Chapitre 12 : La haine

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— Non! Il est hors de question que vous attaquiez l'abbaye. Nous devons garder de bonnes relations avec les chrétiens pour le futur. Vous avez beau être Banríon, cela ne vous donne pas tous les pouvoirs.

Ces druides me tapaient sur les nerfs. Tristan a été assassiné, et personne ne fait rien pour lui. Il a donné sa vie et ses abrutis de druides restent à manger des baies dans leur forêt. J'en ai plus qu'assez de ces imposteurs.

—Nous devons récupérer son corps, rien ne nous en empêche. Ils sont peu nombreux et faibles!

— Non! Il est hors de question. Notre roi est déjà mort pour avoir pénétré cette abbaye et cela pour une raison que nous ignorons. Nous n'allons pas perdre une reine. Dernière de sa lignée qui plus est! Respectez votre mère, elle n'aurait pas voulu que vous vous donniez la mort pour le corps d'un roi bâtard!

—Et moi suis-je une bâtarde à vos yeux?

—Vous avez du sang noble au moins, Tristan n'avait aucun droit au trône. À part celui d'être fils d'un homme ayant épousé une reine.

—Vous avez mis en place les règles qui ont rendu mon frère roi! Vous n'avez aucun droit de vous en plaindre.

Les cinq druides n'osèrent plus dire un mot, je montai l'estrade lentement. Je traversai le brasier des Anciens sans même ressentir de douleur, Lug était avec moi. Je le sentais suivre mes pas. Les rats reculèrent, ils reculaient devant une femme, toute l'assemblée en rit. J'arrivais à leur hauteur, je les dominais par la taille et par la force. Je leur chuchotai:

— Non... répondit un des druides avec une voix tremblante.


Je sortis ma dague pour l'égorger, il saigna comme un porc sur les Marches des Anciens. Celui qui avait osé me contredire finit éventré et ses intestins vinrent rejoindre le sang de son frère. Les trois autres couraient dans tous les sens comme des poulets sans tête, mais ils furent bloqués par l'assemblée qui acclamait sa reine. Ma prise de pouvoir était totale, le peuple était à mes côtés. Un des druides tomba des escaliers et écrasa son corps mou dans le brasier. Sa graisse brûla aussi vite que des brindilles sèches. Plus que deux. Je lançai ma dague qui vint perforer le crâne de celui qui essayait de s'enfuir. Plus qu'un. Finalement, je fis un signe de la main à l'assemblée et tous se ruèrent sur le dernier druide. Leurs cinq têtes furent posées sur des piques, seul moi pouvais décider de l'avenir des Nemediens désormais. 


Au matin, la folie prit cours dans la sainte abbaye de Glastonbury. Le général avait été retrouvé sans vie dans sa couche. Ce fut le soldat Stan qui, inquiet de ne pas voir son commandant annoncer l'ordre du jour, avait pris l'initiative dangereuse d'aller voir pourquoi le général était resté endormi. Mais ce qu'il trouva n'était qu'un amas de chair sans vie, rien ne bougeait, aucun souffle ne sortait de l'infâme bouche et le cœur ne battait plus. Après avoir tenté de le réveiller, Stan appela au secours, mais il était trop tard.

— Un meurtre! Le général est mort!

L'alerte fut lancée et telle un coup dans la fourmilière, tout le monde courait pour aller voir si les dires étaient vrais. Le cadavre fut transporté par trois moines qui l'emmenèrent dans l'infirmerie provisoire montée pour soigner les blessées de la bataille. Les rumeurs commencèrent donc à nous envahir. Plusieurs parlaient d'une simple défaillance de son cœur déjà faible et les plus superstitieux pensaient à une vengeance de l'esprit maudit de Tristan, souillé par la stupidité du général.

Je marchais paisiblement dans les allées des jardins, sans même regarder ce qui se passait autour de moi. Désormais, seules m'importaient la lente pousse du thym et la floraison des lilas. Le soleil glissant lentement sur les feuilles d'émeraudes me réchauffait l'âme et rien ne put me perturber. Il me semblait être le seul attelé à ma tâche ces jours-ci. Une enquête fut menée par l'abbé, certain qu'un assassin avait pénétré l'enceinte.

Les Filles du Diable, premier cycle  : GLASTONBURYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant