Mépris et faiblesses

Chapitre 12

Balgor

Les loups avaient hurlé toute la nuit, offrant bien peu de répit aux deux hommes, qui avaient guetté anxieusement l'ombre au delà du feu. Cependant quand l'aube pointa, les loups étaient partis sans attaquer, ne laissant que quelques malheureusement empreinte pour prouver leur passage.
Balgor et Givelorn rangèrent leurs dernières affaires après un maigre repas et empaquetèrent le tout sur leurs montures sellées et bridées. Puis, sous le ciel pâle de l'aube, ils s'étaient remis en route.

De temps en temps, ils descendaient de leurs chevaux pour les soulager, et marchaient à leurs côtés. Ils ne firent pas de pause avant que le soleil ne soit couché, préférant manger en marchant pour s'éloigner au maximum des loups et de leurs hurlements.

Bien qu'ils empruntèrent la route, ils ne croisèrent personne. Peu osaient voyager par ces temps troublés, car même si Balgor ne les avait jamais vu, il avait entendu parler de ces orcs, montés sur de grands wargs, qui traversaient le Rohan et pénétraient au Gondor, semant mort et désolation sur leur chemin. Il frissonnait à leur simple pensée.

Sachant cela, il était heureux de voyager avec Givelorn. Ce guerrier du nord avait de l'expérience, et il les menait sur des chemins sûrs à travers le pays qu'il semblait connaître comme sa poche. Il parlait peu, mais ses remarques étaient toujours pertinentes, et emplies d'une sagesse reflétant des décennies d'existence. Chose étonnante puisqu'il paraissait plutôt jeune, d'une trentaine d'années peut-être.

Ses cheveux un peu trop longs salis par le voyage encadraient son visage amoché. Ses vêtements usés couvraient sa peau sombre, et sa cape verte ou brunâtre selon la luminosité, cachaient ses lourdes bottes poussiéreuses quand il marchait. Ses yeux du même vert que les feuilles de chêne au début de l'automne étaient toujours attentifs, et ses gestes assurés et précis demeuraient sans maladresse grâce à une longue expérience. 

Balgor l'admirait, car l'homme reflétait la noblesse d'un peuple ancien et fier, dont la sagesse aujourd'hui oubliée rayonnait à l'apogée de son âge d'or. 

Mais Givelorn n'évoquait jamais son passé. Non qu'il évoquait autre chose, mais le voyageur restait un véritable mystère.
Il n'expliqua pas à son compagnon quelles affaires il était venu mener au Gondor, ni pourquoi il repartait à présent à Fondcombe. Un homme ami des elfes était rare au Gondor, car les elfes vivaient reclus dans leurs forêts les plus sombres à l'autre extrémité du Rohan, et aux delà des Monts de Brume, en Eriador. Ainsi ces êtres étaient peu connus et craints, et même si Balgor avait déjà eut vent de la Vallée de Fondcombe, il ignorait ou elle se trouvait, et qui y vivait sinon les elfes. Apparemment, des hommes y avaient élu domicile aussi, ou au moins y faisaient étape.

- Où se situe Fondcombe exactement ? Demanda Balgor dans l'après midi du deuxième jour de voyage, alors que les deux hommes marchaient aux côtés de leurs montures.

- Au delà des Monts Brumeux, répondit Givelorn. À l'est de Bree et au sud des Landes d'Etten.

Hélas a réponse n'aida pas ou peu Balgor, car ces noms ne lui disaient rien du tout. Devant son air perdu, Givelorn soupira.

- Pour rejoindre la Vallée d'Imladris, reprit l'homme, de Fondcombe en langage commun, nous traverserons le Rohan et rejoindrons sa Trouée, au sud de Fangorn et de l'Isengard afin de traverser les Monts Brumeux. Ensuite nous remonterons au Nord-Ouest jusqu'à rejoindre la Bruinen que nous suivrons, puis la Trouée des Trolls, et enfin Fondcombe.

Balgor n'avait pas tout compris, mais il était déjà un peu moins perdu. Il avait surtout compris que Fondcombe était loin, très loin. Il se félicita d'être partit à cheval. 

À la fin du troisième jour, les deux voyageurs avaient quitté le Gondor pour le Rohan, entrant en Estfold. De larges étendues d'herbes vertes s'étendaient à perte de vue, traversées par la route suivie par les deux hommes. Les chevaux s'égayèrent, et galopèrent un moment sous la selle de leurs cavaliers qui les laissaient aller, tant qu'ils ne s'épuisaient pas. La distance franchie augmenta ainsi sensiblement les jours qui suivirent, une bonne chose puisque les nuits commençaient à fraîchir. 

Comme promis, Givelorn entraîna Balgor à l'épée. Cependant, malgré tous ses efforts, Balgor peinait à l'exercice, gêné par son bras encore fébrile. Ses entraînement étaient donc généralement courts et peu intensifs, pour ne pas ralentir sa guérison. 

Un jour, Givelorn tenta alors une autre approche, et lui proposa donc un nouvel exercice. Délaissant l'épée, il lui donna une branche, assez large mais très légère, et lui demanda d'en trouver le centre de gravité. Avec étonnement, Balgor le situa non pas au milieu, mais au tiers de la branche. Givelorn lui demanda ensuite quel était le meilleurs endroit pour la saisir et là, Balgor hésita un long moment. 

Givelorn le laissa alors réfléchir, s'attelant à une autre activité, et le lendemain, Balgor y songeait encore.

_____
Alors maintenant, quelles sont vos hypothèses ?
À propos de Givelorn ou de la suite...

À Mardi !