Chapitre 1

854 52 16
                                    


Stiles Stilinski sortit du lycée, une expression guillerette collée au visage. Les vacances ! Enfin. Ce n'était que deux petites semaines, bien peu si l'on comptait le nombre d'heures qu'il avait passé à travailler ses cours ces temps-ci. Ses notes, en baisse, avaient frustré son père qui lui avait posé un ultimatum : ou il se mettait à travailler sérieusement pour remonter sa moyenne, ou les réunions et missions avec sa meute de loups étaient compromises. Sauver le monde était une activité fort sympathique, mais il avait un avenir à s'assurer. Ce n'était pas empêcher une sorcière de raser la ville ou avorter les plans terroristes d'une armée de wendigos qui allait payer la nourriture et les factures d'électricité. Alors effectivement, son père avait raison et c'était pour cela que Stiles avait trimé, trimé, jusqu'à remonter ses notes bien au-dessus de la moyenne. Pour lui faire plaisir, il avait également décroché quelques notes proches de la perfection. Oh, il avait des facilités, mais en ce moment, son cerveau était comme ramolli.

En fait, Stiles était fatigué. Quand on y repensait, il cumulait beaucoup de choses : les cours, les devoirs, les révisions, les enquêtes au poste – il adorait filer un coup de pouce à ces incompétents du commissariat, n'en déplaise à son paternel –, les réunions de meute, les interventions surnaturelles auxquelles il participait à sa manière – c'était un bon appât –, les recherches... Ses nuits n'étaient pas les plus longues qui soient, mais ça lui allait. Toutefois, il allait ralentir un peu, bien sûr.

Faux.

Il ne comptait pas changer de rythme, quand bien même tout cela le fatiguait, tout simplement parce que cette fin d'après-midi marquait le début des vacances. Deux semaines, pour se rattraper un peu sa fatigue, c'était amplement suffisant. Il faudrait qu'il revoie sommairement ses cours de temps à autres et ça irait.

Une résolution qu'il avait prise depuis un moment et qu'il décida de mettre en application sans attendre fut de prendre du temps pour lui. Stiles était quelqu'un de gentil, d'adorable, de loyal, de dévoué. Un peu trop. Et il s'en rendait compte, mais il n'y pouvait rien : sa meute, c'était sa deuxième famille et il l'aimait d'amour. Lorsque l'un d'eux était menacé, il se démenait comme un beau diable jusqu'à démêler toute sorte de mystères et aider à mettre tout le monde à l'abri. Quelques jours plus tôt, Isaac avait été enlevé par une bande de chasseurs. Ni une ni deux, Stiles était allé sur le lieu supposé du kidnapping – dans son petit appartement au milieu de la ville – et avait relevé tous les indices possibles et imaginables. Lui et Deaton s'étaient alliés et à force de recherches minutieuses, le loup-garou avait été localisé, récupéré, soigné et les kidnappeurs, salement souillés par une équipe composée de Derek, Scott, Liam et Jackson. Alors oui, Stiles était très actif dans la meute, tout comme il l'était dans la vie en général.

Mais voilà, il savait qu'il devait prendre du temps pour lui. Sortir un peu, faire des sorties comme tout adolescent normal, profiter d'un peu de calme.

Boire un verre.

Et c'était exactement ce qu'il comptait faire... Mais seul. Parce que, l'air de rien, cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé ainsi, en tête à tête avec lui-même. D'ordinaire, il évitait, parce que, même atténués par son traitement, les symptômes de son hyperactivité étaient toujours là et ses réflexions internes, nombreuses. Il apprenait toujours à les diminuer, les contrôler, mais cela restait passablement difficile. Personne ne le savait réellement, mais Stiles avait bien du mal avec lui-même – c'était d'ailleurs pour cela qu'à par se plaindre pour se donner un genre, il ne parlait pas vraiment de lui. Qui donc serait intéressé par ses états-d'âme ? Sûrement pas Scott. Enfin, il l'aimait bien, hein, simplement... Son meilleur ami n'avait du meilleur ami que le titre. Le nombre de fois où il l'avait abandonné au profit d'une jolie fille ou de priorités qui n'en étaient que pour des raisons obscures était inquantifiable. Oh, il ne lui en voulait pas le moins du monde ! Il avait toujours connu Scott et son problème quant à son ordre de priorités avait toujours été là. Scott, c'était cet alpha adorable à la mignonne lenteur d'esprit, ce latino dévoué qui avait pour crédo d'éviter le meurtre à tout prix. C'était le même qui lui avait reproché d'avoir tué Donovan – un wendigo qui voulait assassiner son père – par accident. Qui avait d'ailleurs longtemps cru qu'il l'avait fait de sang-froid, comme si c'était le genre de Stiles. Cet épisode, encore plus que les autres, l'avait marqué mais, comme toujours, il n'en avait rien dit, gardant tout pour lui.

Dans le reflet de ton épéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant