22- Appartenir à la normalité

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-Je me demande vraiment comment tu as réussi à me traîner ici, soupira Koko.

-J'avoue être surpris que tu es accepté de me suivre, répondit Inui en fixant la porte qu'ils n'allaient pas tarder à franchir.

-Tu m'as forcé.

-Tu aurais pu refuser.

-Tu voulais que je t'accompagne.

-Chifuyu m'a proposé de venir avec toi, c'est une occasion de briser ton mur.

-Comment ?, demanda le brun.

-En vivant normalement Koko, tout simplement.

Après de longues négociations, Inui avait réussi à convaincre le styliste de l'accompagner à la soirée qu'avait organisé Chifuyu depuis plusieurs semaines déjà. Hajime ne sortait pas souvent, n'aimait pas particulièrement cela mais Seishu avait forcé. Il n'y avait pour lui qu'une seule façon de l'extirper de son passé: lui faire voir l'avenir, vivre normalement, sans jeu, sans artifice, parler, rire, vivre simplement. Il devait l'arracher de sa propre prison, le pousser à la trahison pour assouvir sa vengeance, pour obtenir son cœur, pour qu'il lui appartienne. Pour cela, il ne fallait pas chercher compliqué. Il allait exploiter la faille, la fissure qu'il avait créé avec le temps sans que Koko ne s'en rende compte. La simplicité était la clé. Il allait seulement ré-apprendre à vivre à Hajime, briser sa carapace faite de promesses, le briser pour le re-construire. Kokonoi vivait dans sa promesse, il était sa promesse, il fallait le faire renaître.

-Ça fait longtemps que je n'ai pas vécu simplement, sourit tristement le brun.

-Je te ferai vivre normalement, ça je peux te le jurer, fit Inui tandis que la porte s'ouvrait.

-Inu ! Enfin ! Ça fait un bout de temps que l'on ne s'est pas vu ! En plus t'as réussi à ramener Koko ! Venez entrez, sourit Chifuyu en s'écartant du passage.

-Ouais, je l'ai forcé, soupira le blond en entrant à sa suite.

Koko le suivit en saluant Chifuyu qui lui sourit amicalement. Quand ils furent dans la pièce, les yeux du brun s'ouvrirent tout grand. Lui qui s'attendait à une petit soirée tranquille, il avait tout faux... Il y avait des gens partout, de la musique, des boissons, des lumières multicolores, une vrai soirée entre amis, une soirée comme il n'en avait jamais fait. Il tourna ses yeux vers Inui qui regardait l'assemblée d'un air blasé.

-Dans quoi tu m'as embarqué Inupi, siffla le brun, je veux rentrer chez moi...

Kokonoi avait tourné les talons mais le bras d'Inui le retint en entourant son bassin. D'un geste assuré, il le rapprocha de lui et leurs corps furent collés.

-Tu penses t'échapper où comme ça Koko ?, souffla le blond avec le même air indifférant sur son visage.

-Je ne suis pas à ma place.

-Être collé à moi ne te plaît pas ?, fit Inui.

Koko cligna plusieurs fois des paupières. Il avait une sensation étrange dans le ventre, avait l'impression de ne rien pouvoir faire face au blond, d'être impuissant, complètement envoûté. Il s'était mis à nu devant lui, montré le vrai Koko et à présent, il n'arrivait plus à jouer parfaitement, comme si son masque le refusait aux côtés de Seishu, qu'il se brisait quand son regard glacé se posait sur lui. Comme si, avec Inui, il lui était obligé d'être lui, l'homme enchaîné à une promesse ridicule.

-Alors ? Je prends ça comme un non ?, appuya le mannequin.

Il brûlait de répondre oui, mais sa promesse lui interdisait d'apporter cette réponse, il n'avait pas le droit. Il avait déjà trop débordé sur les limites.

Tu n'as pas de prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant