Le lendemain.
« Je peux te poser une question qui va te paraître peut-être un peu déplacée ? »
Il leva la tête de son gobelet sur lequel il était en train de souffler afin de refroidir son café en entendant Ablaye lui adresser la parole. Celui-ci était venu le rejoindre dans le coin de la pièce où se trouvait la machine à café et s'en était servi un en lui offrant un petit sourire bienveillant avant de se mettre à touiller ce dernier en l'observant, ce qui l'avait amené à baisser la tête, gêné.
« Mm ? Quel genre de question ?
— Le genre... personnel ? Intime ? lui répondit l'autre garçon et il fronça les sourcils en l'entendant dire ça avant de hocher la tête.
— Pose toujours, je verrai bien.
— La trace, là, sur ton annulaire gauche. C'est la marque laissée par ta bague ? »
Il s'imprégna de la question avant de baisser la tête pour regarder sa main et effectivement, il aperçut la marque blanche laissée par sa bague. Il avait failli l'oublier.
« Mm... Ouais. Pourquoi ?
— Pour rien. Je me disais juste... qu'elle paraissait récente. Pour être aussi pâle. Ça fait pas longtemps que tu l'as enlevée ?
— Quelques jours, en effet... répondit-il, se demandant pourquoi il ne mettait pas simplement court à cette conversation qui le mettait mal à l'aise. Juste avant de partir...
— Ta femme... Ça a été compliqué, non, votre séparation ? C'est l'impression que ça me donne, dit Ablaye en buvant une gorgée de son café. Et puis... c'est ce que nous ont raconté tes collègues aussi.
— Qu'est-ce qu'ils vous ont dit dessus ? demanda-t-il en sentant sa mâchoire se serrer de colère.
— Seulement... que tu l'avais mal vécu. Et qu'après ça... déjà que tu étais souvent de mauvaise humeur... ça a été pire. Que tu supportais pas, que tu n'acceptais pas la décision finale.
— Ils vous ont dit que j'étais violent ? demanda-t-il en sentant une boule venir se loger dans sa gorge et Ablaye hocha la tête à ça. Je ne l'ai jamais touchée. Il faut que tu me crois.
— J'ai pas dit le contraire. Mais je comprends pourquoi ils t'ont envoyé ici. Pour décompresser, on va dire. Y'a tellement rien à faire ici que ça va être comme des vacances pour toi, hein ? Allez, n'y pense plus, profite. »
Profiter ? Et comment ? Alors que tout le monde ici semblait savoir dans les moindres détails ce qu'il s'était passé pour qu'il pète les plombs ainsi ? Est-ce qu'ils étaient au courant de toute l'histoire aussi ? La raison de pourquoi il avait failli être mis à pieds ? Punaise, s'ils étaient au courant de ça aussi, il fallait à tout prix qu'il leur fasse comprendre que ce n'était pas qui il était réellement. Que c'était une erreur. Une simple erreur de parcours, poussé à bout par ce type. Bordel, pourquoi c'était si compliqué ?
***
Moi !
Il jeta un petit coup d'œil à Claude qui venait de sortir devant le commissariat pour se griller une clope et qui ne semblait pas l'avoir vu encore. Quand Aurélien était arrivé ce matin avec Arthur, les bras remplis de croissants et de pains au chocolat pour tout le monde, ce dernier avait sauté sur le plus jeune pour lui faire un gros câlin à peine avait-il déposé le carton rempli de viennoiseries sur son bureau. Aurélien avait rit en disant d'un air fatigué Pas le matin, Claude... avant de capituler comme la veille et lorsqu'il s'était dévoué plusieurs heures plus tard pour aller chercher des sandwichs pour tout le monde afin qu'ils puissent manger ensemble à midi et avait demandé qui voulait bien l'accompagner, Claude avait crié Moi ! et avait embarqué le plus jeune sans attendre la réponse des autres. Il se demandait donc si ce comportement qu'il semblait n'avoir qu'avec Aurélien cachait quelque chose.
« Eh... dit-il alors, faisant ainsi savoir au plus grand qu'il était présent, et celui-ci releva la tête avant de lui offrir un large sourire.
— Ah, Guillaume !! Comment tu vas aujourd'hui ?? lui demanda Claude d'un air enthousiaste en s'approchant de lui et il hocha la tête, se demandant intérieurement pourquoi il devait toujours gueuler comme ça. Qu'est-ce que tu fais là ? Tu prends une pause ?
— Ouais, je prends un peu l'air... Je réfléchissais... Et comme Matthieu m'a dit que ce serait bien que j'essaie d'apprendre à vous connaître... j'avais une question pour toi. Par rapport à Aurélien.
— Aurél ? répéta Claude d'un air étonné avant de s'asseoir à ses côtés sur le banc. Ben vas-y, ma biche, pose-la-moi ta question.
— Ok... dit-il en se retenant de lever les yeux au ciel. Voilà, ce que je voulais savoir c'est... s'il y avait quelque chose entre vous deux ? Vu que tu le colles h24, l'appelle par des petits surnoms mielleux et tout... »
Il sut qu'il avait manqué de tact en voyant Claude faire les gros yeux et une seconde plus tard, celui-ci s'étouffa avec la fumée de sa cigarette.
« Euh... Ça va ? C'est ma question qui te met dans cet état ? dit-il en venant tapoter le dos de l'autre garçon d'un air hésitant, n'étant pas habitué aux contacts.
— N-Non, toussa Claude avant de se taper le torse pour faciliter le dégagement de la fumée de son organisme. Enfin, si. Bien sûr que si. J'suis si cramé que ça ? lui demanda ce dernier et il hocha la tête d'un air hésitant.
— Ouais. Enfin... J'ai l'impression. Vous êtes ensemble alors ?
— Non. Non, pas du tout. Genre Aurél... c'est compliqué pour moi. On se connaît depuis qu'on est gosses. Je le kiffe de tellement de manières différentes. Comme un petit frère que j'aurai à protéger de la vie, mais aussi... ouais, comme un mec que j'aime sincèrement.
— Mais lui... non ? Fin... Tu l'aimes mais lui non ? C'est ça ?
— Aurél ? Non mais Aurél il pourrait jamais partager mes sentiments, ça je le sais et c'est pas grave. Il m'a toujours considéré comme le grand frère un peu collant, expliqua Claude avant de sourire doucement et il haussa les sourcils en l'entendant lui aussi parler du plus jeune comme s'il n'était encore qu'un gosse. Et ça me va très bien ce rôle...! De toute façon, il est déjà amoureux de quelqu'un ici.
— Ah ouais ? Qui ça ?
— Ahah, observe et tu verras bien ! lui dit Claude en riant avant de se calmer et de lui lancer un regard suspicieux. Et ça te dérange pas ?
— De quoi ? Que tu sois amoureux de lui ? dit-il en fronçant les sourcils et quand Claude hocha la tête, il lui jeta un regard confus. Pourquoi ça me dérangerait ?
— Tu sais... Je pensais... répondit l'autre garçon en faisant un petit mouvement de la tête et il écarquilla les yeux en comprenant à quoi il faisait alors allusion.
— Non ! Ce sont des calomnies. C'était une erreur, je pouvais pas savoir.
— Ouais, mais tu l'as quand même dit, non ? lui dit Claude en haussant les épaules et il sentit sa mâchoire se serrer en voyant qu'ils étaient vraiment au courant de tout.
— C'était une erreur. J'ai juste voulu faire mon travail et ça a dérapé. J'étais énervé et je me suis pas contrôlé.
— Ouais, j'te crois, mon gars. Mais tu vois ce qu'un simple dérapage peut te coûter dans ce monde dans lequel on vit ? L'étiquette que tout le monde te colle sur la tête après... C'est vraiment pas de chance. Mais bon...! C'est la vie ! Allez viens, on rentre bosser. »
Il esquissa un petit sourire malgré lui à ça et se leva pour emboîter le pas à Claude et rentrer dans le commissariat. Alors maintenant, ils étaient tous au courant de la raison de sa mise à pieds ? Enfin, il supposait qu'il n'y avait pas que Claude quoi. Putain, il était vraiment mal barré.
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Fiction OrelxGringe - Flic.
FanficGuillaume est muté dans une nouvelle ville pour faire son boulot de policier. Une ville ? Plutôt un village. Et pour quelqu'un comme lui qui aime quand tout roule à la perfection, il va bientôt se rendre compte que ce n'est pas ici qu'il va la trouv...