15- Laisser libre-court aux caprices

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Les paupières de Koko s'ouvrirent lentement. Le store de sa fenêtre était resté ouvert et l'on voyait des nuages gris envahir le ciel. La pluie tapait contre la vitre, le mur et le toit. L'automne était arrivé et la température ne cessait de baisser. Dans la chambre il faisait frais et Hajime frissonnait, il n'avait aucune couverture. La personne à ses côtés l'avait prise en entière. Le brun soupira, c'était la troisième fois qu'il dormait avec le mannequin et de toutes ces nuits, il n'avait pas une seule fois eu l'entièreté des draps. À-côté de lui, Inui dormait toujours. Il avait le visage détendu et sa respiration était régulière. Les images d'hier vinrent contraster avec la vision qu'il avait du blond: ses joues rouges, sa respiration saccadée, sa voix gémissant son nom... Ses joues s'empourprèrent contre sa volonté. Il avait froid mais son visage chauffait. Il sentait que la soirée dernière, il avait perdu quelque-chose. Ou peut être gagner ? Cette sensation était dur à interpréter.

-Inupi, chuchota Hajime.

-Mmmf ?

Le blond était toujours endormi mais répondait approximativement à l'entente de son prénom.

-J'ai froid et t'as encore pris toute la couverture...

-Mpf, soupira le blond.

Le mannequin roula sur lui-même et d'un geste fatigué, il passa des draps par dessus Koko puis avec le même bras, attrapa le brun pour le rapprocher de lui et le coller à son torse.

-Mais qu'est-ce que tu fous ?

-Tchut laisses-moi dormir Koko, souffla Inui sans rouvrir les yeux complètement dans les vapes.

Hajime ne dit plus rien et resta alors collé au torse du blond pour ne pas le réveiller complètement. Leurs vêtements étaient toujours éparpillés dans la chambre et ils étaient tous deux torse nu vêtus seulement d'un boxer. Kokonoi sentait la chaleur qu'émanait du la peau dénudée du blond et il trouvait cela plutôt agréable. Il réfléchit un peu. Ses pensées allaient dans tous les sens formant des noeuds qu'il n'arrivait pas à défaire. Hier il avait couché avec Inui. Inui qui le tenait en ce moment même fermement dans ses bras et qui dormait avec lui le prenant pour une peluche ou une bouillotte, à voir. Il avait partagé avec le mannequin un moment intime un moment de partage. Il s'était laissé allé à l'envie, l'envie de sentir le blond, de le voir, de l'entendre. Il avait terriblement apprécié cet échange, apprécié ce que lui avait fait ressentir Seishu, il l'avait aimé. Pendant le temps d'une soirée, Kokonoi avait senti ce qui avait disparu depuis quelques années maintenant. En se perdant dans le regard d'Inui, en s'unissant à lui, en prenant du plaisir à se sentir en lui, il s'était senti vivre. Il avait eu des sensations qu'il avait depuis longtemps refoulé. Certes cette sensation devait être normale quand on se voyait dans l'ivresse du plaisir seulement, Kokonoi avait couché avec plusieurs personnes sans sentiments, se chauffer en boîte de nuit quand il sortait avec Kakucho et Izana, se vider la tête... Mais malgré cela, il n'avait jamais ressenti ce qu'Inui lui avait fait ressentir. C'était comme si depuis longtemps un verrou s'était placé dans son corps et son esprit et que Seishu avait les clés. Une sensation étrange. Comme s'il appartenait à Inui, que le blond tenait quelque-chose qui était à lui, qu'il était devenu une lumière, la personne qui le faisait revivre. Pour le moment, il ne savait pas s'il aimait ou non cette sensation.

-Koko ?, souffla le blond.

Hajime leva la tête pour observer le visage du mannequin. Inui ouvrait difficilement les yeux et resserrait ses bras autour du brun sûrement inconsciemment.

-Tu m'étouffes Inupi, soupira t-il.

Le blond souffla, souffle qui s'échoua sur le visage de Kokonoi. Un souffle chaud et doux. Ses bras se desserrèrent.

Tu n'as pas de prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant