7 - "Fried Peanut Butter N'Banana" Sandwich & the fruit for Hair

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     Parfois je pense à fermer les yeux, ou du moins éviter mon reflet, jusqu'a la fin. Jusqu'à ce que le coiffeur l'annonce. Mais je suis trop curieuse des coups de ciseaux. Observer le travail du coiffeur me fascine d'une certaine façon. Cette fois j'ai assisté à la minutie avec laquelle l'homme a manié mes cheveux.
     Austin a été coiffé le premier. Il en a aussi profité pour se faire raser. Mais malgré tout, mon cas met plus de temps. Le blaireau passe sur mon visage une dernière fois et quand je rouvre les yeux, Austin se tient à côté du petit miroir qui me permet d'admirer l'arrière de ma tête. De fines tresses collées partent de mes tempes et se rejoigne derrière, où le bout de mes longueurs forment une casacade de mèches légèrement ondulées comme si c'était naturel. J'ai beaucoup d'épaisseur en moins, ne reste que le nécessaire pour les tresses... et la banane coiffée-décoiffée qui trône sur ma tête. Le résultat est au-delà de ce que je pouvais imaginer. Je croise le regard d'Austin qui est resté blond. Nous échangeons un sourire et après avoir échangé un regard avec le coiffeur, je me lève pour le féliciter et nous le remercions le plus chaleureusement possible.

     Austin remet ses lunettes de soleil quand nous sortons. Ce sont les siennes, mais ne jurent pas avec sa tenue. En y pensant, je me dis que les passants doivent nous dévisager. Et puis, non. C'est Memphis après tout. Nous ne sommes pas les seuls à marcher dans les pas d'Elvis.
     - Tu as déjà mangé un sandwich au beurre de cacahuètes et à la banane ?
     - Mmh... oui, sûrement. Pas toi ?
     - Les français ne sont pas aussi bizarres.
     - C'est toi qui dis ça !
     - Je ne dis pas que je ne le suis pas, simplement nous sommes plus raffinés en ce qui concerne l'invention de recettes.
     - C'est vrai... Mais je n'ai mangé que dans des restaurants chics qui coûtaient une fortune. Alors je ne peux pas vraiment me faire d'idée.
     - Je t'inviterai, un jour, assuré-je.
     - Au fait, se dépêche-t-il, tu avais une idée derrière la tête ?
     - Et bien... je me suis rappelée du restaurant Arcade.
     Austin s'arrête subitement, manquant de me faire trébucher. Je lève alors la tête vers lui, le regard noir, mais il me regarde avec un visage illuminé.
     - Mais tu es un génie !
     Et il se précipite pour obtenir un taxi.
     Sur le coup, je suis restée figée, déstabilisée par la rapidité d'Austin. Qu'est-ce qu'il peut être imprévisible ! Et puis cela me fait sourire alors je le rejoins de la même façon, au moment où une voiture jaune se range à notre niveau.

     En rentrant dans le restaurant, je m'arrête un instant devant la porte qui se referme dans mon dos pour m'imprégner de l'atmosphère. Les propriétaires rendent hommage à Elvis, mais cette fois, ça n'a pas de rapport. J'aimerais avoir ce genre d'endroit près de chez moi, un endroit où avoir mes habitudes, un endroit qui m'apaise infailliblement, un endroit où je connais les serveurs et ai appris à connaître les clients en les observant. Un endroit qui ferait partie de mon chez-moi.
     Ce qui se dégage du restaurant est fort. Comme un lien qui n'a fait que se solidifier au cours des années, des époques.
     Mon regard passe puis revient sur Austin qui s'est déjà attablé au bar. Je le rejoins et une bière nous est servie.
     - À... commencé-je sans vraiment avoir la formule juste.
     Elvis. Nous. Nous dans les pas d'Elvis. Notre lien avec lui...
     - À ce que notre cher Elvis a laissé par son passage, trouve Austin.
     C'est ce qui résume le mieux. Nos verres s'entrechoquent avec une pensée bruyante qui s'envole vers notre guide.
     Nos assiettes identiques arrivent, et nous dégustons la recette qu'un avait autrefois élit et qui par ses choix l'avait maintenue. C'est inhabituel pour moi de déjeuner entièrement sucré, mais je ne me plains pas le moins du monde ; le beurre de cacahuètes est succulent, chose difficile à dénicher dans mon pays.
     Aussitôt terminé, nous partons, pensant à revenir une prochaine fois pour un vrai dîner. En sortant nous prenons à droite, pour une petite marche d'un quart d'heure jusqu'au Club Handy...


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Pour vous donner faim (ou pas, ça ne donne pas forcément envie) :

Je voulais aussi vous raconter une petite anecdote sur le chapitre précédent :Au début, tout devait se dérouler normalement

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Je voulais aussi vous raconter une petite anecdote sur le chapitre précédent :
Au début, tout devait se dérouler normalement. Austin et April devait aller chez le coiffeur, se faire coiffer, ressortir et aller manger au bar-restaurant devant lequel ils s'étaient arrêtés. Sauf qu'en les faisant arriver au salon, je me suis rappelée qu'il faut prendre rendez-vous. Le genre de salon auquel ils allaient n'était pas industriel et n'était pas 'sans rdv'. Alors j'ai dû "improviser", je leur ai fait vivre ce qu'il m'arrivait en écrivant. Et puis j'ai trouvé que leur étourderie était parfaite pour montrer que malgré le fait qu'ils soient adultes, ils n'ont pas perdu leur âme d'enfant, et celle-ci ressurgit peut-être encore plus avec le désir de vivre pendant un moment à la Elvis. Ne pas perdre son âme d'enfant est quelque chose qui me tient particulièrement à cœur. Ça vient de la dédicace de Saint-Exupéry du Petit Prince... si vous êtes curieux ;)

Et puis, si vous avez un beurre de cacahuète excellent à me conseiller...

W̶o̶r̶k̶, Live, Dream with meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant