Le grand maître donna deux coups de talon et le cheval se lança au galop à travers la plaine. Tout au long du voyage, la sphère leur éclairait le chemin à travers collines, montagnes et bois. La selle n'était pas prévue pour deux voyageurs, ce qui la rendait très peu confortable. Sine ne cessait de remuer pour trouver une bonne position, et après des heures de cavalcade, son dos commençait à le faire souffrir. Au loin, les premières lueurs du soleil apparurent au-delà des collines. Le grand maitre leva sa main gauche et la sphère s'y déposa avant de disparaitre. Ils arrivèrent devant une forêt. Le cheval, qui semblait infatigable, s'y engouffra, toujours au galop, et suivit le sentier.
— Nous sommes bientôt arrivés ? demanda Sine, exténué.
— Oui. Nous arrivons, mon garçon. Au-delà de cette forêt, nous verrons les portes de la ville.
Une fois les arbres dépassés, Sine resta bouche bée en découvrant l'immense mur fait de pierres blanches qui protégeait la cité. Sur les hauteurs, il pouvait apercevoir des gardes armés d'arcs et de lances.
— Nous y sommes enfin, Hitarfél, la capitale d'Afradour, lui apprit le grand maitre en tirant sur les rênes. Avant de traverser les portes, il faut que tu saches certaines choses, Sine. Certains des êtres de lumière n'apprécient pas les humains et les considèrent comme inférieurs, donc reste bien à côté de moi, et ne parle que si je t'y autorise. Le roi, Darial est le frère ainé de Rezal, il risque d'être très en colère en apprenant tout ce que tu m'as raconté. Mais ne t'inquiète pas, je serai avec toi, il ne t'arrivera rien.
Sine sentit son estomac se nouer et il ne paraissait pas rassuré. Le grand maitre lui sourit et tapa des talons pour faire avancer son cheval. Arrivés aux portes, ils virent deux gardes massifs vêtus d'armures et d'épées à la ceinture qui se dirigeaient vers eux.
— Grand maitre ! s'écria l'un des deux gardes, surpris. C'est un immense plaisir de vous revoir après tout ce temps !
— Merci, répondit le vieil homme. Je suis venu voir le roi. C'est important. Est-il au palais ?
— Oui, grand maitre. Voulez-vous que nous vous escortions ?
— Non, je suis parti longtemps, mais je saurai retrouver mon chemin.
Le cheval entra au trot dans la cité. Tous les gardes se retournaient vers eux en murmurant : « C'est le grand maitre ! Il est de retour ! »
Sine regardait partout autour de lui. La rue principale qu'ils empruntaient était constituée de lourds pavés de pierre rougeâtre, et toutes les maisons qui bordaient l'artère étaient identiques, avec des murs crème, des portes et cadres de fenêtre en bois peints de rouge, et des tuiles d'argile amarante. Il n'avait jamais vu une ville aussi propre, tout était impeccable. Les habitants souriaient en voyant le grand maitre sur son noir destrier. Au loin, une rangée d'arbres attira l'attention de l'adolescent. Ils étaient blancs et leurs feuilles étaient d'un rouge vif ; Sine n'avait jamais vu d'aussi beaux arbres. Après les avoir dépassés, le grand maitre tira sur les rênes, descendit de cheval et aida Sine à faire de même. Ils se trouvaient devant un immense escalier de pierre entouré de statues de gargouilles terrifiantes, leurs visages ressemblaient à un mélange entre chien et homme. Ils étaient tous vêtus d'armures et tenaient des lances et des épées.
— Nous continuerons à pied, lui dit le grand maitre en attachant son cheval à un des arbres blancs. Le palais royal se trouve au sommet. Ne t'en fais pas, les gargouilles sont les protecteurs du royaume, ajouta-t-il en voyant le visage inquiet de Sine.
En montant les marches, le garçon aurait juré avoir vu une gargouille légèrement bouger. Une fois au sommet, ils se retrouvèrent devant une immense place sur laquelle une nouvelle rangée d'arbres blancs formait un long couloir jusqu'aux portes du palais. Sine se retourna pour admirer la vue. Elle donnait sur tout le royaume, un panorama magnifique de la forêt et des terres alentour ; de là-haut, le cheval lui paraissait minuscule. Le grand maitre lui demanda de se hâter. Sine le rattrapa donc et arriva devant d'énormes portes en bois sur lesquelles étaient gravées des fresques recouvertes d'or. Il observa le palais à s'en rompre la nuque, il était tellement monumental qu'il n'en voyait pas le bout, les pierres blanches scintillaient. Partout flottaient des bannières rouges avec la représentation d'une main en son centre, entourée d'une sorte de halo, tout cela argenté. Ce devait être le symbole de ces êtres de lumière. Plus loin, deux gardes armés de lances se tenaient devant la porte que le vieil homme voulait emprunter.
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1/SINE : Le royaume d'Afradour
ParanormalSine passe son temps à flâner quand il n'est pas au collège ou dans son foyer. Il fait tout pour rester discret, ne pas attirer l'attention, vivre dans le calme et la sécurité. Toutefois, une lumineuse rencontre avec un homme étrange le propulse dan...