LA MAISON BORGARAS

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Ce matin-là, Sine se réveilla l'estomac noué. Il commença par se laver avant de rejoindre le grand maitre pour prendre son petit déjeuner. Impossible pour lui d'avaler quoi que ce soit, il resta assis à fixer ses œufs, perdu dans ses pensées.

¬¬— Il te faut manger, lui dit le grand maitre en remarquant son état. La route sera longue, et l'épreuve te sera encore plus difficile le ventre vide.

Sans dire un mot, Sine déposa ses œufs entre deux tranches de pain, croqua dedans et se força à mâcher. Il dut boire de l'eau pour faire descendre le tout, jamais il n'avait été autant stressé.

— Je comprends ton état, mon garçon, mais il faut que tu cesses de te tracasser et de te dire que tu vas échouer, pense positivement.

— Mais maitre, jamais personne ne l'a réussie cette épreuve !

— C'est exact ! Mais toi, tu y parviendras ! Par le créateur ! Je n'ai jamais vu une personne apprendre aussi vite que toi. Te rends-tu compte des progrès que tu as faits ? Moi, je crois en toi, Sine. Je sais que tu ne vas pas échouer. Termine vite ton petit déjeuner, nous avons de la route.

Sine n'était pas très rassuré, mais les mots du grand maitre lui avaient fait du bien. Il savait s'y prendre avec lui, « tout comme Évelyne », pensa-t-il. En repensant à elle, il eut un pincement au cœur. Il alla se préparer en trainant les pieds, il aurait voulu fuir dans la forêt au loin et disparaitre, mais pour aller où ? Cela lui rappelait son premier match de football en club quand il était plus jeune, le stress que cela lui avait procuré, mais là c'était bien différent. Sine reprit ses esprits et rejoignit son maitre à l'extérieur. Celui-ci l'aida à s'installer sur Ombre. Le soleil n'était toujours pas levé et une légère brume léchait le sol.

— Dis au revoir à notre magnifique arbre, fit le vieil homme. Nous ne reviendrons pas ici de sitôt. Allez, Ombre, on rentre à la maison.

Le cheval se mit au galop, Sine regarda le saule pleureur s'éloigner jusqu'à disparaitre derrière les collines. La tristesse l'envahit, cet endroit allait lui manquer.

Plusieurs heures après leur départ, ils atteignirent la lisière de la forêt. Le soleil s'était levé et une douce chaleur matinale s'était installée. Le grand maitre descendit de cheval et invita Sine à faire de même.

— Nous continuerons à pied, dit le vieil homme en s'engouffrant dans le bois, Ombre et Sine derrière lui.

Ils suivirent le sentier qui s'enfonçait dans la forêt, Sine commença à apercevoir un groupe de personnes amassées devant une grande bâtisse au milieu d'une clairière. En la voyant, son cœur se mit à bondir dans sa poitrine. C'était une maison à colombages très ancienne. Les murs étaient aussi noirs que les poutres, ce qui ne la rendait pas très accueillante. Avec le temps, des plantes grimpantes l'avaient envahie, plusieurs fissures s'étaient alors formées, sans pour autant fragiliser la structure. Elle lui rappelait les maisons hantées dans les films d'épouvante, surtout avec le contraste entre la façade noire et la porte d'entrée à double battant d'un solide bois peint en rouge, on aurait dit les portes des Enfers. Mais ce qui le surprit le plus, c'est qu'elle ne disposait d'aucune fenêtre.

— Nous y sommes, lui dit le grand maitre en nouant les rênes d'Ombre à un poteau d'attache près d'autres chevaux. Donne-moi ta montre s'il te plait, la technologie de ton monde est interdite ici. J'aurais dû te le dire plus tôt, mais tu sembles très attaché à ton bracelet, et avec tous ces changements pour toi... j'ai préféré te préserver un peu. Mais maintenant, il te faut t'en séparer. Je te la rendrai plus tard, lorsque tout cela sera terminé, ne t'inquiète pas.

1/SINE : Le royaume d'AfradourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant