Chapitre 5

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Nous avons terminé derniers avec Jared. Si lui, a éclaté de rire en sortant du labyrinthe, pour ma part, j'ai tiré la tronche. J'aurais voulu me surpasser ! Pour ma première édition au tournoi, je finis dernière sur la toute première épreuve. Quelle poisse ! Et quelle nullité, surtout, venant de moi.

D'un air déçu, j'ai rejoint mon frère Olay qui m'attendait un peu plus loin. Je l'ai dévisagé un court instant. Son sourire était resplendissant mais il n'a pas atteint ses yeux. Sa peau brune semblait plus claire que dans mes souvenirs.

Il portait sa fille dans ses bras au moment où je me suis avancée.

— Danïa !

Il a posé sa fille qui a ensuite couru dans les jupons de sa mère. Cette dernière discutait avec les dames de la haute noblesse. Elle m'a adressé un petit signe quand elle m'a vue.

Quelle histoire tragique. À ce moment-là, ils ne savaient pas ce que le futur leur réservait.

Olay m'a invitée à m'assoir à ses côtés et ensemble, nous avons regardé l'épreuve de l'après-midi. Le tir à l'arc. Au loin, nous avons aperçu Jared qui s'entrainait à tirer de son côté, en visant un arbre de ses flèches. Il était éliminé et pourtant, s'essayait de son côté.

— Il est beau, n'est-ce pas ?

Olay m'a souri d'un air moqueur et je me suis offusquée :

— Il a une épouse !

Ce qui, en théorie, n'était pas vrai. Mais mon frère n'était pas censé le savoir.

— Cela ne t'empêche pas de le trouver beau. Mais tu as raison, reste loin des hommes mariés. Ce sont les plus dangereux.

— Tu es marié, ai-je rétorqué. Tu insinues donc que tu es dangereux ?

— Non, moi je suis une cause différente. Je ne serais jamais infidèle à Abby.

Et je le croyais. Il n'était pas de ce genre, loin de là. Olay était un romantique dans l'âme. Il ne jurait que par les fleurs et les chocolats qu'il offrait à sa femme adorée. Sa fille était le trésor de sa vie, et je ne l'avais jamais vu aussi heureux qu'à cette période de sa vie. Comme moi, il n'était pas dupe du comportement de nos parents, et voyait au travers des apparences.

Je me suis mise à observer Jared. La façon dont ses muscles se tendaient quand il bandait l'arc, ou encore la façon qu'avaient ses yeux à fixer la cible avec précision. Il n'était donc qu'un charlatan. Peut-être était-il un voleur ? Et il avait assez de culot pour croire que je n'allais pas le dénoncer ! Honnêtement, je ne l'aurais pas fait. S'il était venu pour voler, qu'il le fasse. Il volerait toujours mes parents. Il n'était pas question de moi.

— Et s'il n'était pas marié ? Que m'aurais-tu dit ?

Olay a tourné la tête vers moi et m'a souri.

— S'il n'était pas marié, et que tu le trouvais toujours aussi beau, je t'aurais sûrement dit d'aller le voir.

— Je suis une fille. Maman et Papa diraient que ce n'est pas approprié pour une demoiselle de mon rang d'aller courtiser un homme.

Il a éclaté de rire.

— Depuis quand tu te soucies de ce qu'ils disent ?

— Depuis... Jamais, mais j'essaie de me comporter comme une enfant sage. Et c'est dur. Je disais donc, je suis une fille et...

— Tu es peut-être une fille, mais tu es aussi Danïa. Qu'est-ce qui arrête Danïa ? D'aussi loin que je m'en souvienne, tu n'as jamais eu ta langue dans ta poche et tu as toujours foncé tête baissée dans le tas.

J'ai fait la moue, et fixé bêtement mes pieds.

— Tu veux que je te dise quelque chose ? La vie est bien trop courte pour s'arrêter de vivre. Un homme te plaît ? Qu'est-ce qui te retient ?

— Personne ne me plaît. Je trouve ça juste injuste que Papa et Maman ne me laissent pas vivre.

— Ils essaieront toujours de trouver une faille chez toi. Le petit quelque chose qui ne les fera pas revenir en arrière. Ils sont comme ça, et je pense qu'il faut juste l'accepter. Les temps ne sont pas encore évolués.

— Eh bien, je sais d'avance que si un jour, j'ai une fille –ou un fils–, je ne lui offrirai pas cette vie de tristesse.

— Dans tous les cas, cette discussion n'a aucun sens puisque Jared est marié ! Problème résolu.

J'avais envie de rire mais je me suis tue. Si seulement Olay savait... Malheureusement, il n'aurait jamais l'occasion de le savoir. Je vis encore aujourd'hui avec cette pensée que nous avons eu une discussion basée sur des « et si », alors que la vérité était toute autre. Et je ne lui ai jamais dit.

Le problème n'était pas résolu. Y avait-il même un réel problème ?

Quand j'ai de nouveau posé les yeux sur Jared et que les siens étaient rivés sur moi, j'ai réalisé que oui, il y avait bel et bien un problème.

Cet homme m'attirait que je le veuille ou non.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | BONUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant