« Eh, Aurél... T'es réveillé ? »
Le plus jeune se tourna dans sa direction quand il l'entendit l'appeler en entrant dans la chambre plusieurs heures plus tard et il le vit lui jeter un regard inquiet. Il referma la porte derrière lui avant de venir s'asseoir à ses côtés sur la chaise, puis vint prendre sa main avec douceur sur les draps de son lit.
« Aurél, parle-moi... Comment tu te sens ? murmura-t-il en rencontrant son regard et il vit des larmes perler à ses yeux, encore.
— Je suis... désolé... balbutia Aurélien et il lui jeta un regard surpris, ne s'attendant pas à des excuses.
— Désolé ? Mais... pourquoi ?
— Pour... comment je t'ai parlé un peu plus tôt. Pour t'avoir fait la gueule... Je retire ce que j'ai dit, je ne le pensais pas...
— Ah oui ? dit-il dans un petit sourire, attendri par le plus jeune. Tu ne penses pas... que je suis sans cœur finalement ?
— Non... bredouilla Aurélien en secouant la tête. Je suis désolé, j'ai perdu mon sang froid. Tu ne voulais pas que j'aille voir s'ils allaient bien et... Guillaume, est-ce qu'ils vont bien...? Si à cause de moi... Je ne pourrais jamais me le pardonner... s'effondra-t-il soudain en larmes.
— Aurél, ton cousin va bien, je te le promets, s'exclama-t-il précipitamment en le voyant s'écrouler ainsi et quand il prit son visage entre ses mains, il le vit lui lancer un regard terrifié.
— Mon... Mon cousin...?
— Je... Oui, balbutia-t-il en pensant Et merde intérieurement. Les gars m'ont raconté. Absolument tout. Les massacres, ta famille adoptive, l'arrivée d'Arthur dans ta vie... Tes voisins, la battue... Comment j'ai pu croire une seule seconde... que tu ne connaissais pas la violence du monde...? »
Il pensa en disant ça à la première fois qu'il avait rencontré le plus jeune et qu'il avait croisé son regard dans le commissariat. Il avait aussitôt pensé que ses yeux ne semblaient jamais avoir vu la moindre horreur tant il pouvait y lire toute la bienveillance du monde à l'intérieur. Et à la soirée, hier soir, il s'était demandé s'il savait les horreurs et les monstres que le monde regorgeait et si ça lui était déjà arrivé d'approcher tout cela de près en tant que flic. Il s'était fait la réflexion qu'il n'en avait vraiment pas l'air et il avait même espéré que cela reste ainsi jusqu'à la fin de sa vie, afin que son regard si bienveillant et innocent reste à jamais le même. Qu'est-ce qu'il s'était trompé. Aurélien avait connu tout ça, et même pire. Il avait son monstre personnel qui cherchait à s'en prendre à lui, encore et encore et qui ne semblait jamais abandonner.
Aurélien secoua la tête à ça et il le vit se mettre à pleurer de plus belle alors il le prit dans ses bras, déposant un tendre baiser sur son cuir chevelu.
« Je sais absolument tout. Et Arthur va bien. Son état est stable, il se repose juste. Pareil pour sa femme. Ils ont des contusions et lui a un bras cassé, mais ça ira. Je ne pense pas... qu'il ait réellement voulu les tuer. Ça devait juste être un piège.
— Un piège...? pleura Aurélien contre lui et il secoua la tête en fermant les yeux par-dessus ses cheveux. Pour moi...?
— Je ne sais pas... Si c'est effectivement lui... alors il y a de fortes chances. Mais cette fois, je suis là. Et je serai celui qui l'arrêtera, ok ? Je ne le laisserai plus te faire du mal, promis. »
Il sentit Aurélien secouer la tête contre lui et il sourit tristement, sachant pertinemment bien ce qu'il devait être en train de penser à cet instant précis. Si, Aurél... Je vais m'en charger, t'as plus rien à craindre à présent.
***
« Ça ne te... dégoûte pas ?
— De quoi ?
— Que j'aime... Arthur ? Mon propre cousin ? »
Il regardait avec tendresse le plus jeune qui semblait littéralement se battre pour ne pas s'endormir sur son coussin et il secoua la tête, avant de venir passer une main dans ses cheveux délicatement :
« Non... Vous ne l'êtes pas réellement, non ? Et puis... je te l'ai déjà dit... il y a d'autres poissons dans la mer, tu trouveras la personne qu'il te faut bientôt. La personne qui réciproquera tes sentiments.
