Chapitre 10

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Balgor

Les deux jours qui suivirent semblèrent long à Balgor, mais l'homme avait compris qu'ils lui étaient nécessaires. En effet, malgré son temps occupé au repos et au sommeil, son épaule rechignait à cicatriser, et sa tête l'épuisait à force de bourdonner en permanence. Seules ses courbatures s'étaient atténuées. Au moins un point positif dans cette mésaventure.

Givelorn était bien entendu resté à ses côtés. Leurs provisions épuisées, il s'occupait de les nourrir en partant à la chasse. Cela déplaisait à Balgor, mais pour ne pas l'offenser, il mangeait tout de même ce qu'on lui proposait, surtout qu'il aurait été impoli de refuser alors que le chasseur s'occupait de lui.

Un jour devant son dégoût apparent, Givelorn lui avait parlé, et ses paroles avait marqué Balgor de leur sagesse, et avaient influencé de manière significative sa répugnance pour la violence.

- Les loups tuent les lapins, les chouettes mangent les souris, les chats achèvent les oiseaux, avait-il dit. Pourtant, on ne les a jamais blâmer de se nourrir. Il en va de même pour les hommes. Nous chassons pour subsister, comme n'importe quel autres membre de la chaîne alimentaire. Ainsi va la vie, et ton pacifisme n'y changera jamais rien.

- Mais ces cerfs et ces biches n'ont jamais rien demandé, s'égosillait l'homme blessé, ils sont innocents, jamais je ne pourrai me résoudre à les tuer ! Ce serait comme tuer un homme.

- C'est là que tu te trompes Balgor, avait répondu Givelorn. Les hommes chassent pour se nourrir, et combattent pour se défendre. Tuer un homme serait concevable dans le cadre de la défense. Il en va de même pour les animaux. Dit toi que si tu tue un cerf, celui-ci ne tuera pas l'herbe qu'il mange, le feuilles qu'il machonne, et les arbres avec lesquels il se gratte. Végétaux qui sont l'habitat de bien d'autres bêtes et insectes. Ton épée n'est pas un instrument d'assassin tant que tu n'en abuse pas.

- Mais ma vie ne vaut pas forcément mieux que la leur, avait répondu Balgor, qui commençait cependant à comprendre Givelorn.

- Mais comment le savoir ? S'était exclamé le chasseur. Je vais te le dire, on ne le peut pas. Deux prédateurs qui se rencontrent s'affronteront pour défendre leur vie et les leurs. Ils ne se posent pas la question de savoir si leur vie vaut mieux que celle de leur adversaire ! Ils combattent et se défendent c'est tout.

- Mais je ne suis pas un animal, avait protesté Balgor. Les humains sont réputés intelligents, nous pourrions vivre autrement que dans la violence...

- Les plus grands guerriers eux-mêmes sont dotés d'un coeur, répondit doucement Givelorn. Ils savent aimer et choyer, tout en protégeant leur famille et leur pays comme le ferait n'importe qui instinctivement. Le tout est de savoir quand se battre et quand concilier.

La discussion s'était arrêtée là, et Balgor y avait longtemps songé. Il devait avouer que les arguments de Givelorn étaient sensés, et bien plus nombreux que les siens. Et malgré lui, il l'avait convaincu.
C'est pourquoi depuis, il voyait différemment la viande. Il l'a respectait et ne la gachait pas, afin de respecter l'animal qui avait donné sa vie pour la sienne.

Il avait également réfléchit à sa pratique de l'épée. Il avait demandé à Givelorn son aide pour s'entraîner dès qu'ils auraient repris le voyage. L'homme avait accepté de bonne grâce, mais Balgor n'avais sû décripter son expression d'alors.

Le second jour, et le dernier avant de repartir, Balgor, qui se sentait déjà mieux avait aidé son compagnon à entretenir le camp. Il s'était notamment occupé des chevaux, car en plus du sien, il fallait également nourrir, abreuver et soigner la jument de Givelorn.
Celle-ci était gris pommelé, et ses yeux noirs étaient entourés d'une tâche sombre qui amplifiait sa beauté. D'un naturel très calme, elle s'entendait à merveille avec l'étalon de Balgor, et accueillait gracieusement ce dernier quand il s'occupait d'elle. Ce que l'homme appréciait grandement.

La veille, Givelorn avait inspecté l'équipement de Balgor, ainsi que son épée jusque là inutilisée. Il n'avait rien dit, mais lui avait prêté de la graisse pour les cuirs, et une pierre à aiguiser pour sa lame, et Balgor avait compris que ses affaires manquaient d'entretien. Il s'était donc attelé à la tâche le soir précédent ainsi que le matin même, et son attirail avait bien meilleur allure qu'auparavant. Il avait d'ailleurs remercié sincèrement son compagnon pour les prêts.

La date du départ fut donc maintenue.
Le soir, tout était prêt, et il ne restait donc plus qu'à dormir, puis repartir au matin...

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Je crois que j'aime beaucoup Givelorn mais si on ne sait pas grand chose sur lui !

Mais bon, je connais quand même quelques détails intéressants à son propos qui pourraient être dissimulés par-ci par-là...

À Mardi !

Mépris et faiblessesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant