Partie 21 - La déclaration.

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Il entrouvrit les yeux ce qui lui parut une éternité plus tard, son visage toujours contre le torse du plus grand, et il sentit une grande fatigue le submerger. Il avait arrêté de pleurer déjà, c'était déjà ça. Il sentait le pouce de Guillaume aller et venir sur sa nuque, caressant cette dernière sans jamais s'arrêter d'une seule seconde, et il se perdit dans ses pensées devant la sensation de réconfort que ce simple geste lui apportait. Il fixa un point au hasard devant lui, le regard dans le vague, et c'est alors qu'il se rappela de ce que le psychopathe lui avait dit.

« Il m'a dit... que c'était toi.

— Comment ? entendit-il Guillaume lui demander d'un air étonné et il fronça légèrement les sourcils, essayant de se souvenir.

— Il a... essayé de me faire croire... que tu étais lui. Qu'il était toi... Que tu étais le meurtrier de mes parents... Quand je me suis réveillé par terre, les mains liées... Il m'a parlé, caché dans la pénombre et il a dit... il a dit qu'il s'était fait passer pour un flic pour mieux m'approcher dans le cadre du boulot et pouvoir ainsi m'enlever quand nous serions devenus assez proches. Il a dit... des choses... qu'il n'avait aucune manière de savoir à moins de nous avoir espionné ces dernières semaines, comme le moment où on est allés manger dans ce snack et que tu m'as parlé de ma relation avec Arthur... Ou bien de quand on a discuté de Claude chez moi après la soirée... alors... alors je l'ai cru pendant une seconde... J'ai vraiment cru que tu étais celui qui me disait tout ça... Et j'ai honte mais... je t'en ai voulu. De m'avoir piégé ainsi, de t'en prendre à moi de nouveau, de t'amuser avec mes amis... avant qu'il ne sorte de l'ombre et que je comprenne qu'il avait menti en voyant son visage. Alors j'ai tenté de m'enfuir... Comme j'avais essayé de le faire dans ma chambre d'hôpital en sentant quelqu'un poser sa main sur ma bouche, mais cette fois... il n'avait pas de cagoule sur le visage... Alors je pouvais voir ses traits... Toutes sortes de souvenirs de cette nuit-là me sont revenus en mémoire alors en croisant son regard, raconta-t-il et il sentit Guillaume le serrer imperceptiblement plus fort dans ses bras. Quand il a tué mes parents devant mes yeux... Alors que j'étais caché sous la table de la cuisine... Quand j'ai poussé un sanglot de terreur et qu'il s'est tourné vers moi en m'apercevant alors... Quand il a attrapé un des plus gros couteaux de cuisine que mes parents possédaient et a commencé à me courir après dans toute la maison... et qu'il m'a rattrapé dans le jardin en me tirant par le bras et qu'il a voulu m'égorger... Avant d'au final, me laisser là, en pleurs et ensanglanté sur l'herbe après m'avoir simplement fait cette marque sous l'oreille. Et j'ai eu tellement peur... Alors j'ai tenté de m'enfuir, mais il m'a vite rattrapé comme ce soir-là et il m'a fait la même chose. Exactement la même chose, dit-il en plissant légèrement les yeux alors qu'il sentait les larmes affluer à ces derniers à nouveau. Sauf que quand il m'a coupé, cette fois je l'ai repoussé et il m'a frappé avec la poignée de son couteau, m'ouvrant à la tempe. Je me suis évanoui peu après et quand je me suis réveillé... Tu étais là, près de moi. Tu étais venu me chercher.

— Oui, Aurél. Je suis venu te chercher. Je t'avais fait une promesse, non ? lui dit doucement Guillaume et il hocha la tête en se rappelant de celle-ci : Je ne le laisserai plus te faire de mal, et je l'arrêterai. Je suis là.

— Oui... Tu es là... Tu m'as sauvé... murmura-t-il, les yeux dans le vague, et il sentit Guillaume glisser ses doigts dans ses cheveux quand il dit ça.

— Non, Aurél, tu m'as sauvé. Et tu n'es pas un monstre, tu es même tout l'inverse, hein.

— L'inverse...? Qu'est-ce que c'est l'inverse d'un monstre ? demanda-t-il en relevant légèrement la tête et il tomba nez à nez avec Guillaume qui le regardait, un petit sourire attendri sur les lèvres.

— Un ange. Voilà ce que tu es, Aurél. Un ange. »

Son cœur rata un battement en l'entendant lui dire cela et il l'observa un long moment, leurs visages seulement à quelques millimètres l'un de l'autre, avant d'oser franchir la distance entre leurs lèvres et de déposer un petit baiser hésitant de sa bouche sur celles du plus grand. Il sentit Guillaume sursauter au contact inattendu et il se recula une seconde à peine plus tard, le baiser se finissant aussi vite qu'il avait commencé.

