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1 heure plus tard

- Tu veux rentrer tout de suite ou je peux te kidnapper pour la soirée ?

Je sors mon portable et le prends en photo, ainsi que la plaque de sa moto.

- On peut y aller. Si je ne suis pas rentrée avant minuit , les autorités seront à ta recherche. Lui dis-je très sérieusement.

- Je ne sais pas si c'est toi qui devrais avoir peur ou moi finalement. Rit-il.
Tiens.

J'enfile le casque qu'il me tend et nous nous installons. Il me demande juste avant de démarrer si ça ne m'intéresse pas de savoir où il m'emmène.
La réponse est non, parce que je connais déjà sa réponse.

- Non, tu vas me répondre que c'est une surprise, comme dans tous les films romantiques clichés, puis nous allons nous retrouver soit dans un parc d'attractions soit sur un merveilleux toit parisien, où tu vas quand t'as besoin de réfléchir. Mais t'inquiètes, ça me convient. Juste, j'espère que tu ne fumes pas. Non, parce que le beau gars un peu tourmenté fume toujours dans les films, sauf que je préférerais éviter cette option là.

Il me regarde avec un énorme sourire à travers le rétro et je me rends compte que j'ai peut-être débité quelques âneries que j'aurais dû garder pour moi... oups.

- Film romantique donc ? Ok je prends. "Beau gars" aussi je prends. Par contre "cliché", ça me vexe donc je vais te prouver le contraire et esprit sain dans un corps sain, je ne fume pas.
Accroche-toi...

Le trajet est un peu long mais loin d'être désagréable. Il sent bon, un parfum doux, léger, avec une note boisée. J'aurais presque envie de poser ma tête sur lui et m'endormir. Mais c'est là qu'il décide de s'arrêter.
Dommage je commençais à rêver.

Bon, perdu. On n'est ni dans un parc d'attractions ni sur un toit parisien. En fait je reconnais cette ville, limitrophe à la mienne et je peux vous dire qu'elle ne ressemble en rien à une comédie romantique. À moins qu'elle ne soit réalisée par Grand Corps Malade, éventuellement.

- Viens, c'est au 5ème étage. Tu vois beauté, Axel ne connait pas le cliché.

- Ouais bon, un cliché en chasse un autre. J'attends de voir.

Axel passe devant moi pour ouvrir la porte de cet appartement qui, je le sais, n'est pas le sien vu qu'il ne vit pas dans cette ville.
On entre dans un appartement qui, à première vue, est tres classique. Mais en fait, en entrant dans les autres pièces je comprends rapidement que c'est une sorte de studio photos.

- Hum, alors c'est ici que l'égérie Dior Homme tourne ses campagnes de pub ?

- Tu ne t'arrêtes jamais hein... Ne crois pas que j'ai pas compris que l'humour est ton arme contre ta timidité Halima.
Et pour répondre à ta question, non. Mais c'est ici que la prochaine égérie 'J'adore' de Dior tournera sa campagne. Sous mon objectif. Sourit-il.

- Je ne t'imaginais pas derrière l'objectif. Je te voyais plutôt sous le feu des projecteurs. T'as le physique type.

- Eh non, tu vois que je ne suis pas un cliché... je préfère les prendre.

- Oula, plus jamais celle-là. C'est presque gênant.

- Ok poubelle. Je la trouvais stylée pourtant.

- Non, je t'assure... Non.

Et on éclate de rire sur cette blague plus que douteuse. De là commence une longue discussion sur ce qui l'a poussé vers la photo.

- Une passion qui te vient de quelqu'un ?

- Rien de tout ça. En fait ça fait pas si longtemps que ça que je shoote. J'ai commencé par shooter l'extérieur, les paysages, etc. Puis j'ai voulu tenté d'intégrer des personnes et je me suis dit pourquoi pas faire un petit studio. Sans trop d'argent c'est chaud d'en louer un vrai donc j'ai créé le mien avec les moyens du bord. Paris c'est loin...

- Pas si loin que ça, j'en suis sûre...
Et donc ça te vient d'où ?

- À la base c'est pas une passion. Ahah fais pas cette tête, laisse moi finir.
En fait, je voulais avoir un talent. J'avais envie de faire quelque chose dans ma vie. D'accomplir un truc et de le faire bien. Il y a 1 an, je savais même pas utiliser un appareil photo et j'ai appris. Aujourd'hui j'essaie de m'améliorer un peu chaque jour et qui sait...

- Paris... C'est pas évident de ne pas se sentir exceptionnel. De se dire qu'on est juste pas mal, bien mais banal. Qu'on se débrouille mais qu'on ne sortira jamais du lot. Je savais que pour ça il fallait un talent (et encore) mais d'aller le chercher, c'est fort.

- T'as pas l'air de voir de toi ce que les gens voient Halima. T'as un talent qui n'est pas donné à tout le monde... Me dit-il en me regardant droit dans les yeux.

- Je... minuit, gare à toi Axel.

- Ahah, par contre on repassera pour tes talents d'esquive subtile... On mange puis je te dépose. Mais à cette heure-ci je te prierai de me donner ton adresse. Il est tard et t'auras plus de bus à la gare.

- C'est d'accord.

Après ça, nous avons discuté de tout et de rien en mangeant puis Axel m'a déposée au pied de mon bâtiment.

- Voilà Cendrillon... 23h51, on a même de l'avance.

- Un vrai prince. Merci... pour cette soirée. C'était cool. Tu m'envoies un message quand t'arrives ?
Je lui dis au revoir de loin et m'apprête à entrer dans mon hall.

- Je prends ça pour un oui ?

- Comment ? Je me retourne sans trop comprendre où il veut en venir.

- Vu que tu gardes le casque. Je prends ça pour un oui pour une prochaine fois ?

J'éclate de rire avant d'aller lui rendre le casque.

- Pas si vite Axel...

Je rentre chez moi, et pour la première fois depuis longtemps, je me dis que j'ai vraiment aimé cette journée.
Et en plus, il a tenu parole car il est 23h56.

Halima, raconte !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant