur lui avait annoncé qu'il allait être muté pour ce qu'il avait fait. Il avait failli perdre son job, et tout ça pour quoi ? Il se le demandait encore.

« Ok. Je vais essayer de passer alors. Si j'ai le temps... Tu me donnes l'adresse du bar ?

— Y en a qu'un, Guillaume, lui dit Matthieu en souriant avant de lui faire un signe de la main pour lui dire au revoir. Tu le trouveras bien tout seul. Et fais un effort, tu vas voir c'est sympa de se faire des amis. Même si c'est ses collègues que l'on voit toute la journée. Allez, à ce soir j'espère, salut. Sinon, à demain. »

Il regarda Matthieu partir dans l'autre sens et se mit à réfléchir à ce qu'il venait de dire. Il appréhendait de te rencontrer. Comme nous tous. On veut juste apprendre à te connaître. Apprendre à le connaître ? Mais est-ce que lui il en avait envie ? Est-ce qu'il en valait la peine au moins ? Rien n'était moins sûr, alors il se dit qu'il verrait plus tard s'il faisait l'effort ou pas d'aller à cette fête. Après tout, Aurélien ne l'avait pas invité, non ?