— Je sais qu'il est marié et que de toute façon, je n'ai absolument aucune chance, et c'est pas grave.... Pas du tout même, murmura Aurélien en fermant doucement les yeux avant de les rouvrir, luttant contre le sommeil. Ça fait des années que je m'y suis fait. Mais Claude... je ne peux pas non plus, et pas seulement à cause d'Arthur. Je sais ce qu'il ressent pour moi, mais je sais aussi que je ne suis pas la personne qu'il lui faut. Je sais que jamais je ne pourrais l'aimer de cette façon, cette façon dont lui il m'aime. Et je ne veux pas le blesser.
— Je ne voulais pas forcément parler de lui, hein, Aurél... » murmura-t-il en se disant soudain que c'était de lui qu'il voulait parler.
Il se fit la réflexion soudaine que oui, Aurélien lui plaisait. Et que si ce dernier, un jour, venait à avoir des sentiments autres que platoniques pour lui, alors oui, il pourrait sûrement les réciproquer. Il avait tellement envie de le rendre heureux. Mais est-ce que ce dernier les considérait ne serait-ce que comme des amis déjà ? Il pensa au matin, où il s'était réveillé avec le plus jeune dans ses bras, et comment ce dernier l'avait fait rester d'un seul regard alors qu'il avait essayé de s'en aller en catimini. Il avait eu envie de rester avec lui, alors il était allé chercher des viennoiseries à la boulangerie puis était allé le retrouver. Et ça faisait longtemps qu'il n'avait pas connu de matin aussi doux. De matin où il s'était dit j'aime la vie et je suis heureux.
« C'est un petit village, ici... murmura alors le plus jeune, le sortant de ses réflexions, et il le vit lui adresser un petit regard hésitant en disant ça. Alors on ne rencontre pas... beaucoup de gens. »
Il secoua la tête, voyant que ce qu'il avait dit lui était complètement passé par-dessus la tête. Il n'avait pas compris ses sous-entendus. Il se rappela alors de la cicatrice qu'il avait aperçue ce matin sur son cou et il frôla ce dernier de ses doigts pour la retrouver. Aurélien frissonna au contact et il réprima avec peine un petit sourire à ça alors qu'il dégageait ses cheveux du chemin :
« Guillaume...?
— Cette marque... Je l'ai remarquée ce matin. C'est lui qui te l'a faite, n'est-ce pas ? demanda-t-il et le plus jeune hocha la tête doucement, les larmes lui montant alors aux yeux. Quand ça ?
— Quand j'étais petit. La première fois qu'il m'a attaqué... J'ai une autre cicatrice laissée par l'accident... de voiture... Mais celle-ci on la voit moins. Elle est plus cachée... » l'entendit-il lui expliquer d'une voix ensommeillée et il le vit passer distraitement sa main sur sa taille en disant ça alors qu'il était tourné vers lui.
Il lui adressa un sourire attristé et il le vit alors fermer les yeux, tombant finalement dans les méandres du sommeil. Il l'observa avec tendresse et c'est alors qu'il lui sembla apercevoir quelque chose sortir de sous sa blouse d'hôpital. Il hésita un instant avant d'approcher sa main de son cou et quand il sortit avec délicatesse ce qu'il avait remarqué, il fut surpris de voir le collier au pendentif soleil qu'il lui avait offert quelques semaines plus tôt pour son anniversaire. Il ne l'avait même pas remarqué le matin alors qu'il dormait sur lui et il se demanda depuis combien de temps Aurélien le portait autour du cou. Peut-être depuis cette soirée-là où il le lui avait offert ? Est-ce que ce serait possible ? Il se rappela s'être dit que son cadeau était ridicule et qu'il n'y avait aucune chance pour qu'il l'apprécie, et voilà qu'il avait la preuve du contraire. Il fixa encore un long moment le pendentif soleil qui reposait à présent dans sa main, par-dessus le torse d'Aurélien, avant de secouer la tête, les larmes aux yeux. Bordel, qu'est-ce qu'il l'aimait. C'était à présent une évidence à ses yeux. Il se pencha alors pour déposer un baiser sur son front et sourit doucement contre ce dernier :
« Je te protègerai, Aurél. Fais-moi confiance pour ça. Ce monstre ne te touchera plus. »
C'était une promesse qu'il lui faisait. Et il comptait bien la tenir.
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Fiction OrelxGringe - Flic.
FanficGuillaume est muté dans une nouvelle ville pour faire son boulot de policier. Une ville ? Plutôt un village. Et pour quelqu'un comme lui qui aime quand tout roule à la perfection, il va bientôt se rendre compte que ce n'est pas ici qu'il va la trouv...