LA COURSE DE BALAI

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Le lendemain matin, Adélaïde frappa à la porte de la chambre de Sine. Elle paraissait très inquiète et fut heureuse de voir qu'il allait mieux. Il s'excusa auprès d'elle de s'être enfermé ainsi dans la salle de bain et ils se dirigèrent dans le salon. L'oncle Edgar, tante Émilia et le jeune James étaient repartis aux aurores. Il ne restait plus que la tante Armel, et Adélaïde fut heureuse d'apprendre que sa tante préférée allait rester avec eux jusqu'au Nouvel An. Une fois leur petit déjeuner terminé, Faucon Bleu leur demanda d'aller préparer leurs affaires, car aujourd'hui ils rentraient à la villa. Sine rangea tous les cadeaux qu'il avait reçus dans un grand sac de sport et rejoignit Adélaïde près des grandes fenêtres du salon. Il regarda une dernière fois la vue magnifique de la ville, toujours recouverte de neige, presque avec regret de devoir la quitter.

De retour dans la villa, Sine déposa ses affaires dans sa chambre et Adélaïde vint le rejoindre.

— Ne t'inquiète pas pour New York, fit-elle en se posant sur le lit. On y retourna sûrement cet été. Enfin, si tu veux bien venir chez nous pour la trêve, bien sûr.

— Je... Avec plaisir ! répondit Sine, qui était heureux d'apprendre qu'elle voulait qu'il revienne durant la prochaine trêve. Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?

Adélaïde ouvrit la bouche pour lui répondre, mais s'arrêta net en entendant son père pousser des exclamations de colère dans le salon. Sine et Adélaïde dévalèrent l'escalier. Faucon Bleu tenait dans la main un papier ; un corbeau était posé sur un perchoir, son pelage était noir avec des reflets violets inhabituels. Le volatile avalait des vers que venait de lui donner madame Lesage.

— C'est le corbeau du gouverneur, fit remarquer la tante Armel. Que nous veut-il celui-là ?

— Ils viennent diner chez nous ce soir ! expliqua Faucon Bleu, agacé. Quel culot de s'inviter soi-même ! Ils doivent sûrement vouloir rencontrer Sine. Malheureusement, nous ne pouvons refuser une invitation du gouverneur. Bon, restons calmes, je vais aller en ville nous chercher ce qu'il faut pour le diner. Je compte sur vous pour ranger la maison, il faut que tout soit nickel.

Faucon Bleu quitta la maison précipitamment. Pour la première fois, Sine le voyait énervé et stressé. Madame Lesage et sa sœur changèrent la décoration du salon à l'aide de leur baguette magique. La table en verre disparut et laissa place à une grande table en bois, sur laquelle une nappe rouge vint se poser, suivie de couverts en argent et d'assiettes en porcelaine. Les rideaux bleus, qui devinrent rouges, éclaircirent légèrement la pièce. Les deux adolescents s'éclipsèrent dans la chambre de Sine.

— Ils doivent être très importants pour que ton père réagisse de la sorte, fit Sine une fois de retour dans sa chambre.

— C'est la famille qui gouverne le monde magique de notre pays, expliqua Adélaïde. Je ne les aime pas, ils sont très hautains. Ils font partie des grandes familles de sorciers, l'une des premières à s'être installée en France. Le gouverneur Manfred est sous l'autorité du roi Darial.

Sine fut surpris de l'apprendre.

— Tu veux dire que le roi d'Afradour gouverne les sorciers de notre monde ? demanda-t-il.

— Oui. Autrefois, les sorciers ne vivaient pas dans l'autre monde, mais uniquement dans celui-ci. Notre peuple vivait en paix avec les humains, jusqu'à ce que la chasse aux sorcières débute, dans les années 1500. Les sorciers furent persécutés, torturés et brûlés sur des bûchers. Le roi d'Afradour a ouvert les portes de l'autre monde aux sorciers pour les sauver de l'extinction. C'est grâce aux êtres de lumière que nous sommes encore en vie aujourd'hui.

— Alors c'est pour ça que vous seuls pouvez traverser d'un monde à l'autre ? demanda Sine, intéressé.

— Exactement, mais depuis, tout a changé. Les sorciers n'étant plus chassés, la grande majorité est revenue dans ce monde. Le temps a passé, désormais les sorciers ont leur propre société secrète et vivent paisiblement avec les humains. Voilà pourquoi Manfred veut se détacher de l'autorité du roi et gouverner comme bon lui semble.

1/SINE : Le royaume d'AfradourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant