Chapitre 4

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- Bordel, souffla Alec en s'approchant à son tour.

Il vit Magnus poser avec douceur sa main sur l'épaule du prisonnier et se tendit. Pas parce qu'il avait peur pour son petit-ami : celui-ci était on ne peut plus capable de se défendre. Il était tendu parce que le simple contact de la main de Magnus sur son épaule frêle semblait plonger le jeune homme dans un état de terreur encore pire qu'il ne l'était déjà.

- Hey, ne t'inquiète pas, tout va bien. Nous n'allons pas te faire de mal, tenta de le rassurer Magnus.

Mais le prisonnier le regardait avec des yeux écarquillés. Des yeux comme fous. Des yeux qui trahissaient une peur indicible, une souffrance inégalable. Les iris ébènes de Magnus furent attirés par une marque plutôt sombre un peu plus bas, sur le cou de l'adolescent. Il se figea à son tour. De stupeur ou de terreur, il n'aurait su le dire. Néanmoins, il ressentit un puissant malaise qui faillit lui faire perdre l'équilibre. La marque, ou plutôt la rune, rappelait à son esprit des choses qu'il avait enfouies au plus profond de lui-même. Sa devise : éviter de ruminer pour ne pas sombrer. Oui mais là, les souvenirs lui explosaient en pleine figure alors qu'il venait de comprendre ce que le gamin avait subi.

- Magnus, qu'est-ce que... Commença Alec, pas très sûr de lui et un peu perplexe.

Il n'avait pas encore la rune dans son champ de vision. Il n'avait pas idée de ce qui était arrivé dans son institut. Il était six heures cinq du matin, et il ne s'attendait pas le moins du monde à découvrir que de la torture avait été pratiquée sur un prisonnier dans son institut. Un prisonnier arrêté arbitrairement.

- Alexander, qu'a fait ce jeune homme ? Lui demanda Magnus d'une voix blanche.

Lightwood ne répondit pas mais comprit à l'intonation du sorcier ainsi qu'à la tétanie du détenu qu'il y avait vraiment quelque chose qui clochait. Il s'accroupit à côté de son petit-ami et le jeune homme aux cheveux châtains, blanc comme un linge, sembla mourir sur place. Magnus fit doucement pencher la tête à l'adolescent, qui n'opposa absolument aucune résistance. Il ferma les yeux avec force, comme s'il se préparait à quelque chose. Et Alec vit la rune. Pour avoir surpris à de nombreuses reprises Magnus en train de l'esquisser de temps à autre sur une feuille, un bout de serviette, en outre ce qui lui passait sous la main, il la reconnut tout de suite. Son visage se décomposa.

- Non, souffla-t-il. Non, ils n'ont pas fait ça. Aaron m'avait dit... Il m'avait dit... Merde !

Jurer lui arrivait, parfois, lorsqu'il perdait son sang-froid. Et il y avait de quoi. Il venait de réaliser qu'on avait pratiqué la torture dans son institut, alors que c'était parfaitement proscrit. La rune d'agonie marquant le cou de l'adolescent appelait sa colère et faisait monter en lui un profond sentiment d'injustice. D'un coup, sans même savoir si le jeune homme était coupable de quelque chose ou non, il voulut le faire sortir d'ici. Au regard de Magnus, il comprit que celui-ci était du même avis. Plus que ça : ayant vécu la même chose que ce prisonnier, il se voyait en lui et souffrait par avance de le laisser là. Les épaules soudain affaissées par le poids d'une lourde responsabilité, le directeur de l'Institut de New York alla rouvrir la porte de la cellule.

- On l'emmène, dit-il simplement.

Magnus hocha la tête et poussa l'adolescent à ouvrir les yeux. Il le prit par les épaules, l'aida à se lever, mais constata qu'il allait devoir le soutenir pour marcher. Même pas besoin de lui demander s'il en était capable : ses jambes tremblaient et il semblait prêt à s'effondrer à tout moment. Si bien que lorsque Magnus passa un bras autour de lui, Stiles se reposa littéralement sur lui. Il était trop faible. Après une nuit entière à subir l'agonie, ponctuée par quelques évanouissements, il était clair qu'il était non seulement épuisé, mais également trop faible pour avancer seul. Si l'on ajoutait à cela cette terreur qui ne le quittait pas... Il était clair qu'il avait besoin d'aide.

Dans le reflet de ton épéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant