1/SINE : Le royaume d'Afradour

DROLE DE REVE

Le lendemain matin, Sine, Damos et Azarel quittèrent leur dortoir afin de rejoindre Adélaïde à la grande salle pour y prendre leur petit déjeuner. Les trois adolescents eurent du mal à retrouver leur chemin parmi tous les escaliers, tunnels et autres ponts, ils ne s'étaient pas encore approprié les lieux et très vite ils se rendirent compte qu'ils étaient déjà passés par ce corridor. Heureusement pour eux, Moustapha et Ruffrin les rattrapèrent et leur indiquèrent quel wagon prendre. Cela ressemblait, pour Sine, à une attraction de fête foraine. Le petit train noir et or dévalait à pleine vitesse les rails qui serpentaient le long de la montagne, avant de s'arrêter face à un grand escalier en marbre. Les trois adolescents durent continuer à pied. Sur le chemin qui menait à la grande salle, Sine put entendre les chuchotements d'autres élèves. Ils le croisaient en le dévisageant, « C'est l'humain et l'elfe noir », « Regarde ses yeux rouges », « C'est lui qui a le pouvoir du prince », « Ils ont réussi l'épreuve Borgaras ! »

Une fois dans la grande salle, Sine s'installa près d'Adélaïde qui était accompagnée de deux filles. L'une était blonde, elle portait des lunettes rectangulaires rouges et une robe de sorcier vert foncé. La seconde avait un visage parfait, de longs cheveux auburn, tels du cuivre scintillant, et les mêmes oreilles pointues qu'Azarel.

— Je vous présente Nathalie, c'est une sorcière, fit Adélaïde en se tournant vers la fille à lunettes. Et voici la princesse Ezrille, de la forêt bleue.

Ils se présentèrent tous un à un. Azarel et la princesse elfe se saluèrent avec respect et cérémonie, dans le langage elfique, inconnu de Sine. Ce dernier remarqua que le regard de son compagnon resta fixé un long moment sur la princesse Ezrille. Lui qui paraissait insensible à tout, la beauté de la jeune elfe semblait l'hypnotiser.

— On ne parle que de vous dans les dortoirs des filles, leur dévoila Adélaïde.

— Ah oui ? Elles sont toutes tombées sous notre charme, fit Damos, amusé.

— À vrai dire, c'est plutôt de Sine et Azarel qu'elles parlent ! reprit la sorcière.

Damos parut déçu, mais cela ne l'empêcha pas de continuer à se remplir le ventre, comme à son habitude. Sine fut surpris de cette nouvelle, lui qui se sentait invisible dans son ancienne vie, il était désormais le centre d'intérêt de sa nouvelle école.

— Vous avez lu le règlement ? demanda Adélaïde en se servant un verre de lait.

Sine et Damos se fixèrent un moment sans rien dire, les lèvres closes, presque pincées.

— Euh... à vrai dire, on a reçu la visite d'une gargouille, hier soir, répondit Sine. Cela nous a un peu fait oublier le règlement.

— Vous n'êtes pas sérieux ! fit Adélaïde, agacée. C'est très important ! J'ai lu hier que si l'un de nous ne respecte pas l'une des règles, c'est tout notre groupe qui sera renvoyé ! Je ne compte pas me faire exclure à cause de vous, alors, s'il vous plait, lisez-le !

— On le lira, maman, ne t'inquiète pas, rétorqua Damos, la bouche pleine d'omelette au fromage.

Le directeur se leva et s'avança sur l'estrade. Le temps qu'il effectuait les quelques pas nécessaires, toutes les discussions s'évanouirent et un silence absolu se mit en place. Il annonça les répartitions des cours de la journée. Sine perdit son appétit lorsqu'il entendit Halvor dire que les quatrièmes année passeraient la matinée dans la salle verte. Rien de pire que de commencer l'année par des leçons d'épée, ou bien de combats à mains nues. Surtout que Ruffrin et Moustapha leur avaient dit la veille que c'était dans cette salle que les cours étaient les plus compliqués, et que certains élèves finissaient souvent gravement blessés.