« Au-Aurél... Qu'est-ce que tu fais...? balbutia Guillaume, le regardant alors les yeux écarquillés et il eut soudain honte de son geste.

— Je... Je suis désolé, murmura-t-il en venant observer la trace laissée par la bague de Guillaume sur son annulaire gauche. Je pensais... peut-être... bégaya-t-il, cherchant ses mots avec difficulté pour expliciter sa pensée avant de se lever brusquement, embarrassé au plus haut point. Je me suis trompé...

— Non, attends...! Reste-là, lui ordonna Guillaume en l'attrapant par le poignet alors qu'il était sur le point de s'enfuir hors de la chambre et il lui jeta un regard effrayé. Aurél, tu pensais quoi ?

— Je suis désolé... Tu as raison, je n'aurais pas dû faire ça. Tu sors d'une relation compliquée et... Tu es... Tu es... Je le sais...

— Aurél, quoi ? dit Guillaume et il le vit froncer les sourcils en le voyant le regarder d'un air effrayé. Non ! Je te l'ai déjà dit, je ne suis pas homophobe, merde...!

— C'est pas... C'est pas ce que j'ai voulu dire... bégaya-t-il en voyant Guillaume s'énerver en comprenant mal sa pensée. Je voulais dire... que tu es hétérosexuel. Et je le sais...

— Oui, Aurél, c'est vrai, dit alors Guillaume en se calmant et il sentit son cœur se serrer à ça. Je le suis. Mais peut-être... pas tant que ça au final, hein ?

— Quoi ? Comment ça ?

— Ce que je veux dire par là c'est que... tu me plais énormément. Et je crois bien... que c'est possible que je sois raide dingue de toi, déclara le plus grand et il sentit son cœur rater plusieurs battements à cette déclaration. Et quand je t'ai demandé ce que tu faisais... c'est parce que j'en revenais pas que tu m'embrasses. Tu m'aimes aussi, Aurél ? lui demanda Guillaume et il hocha la tête d'un air hésitant à cette question, ayant du mal à croire que c'était Guillaume qui était en train de lui demander ça. Et... Arthur alors ?

— C'est mon cousin, balbutia-t-il et il vit Guillaume lui offrir un petit sourire bienveillant à ça. J'ai jamais eu aucune chance avec lui, je l'ai toujours su... Et maintenant... c'est toi que j'aime. Plus lui. Toi et personne d'autre. »

Guillaume exhala un rire lorsqu'il dit ça et il le sentit alors entourer son visage de ses mains avant de le sentir l'embrasser avec douceur :

« Tu m'aimes... vraiment. Tu es amoureux de moi, murmura Guillaume contre ses lèvres comme s'il ne pouvait y croire et il hocha la tête d'un air hésitant, encore un peu abasourdi que ses sentiments se voient enfin être partagés. Je crois que ça fait plusieurs jours... Voire plusieurs semaines que je me pose la question de ce que je ressens vraiment pour toi, mon ange. Et hier matin... quand je me suis réveillé chez toi... avec toi dans mes bras... ça m'a soudainement frappé. Je suis amoureux de toi. Et j'aimerais me réveiller tous les matins comme je l'ai fait hier. Avec toi près de moi, tout simplement. »

Il sentit les larmes affluer à ses yeux en l'entendant déclarer ça et Guillaume étendit alors le bras pour attraper son lapin sur le bureau près du lit. Il le suivit du regard d'un air incertain et le plus grand lui passa la peluche qu'il prit d'un air hésitant dans sa main avant qu'il ne le sente l'attirer dans ses bras de nouveau, l'emportant avec lui alors qu'il le sentait s'allonger par-dessus les draps. Guillaume l'amena à déposer son visage sur son torse et quand il l'entendit éteindre la lumière – l'interrupteur de celle-ci se trouvant au-dessus de lui –, il fixa l'obscurité sans rien dire, blotti contre Guillaume et sa peluche coincée entre leurs deux corps.

« Il faut dormir maintenant, mon ange. Il va bientôt faire jour et je ne veux pas que la lumière nous empêche de nous endormir. On continuera cette discussion demain si tu veux. Pour l'instant... dormons... D'accord ? »

Il resta silencieux un long moment avant de hocher la tête et il se blottit un peu plus contre Guillaume en serrant sa peluche contre lui. Oui, il était épuisé. Et toutes ces nouvelles informations lui donnaient le tournis. Mais il était heureux. Tellement heureux. Et il s'endormit avec un petit sourire sur les lèvres, rassuré quant à l'avenir. Tant que Guillaume restait près de lui.

Fiction OrelxGringe - Flic. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant