10 - Clichés sur clichés

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[Moi] : Salut...

J'ai longtemps hésité avant d'envoyer ce message (enfin, si on peut parler de message)... Je crois que c'était un moyen de montrer à Axel que je suis certes maladroite, distante, que je manque de confiance mais que ce n'est pas pour autant que je ne l'apprécie pas ou que je n'ai pas envie de mieux le connaître.

Bah en fait, j'aurais simplement puis lui dire ça au lieu de 5 lettres et des points de suspension. Bref, c'est fait et je commence à cogiter lorsque Monsieur top model me répond.

[Axel] : Woow, je rêve ? Dis-moi que c'est toi, que c'est volontaire et que ce n'est pas un message automatique que ton téléphone a envoyé seul ? 😂

[Moi] : Je me fends la poire ! T'as avalé un clown ?

[Axel] : Allez c'est bon on peut rigoler un peu non ? T'inquiètes j'arrête. Je veux pas prendre le risque que tu me bloques, t'en es trop capable. Et en vrai, ça me touche que tu m'envoies un message, juste comme ça...
Tu vas bien ?

[Moi] : C'est ça, rattrape-toi... Je vais bien et toi ? Tu fais un truc aujourd'hui ?

[Axel] : C'est en juin Noël maintenant ? Hahaha je te promets que j'arrête.
Je dois accompagner un pote à l'aéroport et après ça visiblement je passe la journée avec toi.

[Moi] : Pfff, qui t'a dit que je te proposais quelque chose déjà ? Je te trouve bien sûr de toi.

[Axel] : Je viens te chercher à quelle heure ?

[Moi] : Ah oui, j'avais oublié que dans le schéma patriarcal par excellence, madame se pomponne avec joie et attend sagement que son valeureux monsieur vienne la chercher au pas de sa demeure. Puis surtout il lui ouvre la portière.
JE viens te chercher, donne-moi l'heure et l'adresse.

[Axel] : Ah je suis ton monsieur ? Quel honneur Halima...

Vous voyez quand les joues chauffent à cause d'une trop forte émotion ? Bah mes joues étaient un four à ce moment là alors qu'il n'était même pas face à moi.

Axel m'a finalement envoyé l'adresse et l'heure à laquelle il serait disponible. N'habitant pas loin de l'aéroport, il ne prendrait pas trop de temps à déposer son ami.

Je vais donc me préparer et j'opte pour un total look blanc, short façon tailleur, chemise oversize et sandales à talons jaune citron.
Un baume à lèvre teinté prune, pas de maquillage car je ne me maquille jamais et je décide d'attacher grossièrement mon afro en chignon haut.

Je me regarde dans le miroir et je me trouve plutôt pas mal !
{On se demande bien pourquoi est-ce que tu veux être pas mal, ou plutôt pour qui}
Je remets tout de suite ma conscience à sa place, car pour le coup j'ai toujours adoré me faire jolie par les vêtements... Mais si ça peut plaire à Axel, c'est vrai que je ne dirais pas non.

11h42, devant son appart studio

[Moi] : Je suis devant, tu peux descendre, 108 noire.

- Hey... Commence-t-il en ouvrant la portière avant de se stopper dans son élan. Wow, t'es... truc de ouf comment t'es belle.

- Arrête, ai-je marmonné, gênée. Enfin, merci... Ouais, merci. Allez monte au lieu de tenter de me mettre mal à l'aise ! finis-je pour me reprendre.

- On va où ? Dit-il en attachant sa ceinture. Ah c'est bon je sais. À la mairie ?

- Qu'est-ce que tu veux qu'on aille faire à la mairie ?

- J'en sais rien... Ça te va bien le blanc, tu sais ? me fixe-t-il avec son sourire en coin, fier de son allusion.

- Haha j'aurais dû me douter que tu sortirais une bêtise. Tu vas devoir faire tes preuves avant monsieur Top Model.

Le trajet s'est fait dans la bonne humeur et la rigolade.
Après presque 1h de route, je me gare à l'entrée d'un grand espace vert que j'affectionne tout particulièrement pour son calme et son petit ruisseau.

- Bon, c'est pas super original voire pas du tout mais, il fait beau donc je me suis dit qu'un pique-nique serait sympa. Et puis ici c'est assez calme et apaisant, j'y viens de temps en temps quand j'ai rien à faire mais ça me faisait plaisir de t'y emmener...

- T'as pas besoin de faire de dissertation pour que je kiffe passer du temps avec toi Halima.

Faut vraiment qu'il arrête de ponctuer ses phrases avec mon prénom, c'est beaucoup trop attirant...

- Non mais... Il pose son doigt sur ma bouche et y joint la parole.

- Chut, et laisse-moi t'aider à porter tout ça. Il se saisit du grand panier repas dans lequel j'ai mis tout ce que j'ai préparé et je récupère la grande natte et les poufs que j'ai prévus pour notre confort.

Nous trouvons un coin assez calme où nous nous installons.

- Voilà, je pense qu'on est bon, t'en pense qu... Mais qu'est-ce que tu fais ? Hahaha donne-moi ton satané portable ! T'as intérêt à effacer toutes les photos que t'as prises ! Je tente de récupérer son téléphone mais il tend sa main vers le haut.

Ne m'avouant jamais vaincue, je sautille autant que je le peux pour récupérer l'appareil et en fait je n'avais pas remarqué que notre différence de taille était si flagrante, grrr !

- Tu vas me le payer, dis-je en lui tournant le dos pour aller m'asseoir sur la natte, dégoûtée de ne pas être parvenue à mes fins.

De sa main gauche, il me saisit rapidement par la hanche, toujours derrière moi et me montre l'écran qu'il tient dans sa main droite.

- Regarde, chuchote-t-il, elles sont trop belles. T'es trop belle, je crois que tu t'en rends même pas compte gogole.

- Axel ou l'art de gâcher un compliment avec un seul mot !
Je te remercie pas du coup ?

- Non sérieusement, si tu préfères que je les efface je le fais, mais...

- C'est bon, pas besoin de dissertation pour que je t'autorise à garder ces photos, je continue alors que nous nous asseyons. Juste un truc, parce qu'on vous connait vous les artistes torturés d'aujourd'hui. Rien sur aucun réseau social avec des descriptions de demeurés incompréhensibles.

- Hahaha mais demeurée toi-même ! C'est moi que tu traites d'artiste torturé ?

- Ouais et tu ne vas rien faire ! Dis-je, le défiant du regard.

Je me rends compte que nous sommes désormais très proches.

- Ce n'est pas l'envie qui m'en manque pourtant... Répond-il en soutenant mon regard.

On continue de se fixer, sans parler... Et je crois bien que le soleil est à son zénith à cette heure-ci, non ?...

Halima, raconte !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant