Chapitre XI bis

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Ivy


Clic, clac, clic, clac 

Ce bruit va finir par me rendre folle. 

Clic, clac, clic, clac

Je ne sais pas qu'elle heure il est, quel jour on est ni où je suis. J'ai perdu toute notion d'espace et de temps depuis qu'ils m'ont administré cette espèce de drogue en seringue. La première fois, l'aiguille m'a vraiment fait mal, je n'ai pas tant que ça senti les autres. 

Le contenu me fait sentir vaseuse en permanence et m'empêche d'être complètement lucide. Il limite mes mouvements déjà bien restreints par les liens que j'ai aux mains et m'endors pendant de longues heures, enfin ce que je définis comme étant de longues heures. 

Le seul bon point que j'ai trouvé à cette situation c'est que je n'ai plus à entendre la voix railleuse de Maman me hurler de rentrer et de quitter ma débauche parisienne. Et encore, elle ne sait même pas que je travaille au Sinners. Elle n'a jamais approuvé mon ambition et mes rêves commerciaux et aurait voulu que je reste toute ma vie auprès d'eux dans leur ferme de province - Non merci. 

Paris m'a apporté tellement de bonnes rencontres : Ava en particulier. C'est ma seule vraie amie ici, j'espère qu'elle me considère de la même manière. Pour elle, je serais prête à me battre aux soldes sans problèmes et à frapper ceux qui s'en prennent à elle sans pitié. J'espère qu'elle ne subit pas la même chose que moi. Collins compte aussi dans mes bonnes rencontres. Le sexe avec lui est vraiment divin. C'est le premier garçon que je rencontre qui me fait sentir comme une femme et pas comme un objet et même si je sais qu'entre lui et moi il n'y a rien de sérieux : j'apprécie quand même beaucoup sa présence. 

Il m'a appelé pour m'avertir. 

Pendant le bar avec Ava, je ne sais plus quand c'était. Tout est putain de flou. Il m'a appelé et m'a dit "rentre chez toi" , "fais attention", "partage moi ta localisation". Je n'ai pas aimé son ton. Je l'ai envoyé valser et je lui ai raccroché au nez.  

J'aurais du l'écouter. 

Tout est flou. 

Tout s'emmêle. 

Je marche pour rentrer et on m'attrape, mon cri s'étouffe dans un tissu sur ma bouche et je perds connaissance. Voiture, route : on roule . Immeuble, pièce sombre : on marche. Je me suis battue comme j'ai pu mais ça n'a rien donner du tout. Ils étaient tellement nombreux et j'étais toute seule. 

J'ai faim. J'ai soif. 

Je ne sais pas combien de temps ça fait que je n'ai rien avalé, j'ai la bouche assoiffée. Je serai prête à boire n'importe quoi, excepté de la pisse. 

En parlant de pisse, je ne vais bientôt plus pouvoir me retenir. Ma vessie me brûle et se compresse et je n'arrive plus à penser à autre chose.  Chaque fois que j'ouvre les yeux après m'être endormie, j'ai peur d'avoir fait l'erreur honteuse ultime mais ce n'est pas encore arrivé, je sais que c'est proche. Je ne tiens plus mais j'ai encore assez de dignité pour me retenir. Quelle genre d'image je renverrais si l'on vient me sauver ? 

Mais personne ne viendra ma belle. 

Je le sais. Mais me conforter dans cette idée m'empêche de délirer. 

La porte s'ouvre et deux ombres rentrent, je n'arrive pas à distinguer quoi que ce soit car mes yeux ne veulent pas s'ouvrir. Mes oreilles sont les seules à marcher et distinguent des voix : 

- Elle est encore droguée tu penses ? demande une première ombre. 

- Sans aucun doute, affirme l'autre. 

- C'est une plaie qu'il ne nous laisse pas la toucher, je me la serrai bien faite. 

Ils parlent de moi ? 

- Carrément, un corps comme ça : ça se refuse pas. 

Ils me dégoutent. 

- Au pire, personne ne le saura ? 

Il y a un silence, je crois entendre les mouches voler. Mon esprit s'assombrit encore une fois. Je lutte, je ne veux pas que tout s'éteigne encore mais je n'ai plus de force. Mon mental s'affaiblit aussi. Je vais perdre connaissance malgré moi. 

Je sombre encore une fois dans un noir sans fond. le sentiment va finir par devenir familier. 

La drogue n'est pas si mauvaise en fin de compte :  elle m'empêche de voir et de sentir ce que ces ombres me font quand je dors. D'une certaine manière, elle me protège. 

Je ne veux pas être leur objet. 

Des larmes mentales coulent et la tristesse me prends. Je fuis le désespoir depuis bien trop longtemps et maintenant il me rattrape. Se faire kidnapper est loin d'être comme dans les films, personne ne vient jamais vous sauvez. Vous n'êtes pas une héroïne, vous êtes juste une victime. 

Moi maintenant, je ne sais même plus si je suis encore quoi que ce soit. 

Aidez-moi.  Je vous en supplie. 



Faded LiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant