1/SINE : Le royaume d'Afradour

LA TREVE HIVERNALE

Sine se réveilla à l'aube, il sortit de son lit et se dirigea vers la fenêtre pour admirer le lever du soleil une dernière fois avant son retour dans l'autre monde. Les mois passés ici l'avaient changé, il avait mûri, et les entrainements physiques avaient métamorphosé son corps. Il ne pouvait s'empêcher de s'imaginer rester bloqué de l'autre côté, dans son monde. Bien qu'il était heureux de pouvoir y retourner, l'académie lumière était véritablement devenue son nouveau foyer, il y était très attaché. Il regrettait presque de devoir la quitter, même pour une si courte période.

Ruffrin ronflait si fort que Sine se demandait comment Moustapha faisait pour dormir si près de lui. Il avait sûrement utilisé un sortilège pour ne rien entendre durant la nuit. Le soleil se leva derrière les montagnes enneigées et cela émerveilla encore Sine, comme la première fois.

— Alors, tu retournes dans l'autre monde ? questionna Azarel dans son dos.

Sine se retourna, l'elfe le fixait de ses grands yeux rouges.

— Oui, répondit Sine d'une petite voix pour ne pas réveiller ses camarades de chambre. Que comptes-tu faire, toi ?

— Je rentre chez moi.

Sine le fixa un moment sans rien dire. Le grand maitre lui avait dit que maintenant qu'il avait volé ce qu'il convoitait, Azarel pouvait quitter l'académie et ne plus jamais revenir. Qu'allait-il advenir de leur groupe si cela se produisait ?

— Tu comptes revenir ? demanda-t-il finalement.

— Bien évidemment, répondit Azarel avant de retourner sur son hamac.

Sine continua d'observer les montagnes pendant un moment, le soleil lui caressait le visage et éclairait la pièce de sa chaude lumière. Ruffrin et Moustapha se réveillèrent quand le cor résonna dans toute la bâtisse et ils commencèrent à préparer leurs affaires en silence. Sine alla réveiller Damos qui, lui, dormait toujours, la bouche grande ouverte.

— Laisse-moi dormir encore un peu, fit-il en s'enroulant dans sa couette.

Mais Sine voulait profiter un peu de son ami avant de s'en aller et continua à le secouer. Il aurait bien aimé avoir une baguette magique comme Adélaïde pour pouvoir lui mettre un coup de jus, cela l'aiderait sûrement à le sortir du lit.

— Allez, réveille-toi ! Je ne vais pas tarder à partir, fit Sine en le frappant avec son oreiller.

Damos s'étira accompagné d'un bâillement sonore, ouvrant grand la bouche et sortant la langue tel un félin. Il se leva et se dirigea vers la salle de bain en trainant des pieds. Sine commença à préparer son sac. Il n'avait pas grand-chose à prendre, uniquement les quelques vêtements que le grand maitre lui avait achetés et sa montre. Damos vint le rejoindre, s'installa sur son lit et resta assis à l'observer trier ses affaires.

— Alors, prêt à m'abandonner, capitaine ? fit-il avec ironie.

— Tu sais bien que j'aurais aimé que tu viennes avec moi.

Azarel déposa son sac près de la porte et les rejoignit.

— Toi aussi, tu t'en vas, Aza ? demanda Damos, dépité.

— Je ne vais pas rester ici, lui répondit l'elfe. Je dois voir mon frère. Mais tu peux venir avec moi si tu le souhaites, le chat.

Sine et Damos furent étonnés par cette soudaine invitation. Cela serait une bonne chose, car Damos aurait l'œil sur Azarel et pourrait en découvrir un peu plus sur ce qu'il comptait faire de cette racine volée. Et si Azarel proposait à Damos de l'accompagner dans son royaume, c'était sûr qu'il comptait revenir pour finir l'année, et cela rassura Sine.