Fiction OrelxGringe - Flic.

Partie 10 - La proposition.

« Guillaume...? Eh... »

Il ouvrit les yeux en sentant quelqu'un le secouer et l'appeler doucement et quand sa vision se fit plus nette, son regard se posa sur le visage du plus jeune. Celui-ci avait un petit air soucieux sur le visage et lorsqu'Aurélien se rendit compte qu'il était à présent réveillé, il le vit lui sourire doucement.

« Ça va ? Tu t'es endormi...

— Sérieux...? Mais il est quelle heure...? demanda-t-il en se redressant sur le canapé et il bailla fortement.

— 23h, à peine, répondit Aurélien et il haussa les sourcils en entendant l'heure qu'il était. Tu te couches tôt d'habitude ?

— Non, même pas. Je pense que c'est l'alcool qui m'a mis ko comme ça. J'ai plus trop l'habitude de boire dernièrement. »

Aurélien hocha la tête doucement et il l'observa, se demandant s'il était au courant aussi de ça. Qu'il s'était mis à beaucoup boire après son divorce, n'arrivant pas à supporter l'absence de sa femme. Tu as joué avec le feu, Guillaume, et maintenant elle t'a quitté, entendit-il sa propre voix comme un écho dans son esprit et il poussa un petit grognement frustré en venant se pincer le nez, irrité.

« Est-ce que... tu veux que je te ramène chez toi maintenant que la soirée est finie ? Tu as l'air épuisé.

— Non... J'ai plus du tout envie de dormir là, je peux pas rentrer chez moi, soupira-t-il en se disant que s'il était à Paris, il serait allé se balader près des quais pour se dégriser. Je vais sûrement... je sais pas... me balader dans le village jusqu'à ce que le sommeil revienne... »

Aurélien lui lança un regard hésitant avant qu'il ne le voie jeter un regard par-dessus son épaule en direction de la cuisine de son ami de laquelle il entendait sortir des bruits de voix et à ça, il remarqua sa mèche blanche dans ses cheveux détachés. Comme la première fois qu'il l'avait vue, celle-ci le fascinait. Il se demandait comment elle avait atterri là, au beau milieu d'une forêt noire ébène.

« Est-ce que... tu veux venir à la maison alors ? Arthur devait me ramener en voiture vu qu'on habite à côté mais... si on rentre ensemble à pieds, ça te fera peut-être du bien ? T'avais l'air complètement ailleurs toute la soirée, Guillaume. Peut-être que tu as besoin... de quelqu'un avec qui parler ? »

Il cligna des yeux en entendant Aurélien lui dire ça. Ailleurs ? Mais c'était seulement l'effet de l'alcool, ça. Plus le fait qu'il était complètement perdu dans sa contemplation du plus jeune. Et il venait vraiment de lui proposer de... quoi...? De venir chez lui ? Pour passer la fin de la soirée ?

« Quoi ? balbutia-t-il et il vit alors les joues d'Aurélien se colorer tout doucement.

— N-Non, oublie, bafouilla Aurélien en se relevant précipitamment et il le suivit du regard, confus. T'as pas besoin de moi, tu sais très bien ce qui te fait du bien quand t'es dans ce genre de situation, mieux que moi. »

Ce genre de situation ? Est-ce qu'il voulait dire... bourré au point de s'endormir en soirée ? Ou bien assez perdu dans ses pensées pour rater la moitié de la dite soirée ? Il se reprit bien vite en voyant Aurélien sur le point de tourner les talons et il l'attrapa précipitamment par le poignet :

« Eh...! Attends. Ça me va, dit-il dans un murmure quand le plus jeune se retourna pour lui lancer un regard inquiet. Je veux bien... rentrer avec toi. Et aller chez toi un peu. Tu avais raison, cette soirée m'a fait du bien. Et j'ai pas envie de me retrouver seul tout de suite. T'es toujours d'accord ? Ou est-ce que la proposition ne tient plus ? »

Aurélien lui lança un regard hésitant, comme s'il n'était pas sûr qu'il soit vraiment sérieux, puis celui-ci lui sourit doucement. Il pouvait voir toute sa bienveillance dans ce regard et il se dit qu'il avait bien raison ce premier jour quand il s'était dit la même chose. De grands yeux marron foncé qui ne semblaient jamais avoir vu la moindre horreur tant il pouvait y lire toute la bienveillance du monde à l'intérieur. Est-ce qu'Aurélien savait les horreurs et les monstres que le monde regorgeait ? Est-ce qu'il avait déjà approché tout ça de près, en tant que flic ? Il n'en avait pas l'impression mais pendant un instant, il espéra que cela reste ainsi jusqu'à la fin de sa vie. Ainsi, son regard resterait le même. Innocent et bienveillant, comme au premier jour.

« Bien sûr que si. Je vais prévenir Arthur, prépare-toi, ok ? »

Il hocha la tête et le regarda s'en aller, se dirigeant vers la cuisine pour prévenir ses amis de leur départ imminent. Bordel, Aurél, pourquoi devait-il être aussi gentil avec lui ? Est-ce que c'était ça cette tension qu'il ressentait entre eux ? Le fait qu'il était si gentil que ça le mettait mal à l'aise ? Ça faisait tellement de temps qu'on ne lui avait pas parlé comme ça, agi avec autant de douceur envers lui, traité avec autant d'égard. Cette bienveillance folle qu'il n'avait jamais connu autre part ailleurs, alors même qu'il savait qu'il lui faisait peur depuis le début à cause de ces fichues rumeurs, mais aussi à cause de comment il s'était comporté dès le départ avec lui, ne voulant surtout pas se laisser approcher par quiconque. C'était ça, cette tension dans son ventre n'est-ce pas ? C'était le fait de se rendre compte qu'au final, il s'était laissé apprivoiser petit à petit. Par Aurélien, mais aussi par ses potes qui étaient tous aussi bienveillants que lui et l'avaient accueilli sans une once de jugement dès le départ. Et merde.