VI.

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Un matin, en donnant son bain à Heliam Je accidentellement renversé du lait de toilette sur la veste d'Harry. Il dort paisiblement sur le divan dans le salon principal. Le pauvre n'a pas fermé lil. Heliam a pleuré toute la soirée. Je saisi sa veste pour la nettoyer dans la salle de bain. En passant un coup déponge sur la face interne de la veste, je touche un bout de papier froissé. Je le prends, et en voulant le mettre dans la poubelle, je remarque quil y a une inscription dessus. Un petit mot qui dit « Sois fort mon amour, ce sont des choses qui arrivent. En plus ce n'est pas la première fois. Si tu as besoin de réconfort tu sais où me trouver. »

L'infidélité Harry est devenue une évidence. Je lui en veux terriblement. Non seulement il voit une autre femme, mais en plus de cela, elle a accès à notre intimité. Après avoir endormi Heliam, je débarque au salon telle une furie. Je réveille Harry en le traitant des pires choses qu'il soit.

-De quoi sagit-il ?

-Tu es une sale ordure ! Comment tu as pu me faire ça ?

-Tu recommences avec ta jalousie maladive !

-Pas cette fois ! D'abord monsieur rentre tard du travail, ensuite il se ramène avec des parfums de femme sur les vêtements et là je découvre un mot amour dans sa veste. Que vas-tu encore inventer ?

Au même moment son téléphone, posé sur la. table, sonne. C'est Monica.

-Elle veut quoi celle-là ? Elle te verra à l'entreprise tout à l'heure, pourquoi elle tappelle ?

-Tu peux te calmer oui ! Cest pour le travail justement quelle me téléphone.

En prenant son téléphone, il décroche et sort discuter sur la terrasse. Il y reste plus dun quart dheure. À travers la baie vitrée, je le vois discuter au téléphone, la mine crispée en faisant des rondes sur la terrasses. Pourquoi cet appel le met aussi mal à laise ? Pourquoi est-il évasif lorsque je lui pose des questions sur ses retards ? Pourquoi me délaisse-t-il autant ? Tant dinterrogations qui me rongent lesprit. Son coup de fil séternise, ce qui magace fortement. Je décide de mettre un terme à notre discussion et de le laisser dans le salon. Je monte me coucher auprès d'Heliam et je m'endors.

Tôt dans la matinée, Harry prend un bain, s'apprête et se rend au travail. Je me lève quelques temps après. Je fais ma valise, décidée à aller rester chez ma mère pendant quelques jours. Depuis la naissance d'Heliam, elle a passé l'éponge sur ma fugue avec Harry et sest rapprochée de nous. Je lui en ai énormément voulu de mavoir abandonnée tout ce temps, sans aucune empreinte maternelle, sans aucun repère parentale, seule, livrée à moi-même et aux vices qui règnent dans lenvironnement hostile avec lequel nous devons cohabiter désormais, la rue.

Je suis la fille dun des hommes les plus aisés de cette ville, du moins lorsquil létait. Pourtant je peinais à me nourrir. Jaurais pu me prostituer, tomber dans lalcoolisme, la consommation de diverses drogues mais encore la liste des choses que jaurais pu faire nest pas exhaustive. Jai dû développer linstinct de survie car mes parents mont rejetée. Jai connu des amis de Harry qui ont touché à des substances illicites lorsque nous étions plus jeunes et aujourdhui certains roupillent derrière les barreaux, dautres sont dépendants et enchaînent les cures de désintoxe mais le plus dur demeure ceux qui ont malheureusement perdu la vie à cause de ces drogues. Laisser un adolescent à la rue, cest lenvoyer droit en enfer. Cest lui demander de grandir avant lheure, de faire des choix drastiques sans quil nen mesure ni les risques ni les répercussions. Cest lui montrer trop tôt la face sombre du monde, de la société, des gens.

Cependant, tout ceci est une histoire ancienne. Aujourdhui je ne veux pas que mon fils grandisse sans connaître ma mère. Cest loccasion pour nous de renouer nos liens et de passer du temps ensemble. A son retour il ne nous trouvera pas à la maison. Sur lilot central de la cuisine j'ai collé un mot « Je vais chez maman avec le petit, j'ai besoin de me changer les idées. Aurevoir ». A 700km de là, à Carpentras, jarrive chez ma mère avec Heliam. Debout face à la maison, je reste sans voix. Ma mère, cette petite bourgeoise des quartiers bourgeois de Paris, la femme la plus jalousée de lépoque, vit désormais dans une maison aussi modeste que le quartier dans lequel elle prend ses racines. Comment mon père a-t-il pu perdre autant dargent au point que lon nait pas pu garder notre appartement parisien, cette demeure dans laquelle jai grandi et qui renferme tellement de souvenirs. Ils étaient si submergés par les dettes quaprès le suicide de mon père, maman a dû déménager dans le Sud de la France car contrainte de quitter notre appartement placé sous hypothèque. Ça me brise de savoir que lorsque nous étions en train de bâtir notre vie Harry et moi, et que nous avions enfin assez dargent pour nous prendre en main, mes parents, eux, de leur côté, leur vie sécroulait et ils ont tout perdu.

Tendre déveine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant