Partie 8 - La conversation.

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Trois jours plus tard.

« Aurél ? »

Le plus jeune s'arrêta de marcher en l'entendant l'appeler en sortant du commissariat et il le vit se tourner vers lui d'un air hésitant. Celui-ci lui lança un regard inquiet en le voyant marcher dans sa direction et il le vit jeter un petit regard nerveux en direction de ses amis qui marchaient devant eux, partant en direction du centre du village. Ces derniers s'étaient mis d'accord pour aller boire un verre tous ensemble après le travail et quand Matthieu avait dit Même toi, Guillaume en se tournant vers lui, il avait vu Aurélien lui lancer un petit regard inquiet. Ils s'étaient à peine parler ces derniers jours.

« Est-ce que... ça te dérange que je vienne avec vous ?

— Quoi ? N-Non, bien sûr que non. Tu es le bienvenue, Guillaume, lui répondit le plus jeune et il hocha la tête doucement avant de jeter un regard par-dessus son épaule pour voir les autres s'éloigner sur le chemin.

— Tu es sûr ? Ces derniers jours... j'ai l'impression que tu m'en veux pour quelque chose. Est-ce que... c'est par rapport à la dernière fois ? Quand on a mangé dans ce snack et que je t'ai parlé d'Arthur ? »

Aurélien resta silencieux un petit moment avant de jeter à son tour un œil par-dessus son épaule pour voir où étaient ses amis et quand il vit qu'ils étaient déjà assez loin, il vit Aurélien se retourner et le regarder d'un air hésitant :

« Non, ce n'est pas ça, dit Aurélien doucement en secouant la tête. Je n'aime pas... comment tu me parles, Guillaume, l'entendit-il alors lui dire et il sentit son cœur se serrer à ça. Je sais... qu'avec tous ces changements dans ta vie, entra ta femme... ex-femme... et le boulot... ça doit pas être facile. Mais comme je t'ai dit... T'as tout le temps l'air d'être en colère, dans ton regard mais aussi dans tes mots, dans ton intonation ou dans comment tu parles aux gens... comment tu me parles... et... je n'aime pas ça. Je dois avouer que ça me fait un peu peur. »

Il resta bouche-bée devant l'explication du plus jeune avant de faire un pas en avant pour se rapprocher de lui et il le vit reculer, comme s'il l'effrayait.

« Aurélien, eh... Je ne vais pas te faire de mal. Tu as vraiment aussi peur de moi ? dit-il d'un air abasourdi et ce dernier lui lança un regard hésitant avant qu'il ne le voie hocher la tête sincèrement. Écoute, vraiment, je suis peut-être un peu brusque dans mes paroles comme tu as dit, mais jamais je ne lèverai la main sur toi, hein. Ou sur n'importe qui d'autre d'ailleurs.

— Pourtant... c'est la raison même pour laquelle ils voulaient te... laisser partir, non ? lui dit Aurélien et il se rendit alors compte qu'il tremblait légèrement. Parce que tu as été... violent ? Que tu as frappé un homme que tu étais censé arrêter et que tu l'as insulté de... de ça... balbutia le plus jeune et il se mit à paniquer intérieurement en se rendant compte qu'il était au courant de toute l'histoire.

— N-Non, je me suis emporté c'est vrai, mais il l'avait mérité... Après... oui, j'ai perdu mon sang froid et je l'ai traité de pédé dans l'action, mais je ne savais même pas qu'il l'était...! Ça m'a échappé sur le coup et je lui ai foutu une dérouillée mais... putain, c'était juste une insulte comme les autres merde, pourquoi tout le monde s'obstine à vouloir m'épingler pour cette erreur ! »

Il pensa alors aux paroles de Claude de quelques jours plus tôt et fronça les sourcils, énervé. Tu vois ce qu'un simple dérapage peut te coûter dans ce monde dans lequel on vit ? L'étiquette que tout le monde te colle sur la tête après... Il leur en voulait tellement de vouloir le faire passer pour quelque chose qu'il n'était pas, merde...! Il releva alors la tête en se rendant compte qu'Aurélien n'avait pas ouvert la bouche depuis la fin de son monologue et il tomba sur le regard apeuré qu'il lui lançait, les yeux écarquillés et la posture prêt à s'enfuir en courant.

« Aurél– s'apprêtait-il à s'excuser de son emportement, mais le plus jeune le coupa aussitôt.

— Tu vois, Guillaume... Comment tu hausses la voix et t'énerves, comme à l'instant... Je n'aime pas ça, tu me fais peur. Je ne voulais pas croire ces rumeurs aveuglément sans avoir entendu ta version des faits et je te crois, vraiment, mais s'il te plaît, calme-toi... Arrête de hausser la voix...

— Je te fais peur ? répéta-t-il alors qu'une voix dans sa tête lui soufflait Mais comment il peut être flic, lui ? et il la fit taire pour se concentrer sur le plus jeune. Aurélien, je te jure que tu n'as pas à avoir peur de moi. Je vais pas t'insulter comme je l'ai fait avec cet homme, qui était un malfrat qui m'avait poussé à bout en plus, ou être violent contre toi... Ça va pas ? En plus t'es flic aussi, hein, je suis sûr que tu pourrais me faire arrêter en deux prises si jamais je dépassais les bornes. »

Aurélien sourit doucement à ça et son cœur rata un battement à cette vision. Il l'avait fait sourire. Et ce sourire, comme il l'avait pensé une semaine plus tôt quand il l'avait vu rire dans le bar le soir de son anniversaire, c'était vraiment le plus beau sourire qu'il n'avait jamais vu dans sa vie. Et il sentit encore une fois une douce chaleur imprégner tout son être à cette pensée. Il se sentit bien le temps que ça dura, avant qu'Aurélien ne tourne la tête en direction de ses amis qui avaient à présent disparu :

« On ferait mieux d'y aller qu'ils doivent se demander ce qu'on fait. Tu viens ? »

Il hocha la tête, se disant qu'ils n'avaient décidément pas fini de discuter pour régler leur problème, puis lui emboîta le pas en se disant qu'il n'avait qu'à faire un plus grand effort. De toute façon cette tension entre eux, elle venait de lui. Seulement de lui. Alors c'était à lui de régler le problème, pas à Aurélien qui lui n'y était pour rien.

Fiction OrelxGringe - Flic. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant