Les Filles du Diable, premier cycle : GLASTONBURY

Chapitre 9 : La grotte

Le message était entouré d'un doux ruban rouge, son odeur envahissait ma chambre alors que je me recroquevillais pour qu'on ne se voie pas ma précieuse lettre. Elle me donnait rendez-vous dans une grotte sous le château, je pouvais l'atteindre à partir des caves et une entrée allait lui permettre de venir depuis le village. La joie était si intense que je ne dormis pas la veille.

Mon cœur s'échappait hors de ma poitrine, elle n'était pas encore là. Je n'arrivais pas à rester en place et faisais des tours sur moi-même pour épuiser mes jambes agitées. Elle arriva avec un petit peu de retard, je ne lui en voulais pas. Elle était si belle dans sa robe bleue, tout ce qui l'entourait était magnifique. Son odeur de lilas m'apaisa et elle vint s'asseoir sur la roche froide à mes côtés.

Je ne me souviens pas d'un seul mot que nous nous sommes dit ce jour-là, tout ce dont je me souviens c'est la beauté de ces lèvres et la douceur de sa voix. Elle parut bien m'aimer même si je n'osais pas y croire. Nous fûmes malheureusement très vite rattrapés par les rayons du soleil qui vinrent perler sur l'humidité de la grotte. Elle déposa un doux baiser sur ma joue avant de partir. Je peux encore le sentir contre ma peau. Qu'elle sot avais-je été de ne pas lui avoir couru après, fuir l'avenir qui m'attendait pour vivre dans ses bras.

Je trouvai mon apprenti dans les jardins méditant calmement, il semblait paisible, le regard perdu fixant l'herbe coupée à ras. Mes longues explications ne semblèrent pas l'étonner, je ne l'avais jamais vu aussi calme et réfléchi. Il ne faisait que hocher la tête entre deux phrases pour me confirmer qu'il m'écoutait encore.

— Comme tu t'en doutes, je ne peux pas t'en dire plus mon ami, même si je le désire. Mais cette fois, je peux t'aider. Je ne connais pas ce tunnel, j'en ai entendu parler lorsque je faisais mes recherches sur cette abbaye, mais je n'ai pas la moindre idée d'où il peut se trouver. Qui pourrait savoir selon toi ?

— L'abbé Henry est sûrement au courant, mais il ne nous sera d'aucune aide. David, cela fait des années qu'il se trouve ici, il pourrait savoir quelque chose.

Mais le vieil homme ne savait rien, tout ce qu'il fit fut de se gratter la barbe d'un air songeur pendant plusieurs minutes. Sa sagesse et son expérience ne lui firent poser aucune question sur nos intentions qu'il savait mauvaises. Lorsqu'il réfléchissait, le vieillard tapotait du pied, cela m'avait dérangé durant quelques années, mais à force de le côtoyer je m'y étais habitué et ne l'entendais même plus. Par contre, le tapotement régulier semblait mettre à mal la patience de mon apprenti, un mal profond le rongeait et il semblait vouloir à tout prix le cacher.

— Peut-être que..., reprit-il. Je ne peux vous aider, mes amis, mais il est possible qu'Osgail vous soit d'une certaine utilité. Du moins, il ne vous trahira pas. J'ai des dossiers très intéressants sur lui que l'abbé serait enchanté d'entendre à son retour. Croyez-moi, il est fiable.

Il finit par un mouvement de tête et nous tourna le dos pour se remettre à prier, nous faisant bien comprendre que la discussion était terminée. Osgail était souvent introuvable, s'éclipsant en plein jour, peu eurent le plaisir de le croiser ailleurs que lors des repas ou des prières. Juste avant de partir à la recherche d'Osgail, un soudain coup d'épaule me projeta contre les murs gelés. En me retournant, je fis face à Oliver se tenant droit et fier devant moi. Il était entouré de trois gardes armés d'arcs et d'épées courtes faites pour le combat rapproché. Leurs présences donnaient une prestance au maigre personnage. L'homme de main de Henry me prit le bras et me relança contre le mur.

— Ne devriez-vous pas tous travailler au lieu de rester ici à regarder la neige tomber ? Je pense que certaines pièces auraient bien besoin d'être époussetées avant l'arrivée de notre seigneur Henry. Je vous prie donc de vous écarter et de laisser libre le passage.