12 - Deux salles, deux ambiances

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On finit par se détacher et laisser place au silence... Je n'ose pas regarder Axel alors que je sens son regard sur moi.

- Ça va ? Commence-t-il avec moins d'assurance qu'à son habitude.

- Hum oui.

- Moi aussi ça va grave bien, merci. C'est trop mignon de demander...

De là on éclate de rire et l'atmosphère se détend.

- Bon, je... Je vais y aller. Je lance, peu sure de moi car je suis toute chamboulée et je me pose une tonne de questions, dont la fameuse "on est quoi toi et moi ?"

- Ça dépend de toi Halima.

- De quoi tu parles ? Je balbutie après un petit sursaut interne. Il lit dans les pensées ou quoi ?

- La question que tu te poses depuis tout à l'heure et que tu n'oses pas me poser. T'as les cartes entre tes mains, moi je suis déjà au clair sur ce que je veux... Je suis au clair depuis le premier jour où je t'ai vue.

- Je... D'accord...

- Arrête de cogiter, détends-toi. Je te mets pas la pression, ok ? Me dit-il avec son éternelle douceur.
Si pour toi c'est pas clair ou trop rapide, je t'en voudrai pas. Je suis là et je bouge pas. Et si tu me jettes, bah je m'en remettrai. Bon, j'aurai le seum mais je m'en remettrai... Mais j'aurai le seum hein, beaucoup. Insiste-t-il en riant avant que je le rejoigne dans son rire.

- Au lieu de tout ça tu peux pas juste agir comme le beau et romantique jeune homme que t'es ? Je te rappelle que t'as une réputation à alimenter...

- Ok madame. Est-ce que tu veux sortir avec moi Halima ? Me demande-t-il en me regardant droit dans les yeux, sourire en coin.

Je souris largement, amusée par l'aspect adolescent de la situation.

- Ah voilà ! Là je retrouve le top model, le gendre idéal que t'es ! Je ris.

- Heureux que ça t'amuse hein mais j'ai droit à une réponse quand même ?

- Oui, je veux bien... mais seulement s'il y a un contrat d'exclusivité. Ça te va ?

- T'es tarée pour de vrai putain. Ok pour le contrat.
Quant à toi, t'as plus le droit de me ghoster et de ne plus me répondre, s'il te plaît. L'air presque de me supplier du regard sur ces quatre derniers mots.

- Je vais faire des efforts...

- Je peux avant que tu partes ? Me demande-t-il en suivant le contour de mes lèvres de son doigt.

- Oui.

Une fois notre baiser achevé, il sort de la voiture avant de me rejoindre côté conducteur. Je baisse la vitre qui nous sépare et il me prend la main pour la caresser de son pouce. Je ne pensais pas qu'on puisse être d'une telle douceur. Ça me retourne.

- Tu fais attention sur la route et tu m'envoies un message quand t'arrives, ok ?

- Ok. Je réponds en souriant, attendrie par ses attentions.

Il tourne ses talons, s'apprêtant à entrer dans son hall d'immeuble.

- Axel ?

Il se retourne.

- Merci de m'avoir demandé si j'étais consentente avant de m'embrasser. Ça change tout. Absolument tout. Je le regarde droit dans les yeux.
Allez rentre...

Il me sourit avant de disparaitre dans son hall. Je démarre et prends la direction de mon petit cocon.

2 mois plus tard

Avec Axel, tout se passe bien. On essaie de se voir dès qu'on le peut et je fais des efforts pour ne jamais ignorer ses messages et appels.
C'est tout nouveau pour moi, une personne qui, plusieurs fois par jour, se préoccupe de savoir si je vais bien. Il est si adorable que je finis par tout remettre en question.
Comme à chaque fois que je le fais, j'abandonne mon téléphone et je reste enfermée. Des heures, des jours...

Je fais le point avec moi-même et je déroule la liste de toutes les raisons pour lesquelles il n'a rien à faire avec moi :

- Je suis physiquement banale alors qu'il est l'incarnation d'Apollon.
- Il est jovial, posé, sociable alors que je suis impulsive, renfermée et que je ne contrôle pas mes émotions.
- Il prend soin de moi alors que je ne sais pas l'apprécier à sa juste valeur.

En fait, il est normal alors que je suis complètement paumée et mentalement en vrac.
J'ai besoin d'être seule.

[De Axel] : Ça fait 2 jours que tu filtres les appels et que tu me laisses en "lu". J'ai capté que tu les ouvrais pour me rassurer mais j'attends une réponse pour comprendre ce qui se passe. Tu casses la tête Halima, je sais pas ce que tu cherches.

[De Axel] : Si j'ai fait un truc dis-le moi au moins, mais j'ai cherché et je vois pas.
Tu me fais vriller putain...

La vérité ? C'est que lorsque je suis dans ces phases sombres, j'ai terriblement envie d'être entourée mais plus que jamais envie d'être seule avec moi-même.
Ça a commencé par une simple pensée et ça a fini par moi, qui me contente de prendre une douche, changer de pyjama, me remettre au lit et y rester toute la journée.
Il a raison, il n'a rien fait et j'ouvre ses messages pour qu'il sache que je suis en vie.
Répondre est au-dessus de mes forces, et puis il ne sait pas tout ça... Ça lui donnerait une autre raison de me laisser.

[De Axel] : En fait tu te fous de ma gueule. Je t'ai demandé une seule chose Halima, une seule : de ne pas me laisser sans réponse. Je peux tout entendre mais le silence, non.
Je suis vraiment con donc pour éviter de l'être davantage je préfère abandonner.
JE te cours après depuis 2 jours pour savoir si TU vas bien. Tu te rends compte que c'est absurde ou pas ?
Vas-y, je sais même pas pourquoi je t'écris des romans, tu mérites pas que je m'explique. D'ailleurs j'ai pas à le faire parce qu'en vrai t'as abandonné bien avant moi, ce serait à toi de t'expliquer mais t'auras ni le courage ni le respect de le faire.
Bonne chance à tes futurs patients, qui auront une psy qui ne voit que son nombril et qui laisse tomber les gens sans même se soucier de ce qu'ils peuvent ressentir.

Wow... celui-là me fait mal, il m'achève. Si tu savais Axel...

J'ai essayé, je l'ai voulu très fort... Que ça marche, que ce soit doux et paisible. Je finis toujours par rendre difficile ce qui peut être simple.
J'ai tellement peur de tout faire foirer que c'est cette peur qui finit par tout briser, comme là.
Je ne veux pas le perdre, mais je suis paralysée, incapable de lui répondre.


Halima, raconte !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant