17 - Je veux qu'on rêve

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Depuis qu'il est là, j'ai honte. Je me dis qu'encore une fois, je me suis mise dans un état pas possible, sans raison particulière. Encore une fois, j'ai préféré fuir plutôt que d'exprimer mes craintes. Tout allait bien et j'ai pris peur, sans aucune raison. Je l'ai rejeté, ignoré alors qu'il ne demandait qu'à me comprendre.
J'ai honte car malgré tout ça il est là, devant moi. J'ai fui lâchement et il ne s'est pas arrêté à ça.

- Je veux que t'ouvres tes oreilles et que tu m'écoutes très attentivement Halima, sans me couper.
Me dit-il fermement mais avec douceur, avant de poursuivre.

Je t'ai vu et j'ai su que t'allais faire partie de ma vie. Je ne savais pas comment j'allais me débrouiller pour que ça arrive parce que t'avais l'air très fermée mais je savais que ça arriverait.
Il marque un temps d'arrêt et me regarde. Il suffit qu'il pose son regard sur moi pour que je me demande pourquoi je me suis infligée ces 3 semaines sans lui. Je suis tellement bien quand il est là.

C'est finalement arrivé et tu vois, ça faisait 2 mois que ça se passait très bien. En tout cas c'est ce que je pensais...

- C'est pas t...

- Non, tu me laisses finir. Donc je disais, j'avais l'impression que ça se passait bien mais de toute évidence, j'avais tort. Je t'ai dit que je savais ce que je voulais mais je sais pas ce que tu voulais toi. On est peut-être allés trop vite, on n'a pas appris à se connaître assez ni à savoir ce qu'on attendait de l'autre.

Je rêve ou il est en train de rompre là ?
{Dit celle qui l'a ghosté pendant 3 semaines}.

Je veux être avec toi Halima, je saurai pas t'expliquer d'où ça vient mais je nous sens liés. Par contre, on a peut-être mal commencé. J'ai suivi mon coeur et j'imagine que toi aussi. C'est probable que je me trompe hein mais je pense que t'es impulsive, que tu suis ton instinct et réfléchis beaucoup après coup, peut-être que là, t'as réfléchi après coup, que tu t'es rendue compte que ce n'est pas ce que tu voulais et que t'as pas su comment me le dire... ou sinon, il y a un truc grave et j'estime que si j'ai une place dans ta vie, je suis en droit d'être au courant. 

Je l'écoute attentivement et je prends sur moi pour ne pas le couper comme il me l'a demandé.

Je te le répète, je peux entendre beaucoup de choses Halima, il souffle, la tête entre ses mains et marque un arrêt avant de me regarder droit dans les yeux... Mais le silence, je peux pas. Tu peux pas partager ta vie avec des personnes, qui tiennent à toi, et les laisser s'inquiéter sans donner aucune nouvelle. Et moi j'aurais jamais dû laisser passer trois semaines avant de venir te voir, je suis désolé pour ça... pour ça et pour ce que je t'ai dit. Je vois bien que t'as pas voulu me blesser et que t'es mal. Si je compte juste un peu pour toi, explique-moi. S'il te plaît.

Un silence s'installe, je cherche mes mots. Pendant tout son monologue, une pensée n'a pas quitté mon esprit : Je ne veux pas le perdre.                                                                                                              En fait, ça sortira comme ça doit sortir. Je crois que je peux lui faire assez confiance pour ne pas avoir à peser mes mots, j'ai envie de lui faire confiance.

- C'est à moi de m'excuser Axel. De nous deux c'est moi qui ai mal agi. Tu m'avais demandé de ne jamais te laisser sans nouvelle, j'ai promis d'essayer et... je ne l'ai pas fait. Je le regarde et marque une pause avant de reprendre, hésitante. En fait si, j'ai essayé mais je n'ai pas réussi, je te promets que j'ai essayé mais c'est plus fort que moi, quand tout va bien je fais tout foirer parce que j'anticipe le moment où tout va s'arrêter, le moment où ça tournera mal. Ça finit toujours par mal finir. T'as absolument rien fait de mal et j'ai toujours été sincère avec toi, je n'ai jamais voulu te blesser mais évidemment j'ai tout fait de travers. Je n'ai même pas d'excuse donc je vais pas en inventer. Je suis juste moi, pas super équilibrée, pas trop sure de moi et ça m'arrive régulièrement d'être anxieuse au point de tout couper, parce que je prends peur...

- Peur de quoi ?  Il me demande, avec son éternelle douceur qui me retourne à chaque fois.

- De m'attacher puis d'être abandonnée, de ne pas être comprise, de ne pas être à la hauteur de ce qu'on attend de moi, d'être trop ou pas assez, qu'on finisse par se rendre compte que finalement, je ne suis pas si intéressante... des gens, juste des gens. La société, je ne sais pas faire.

Je m'arrête, souffle un coup car c'est la première fois que je confie ça à quelqu'un et je crois que ça me fait du bien. Oui ça me fait du bien de l'avoir verbalisé. Je n'ai aucune idée de ce qui va suivre ni de ce qu'il pense car je préfère regarder mes pieds plutôt que de le regarder lui... Un silence s'en suit et ça ne fait qu'accentuer mon stress, puis il finit par le rompre.

- Regarde-moi Halima s'il te plaît.

C'est fou comme mon prénom sonne bien lorsqu'il sort de sa bouche.

{Concentre-toi}

Je lève enfin les yeux vers lui, avec peu d'assurance.

- T'es juste trop sensible pour ce monde. Il sourit plein de bienveillance avant de reprendre, c'est loin d'être un défaut même si c'est ce que les gens et la société veulent nous faire croire. Je ne suis ni les gens ni la société et sans vouloir me vanter, je sais reconnaitre quand une personne est précieuse. Je te jure que ta sensibilité n'est pas une faiblesse et que t'es bien plus résiliente que tu ne le penses.

- Comment tu peux me dire ça après tous mes pétages de câbles. Tu méritais pas que je te laisse sans nouvelles et sans explications. Je suis vraiment désol...  Il me coupe.

- On va arrêter les excuses ok ? Je ressens peut-être pas ce que tu ressens mais je l'entends et je le comprends, bien plus que tu ne le penses. Alors je te dis pas que ça va toujours être tout rose et parfait mais je te promets que je te jugerai jamais pour tes insécurités. T'as le droit de vouloir de l'espace, de vouloir être parfois seule, de vouloir te confier ou pas. Juste, je suis pas devin. Je peux comprendre à condition que tu me parles. On aurait pu s'éviter tout ça, toi comme moi. J'aurais pu te mettre plus en confiance ou tout de suite venir désamorcer le truc et toi t'aurais pu me répondre en me disant que t'avais besoin d'être seule pendant un moment. Il faut juste qu'on se parle en fait.

Je l'écoute parler et je réalise effectivement qu'on aurait pu s'éviter tout ça, que je ne devrais pas refuser le bonheur qui se présente à moi par peur d'avoir éventuellement mal par la suite.

On est un peu novices mais on peut apprendre ensemble non ?

- Tu veux vraiment encore de moi après tout ça ?

- Je veux surtout que t'arrêtes de te dévaloriser et que tu puisses te voir comme je te vois. Dit-il en souriant.

- Et tu me vois comment ? 

- Comme une sorcière qui m'a envoûté ? Une perle super précieuse et rare ? Je sais pas trop, un peu des deux. 

On se met à rire et ça me détend instantanément. Sa présence est toujours source de quiétude.

- Je ne veux pas qu'on se brise Axel... Je reprends plus sérieusement.

Il me prend les mains et les caresse du bout de ses pouces.

- Et je veux qu'on rêve ensemble autant qu'on se rassure sur nos cauchemars. 

Je le serre fort dans mes bras, comme pour ne pas qu'il s'en aille, comme pour imager mon soulagement, comme pour lui dire avec les gestes ce que les mots ne suffisent pas à exprimer.

- S'il te plaît, fais-moi confiance et ne me laisse jamais sans nouvelle, je ne sais pas gérer le fait de ne pas avoir de signe de mes proches... moi c'est ça que je ne sais pas faire. Murmure-t-il, fébrile, dans mon oreille, en faisant référence à ce que je lui ai confié juste avant.

- Je te le promets... pas d'essayer cette fois. Je te promets de te dire les choses. J'ai énormément de défauts, mais ne pas tenir mes promesses n'en fait pas partie. Je ne dis pas que je serai toujours disponible et de parfaite humeur mais je te ferai toujours signe quand ça n'ira pas.

- Tu m'as tellement manqué sorcière. Dit-il alors que je me blottis contre son torse pendant qu'il m'encercle de ses bras.

Il embrasse mon front et on reste là, sans rien dire, en laissant planer un silence rempli de quiétude. C'est tout lui, il est beauté, quiétude et douceur.




Halima, raconte !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant