Tu n'as pas de prix

4- Elle

Koko avait l'habitude que tout le monde soit à ses pieds, réponde positivement à ses attentes et le respecte. Il était un homme admiré et personne n'osait avoir un mot de travers envers lui (mis à part Kakucho, Izana et Sanzu). Comme l'avait dit Inui il y avait quelques temps, il y avait un début à tout. Seichu Inui était le début. Le début de l'irrespect et de l'insolence envers la personne qu'était Hajime. Le blond le considérait comme un homme parmi les sept virgule sept millards qui peuplaient cette planète. Il n'était que l'inconnu qui collaborait avec son styliste. Rien d'autre. Pour arriver à son objectif, créer sa vedette, il fallait qu'Inui le considère comme quelqu'un, le respecte, qu'il ne soit plus l'inconnu à ses pieds qu'il regardait de haut pour l'enfoncer. Il devait devenir important à ses yeux, indispensable, il devait le séduire. Il empoigna son téléphone et cliqua sur le tout nouveau contact.

"-Allô ?
-Inupi ?
-Koko, soupira une voix derrière le fil.
-Accompagnes-moi au magasin de tissu.
-Non. Débrouilles-toi avec ce qu'il y a dans ton entreprise.
-Sauf que Mitsuya m'a demandé de choisir exactement la bonne teinte pour toi, on s'est mis d'accord sur un violet mais il est très occupé ces dernier temps, une robe de mariage à finir je crois.
-Tss. Pourquoi faut-il qu'il soit absent...
-Pour les autres coloris on fera ça par internet avec Mitsuya mais vu que tu es le mannequin vedette de la collection, il faut vraiment la couleur qui te mette en valeur.
-Donnes-moi l'adresse, je te rejoins là-bas.
-Je te l'envoie par texto, à tout de suite Inupi."

Le brun avait raccroché. Inui n'avait aucune envie de se retrouver seul avec Hajime. Ils s'étaient évidemment revus après la boîte de nuit et cette sensation d'à tout moment pouvoir tomber dans le piège de Koko n'était que plus forte. Avec le recul, il avait enfin mis le doigt sur la nature du "précipice" qu'il avait entrevu l'autre soir dans le regard du brun. À tout moment il pouvait succomber à son véritable charme. Ce charme si détestable, il n'était plus qu'à quelques mètres d'y chuter à pleine vitesse et il ne le voulait pas. Il souhait passer le moins de temps possible en la compagnie du styliste mais en était obligé, pour le travail. "Devenir quelqu'un dont il ne pouvait estimer le prix tellement la liste de zéro serait longue" ; c'était les mots du brun, mots qui pouvaient à tout moment devenir bien plus que réels. Tout cela n'était qu'un jeu et Inui détestait perdre. Kokonoi ne le séduira pas. Il ne deviendra pas son pion et le brun restera pour lui un simple inconnu parmi tant d'autre.

Inui se dirigeait, le nez collé à son portable, vers l'adresse du magasin de haute couture, sûrement l'un des nombreux contacts de Kokonoi. Il portait un long manteau beige ouvert dévoilant un col roulé noir et une chaîne en or autour de son cou. Le bas n'était qu'un jean droit noir. Tenue basique qui n'enlevait, malgré sa simplicité, rien de la beauté du mannequin. Il défilait les actualités sur son écran d'un air blasé. Qui en avait quelque-chose à faire de la vie de tous ses gens sur les réseaux ? Personne. Il montrait le bon côté de leur vie cachant sûrement leur réelle personnalité. Franchement, qui ça intéressait de savoir qu'un tel ou un tel avait commencé un régime ? Des gens aimaient vraiment visionner les achats des autres filmés pendant des heures ? Inui n'y trouvait aucun intérêt. Il continuait à défiler les photos quand il tomba sur la publication annonçant la collection de costumes de luxe. Évidemment il y avait Mitsuya et Hajime sur l'image. Il s'arrêta un instant sur le brun. Les apparences étaient trompeuses. Personne n'irait imaginer le manque d'intérêt qu'il avait pour les autres. Sur cette publication il paressait totalement normal, un bel homme qui collaborait pour faire des habits... Dans la réalité c'était un homme méprisant, certes attirant mais hautain et insolant.

-Bonjour Inupi, fit une voix en face de lui.

À l'entende de ce surnom, le blond leva le regard et planta ses yeux blasés dans ceux d'en face. Un long soupire traversa ses lèvres. Son métier n'était pas toujours une partie de plaisir.