2 - Je vais être en retard...

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Les vacances sont enfin là ! Nous sommes début mai et je viens de finir mes partiels. Cette année je ne compte pas partir, j'ai donc demandé à mon responsable de m'ajouter des heures.
En temps normal, je travaille les mercredis dans un magasin de déco. Désormais j'y serai les mercredis et les dimanches.

Pour le reste, histoire de ne pas passer des vacances aussi monotones que le reste de l'année, j'ai décidé de m'inscrire à un atelier théâtre de 3 mois. C'est un peu le grand saut pour l'éternelle timide que je suis. Je flippe complètement mais j'ai super hâte !

........

J'ai oublié ma carte ImagineR. Résultat, j'ai dû retourner chez moi, résultat bis, j'ai raté le bus, résultat bis bis, je vais sûrement être en retard à mon deuxième cours de théâtre.
Et pour couronner le tout, mon ascenseur met toujours des lustres à arriver mais on n'est plus à ça près...

Je trace dans ma rue, sans trop regarder ce qu'il se passe autour et là je sens un regard un peu insistant, pas insistant dans le genre flippant ou lourd mais dans le genre déstabilisant. C'est un gars que je n'ai jamais vu. Je suis dans ce quartier depuis seulement 2 ans mais il doit être nouveau. Il me dit bonjour, je lui répond et je continue ma route. Je ne calcule personne ici et personne ne me calcule, ça se limite à des salutations chaleureuses avec mes voisins directs, sans plus.

Je suis arrivée en retard à l'atelier mais pas tant que ça finalement, ils étaient encore en train de refaire le jeu des présentations, similiaire au premier cours, pour des nouveaux.
Ça a été un cours sympa, j'aime bien mais comme partout j'ai du mal à me sentir à ma place...

... : Hey Halima, du coup t'es arrivée après mais avec la "troupe", dit-il en feignant les guillemets, on s'est dit qu'on irait bien boire un verre après l'atelier. Ce serait cool que tu viennes.

Moi : Euh, ouais ok, pourquoi pas, merci.

Du coup après le cours je me suis fait violence, j'ai battu la timide en moi et suis allée "boire un verre" (cette expression m'a toujours fait rire) avec "la troupe". C'est ma politesse et ma gentillesse qui m'ont poussée à accepter l'invitation d'Axel. Je ne savais plus si c'était Alex ou Axel, j'ai eu confirmation sur le chemin vers le bar où ils avaient décidé d'aller.

On marche un petit quart d'heure, on est 6 (Axel, Denise, Lilia, Darel et Mathis) et les discussions vont bon train. Moi j'écoute plus que je ne parle, je suis comme ça.
Je me stoppe à un moment pour refaire mes lacets en posant le pied sur un banc, au moment où mon téléphone sonne. Sûrement une pub mais je fais genre...

Moi : Avancez, je vous rattrape. Je dois écouter un message.

Axel : Bah allez-y, je vais attendre avec toi, au pire on se perdra à deux, rit-il.

Ok, c'est bon je suis maxi gênée. Frère, on ne se perdra ni à deux ni à un et demi.

Moi : Haha, on mettra le GPS.

Les autres ont avancé et on les a suivis de pas trop loin. Je parlais avec Axel. Il est sympa Axel. Je pense qu'il a vu que j'étais assez réservée et a dû se dire que je parlerais sûrement plus facilement en étant juste deux. Ce qu'il ne sait pas c'est que moins on est, plus je suis gênée. Je suis du genre à ne pas savoir quoi dire quand on est juste deux dans une pièce. Vous voyez le délire ?

La petite sortie était cool, ni plus ni moins. Les bails de sortie au bar, ce n'est pas trop dans mes habitudes, déjà parce que je ne bois pas mais aussi parce que, parce que rien en fait.
J'ai au moins fait un effort d'intégration, puis ils sont gentils.

On s'est tous dit au revoir devant le bar, j'allais prendre mon métro pour rentrer dans ma zone.

Axel : Quel arrondissement Halima ?

Moi : Celui où on lève les bras si on est forts. Mais tu ne sauras pas vu que tu n'as probablement pas la réf.

Axel : Ah ouais, là où c'est la fin des haricots, où y'a plus de lovés ?

Moi : Haha mais je t'ai sous-estimé en fait, mea culpa !

Axel : Je vois ça, c'est très vexant... RER B ?

Moi : Oui.

De là on a fait une partie du chemin ensemble et j'ai bien apprécié sa compagnie. Il est drôle et ne semble pas prise de tête. Je pense qu'on pourrait bien s'entendre. Il m'a appris qu'il a 24 ans et qu'il est étudiant en STAPS. Il n'habite pas trop loin de chez moi.
Et moi qui l'imaginais en petit Parisien du 14ème, école d'arts ou de commerce. J'ai un peu honte de ce cliché que je lui avais collé juste parce qu'il a la tête de l'emploi. D'ailleurs, il a un joli minois. Ouais, il est très beau même, je l'ai remarqué dans le train. Il pourrait carrément être l'égérie d'une pub de parfum.

Axel : Bon je descends là, à la semaine prochaine Halima. Essaye d'être à l'heure cette fois, se moque-t-il.

Moi : Oh ça va, pour 10 pauvres minutes lol. Passe une bonne soirée Axel.

Halima, raconte !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant