Faded Lies

Chapitre XII

Mattias

Je me gare devant l'immeuble, l'ancienne maison d'Ava et la regarde détacher sa ceinture avec des mains tremblantes.Je l'ai vu pleurer un petit peu sur la route mais je n'ai rien dis. Elle n'a aucune envie d'y aller et ça se voit. J'intercepte sa main avant qu'elle n'ouvre la portière et lui dit :

- Tu n'es pas obligée de monter si tu n'en as pas envie tu sais.

Elle grince des dents mais arrête son geste. Ma tentative d'approche à la discussion de ce matin n'a mené qu'à de la méfiance de sa part et je ne sais pas comment faire pour le dissiper. Je dois lui parler obligatoirement aujourd'hui. Je ne pense par contre pas évoquer ce que j'ai lu hier, elle n'est pas prête pour ça. Ce que j'ai lu est bien trop violent et je ne pense pas qu'elle accuserai le coup. Je garde quand même en tête qu'elle pourrait déjà tout savoir et que je me fais peut être du soucis pour rien.

- Je dois y aller, dit-elle d'un ton décidé, je dois le faire.

Je comprends sa volonté et son ambition : elle veut vaincre sa peur et je respecte totalement sa démarche. C'est important qu'elle ne développe pas un trop gros traumatisme de ce qui s'est passé hier, elle doit observer par elle-même et se rendre compte que Simon n'est pas une menace pour elle.Qu'il ne peut plus l'atteindre maintenant. De toute façon, si il tente quoi que ce soit, je le tue sans hésiter. Je ne le ferai pas devant Ava mais il peut être sûr que je reviendrais pour le torturer doucement et lentement et lui faire regretter son geste jusqu'à son dernier souffle.

La seule raison pour laquelle il est d'ailleurs encore en vie se résume au fait que je sais parfaitement qu'Ava ne m'aurait pas pardonné et qu'elle n'aurait pas accepté ma future proposition. Elle aurait même sûrement eu plus peur de moi que de lui et j'essaye d'éviter qu'elle me craigne. Il faut vraiment que je me contrôle. Il faut que je calcule tout. C'est une grande partie d'échec qui commence.

Nous sortons donc de la voiture, moi derrière elle. Elle avance d'abord d'un pas motivé mais ralentis quand on passe la porte d'entrée de l'immeuble en vieille pierre. Sa cage thoracique se lève et s'abaisse rapidement et je sens bien qu'elle stresse plus que nécessaire. Il ne peut rien lui arriver si je suis là. J'hésite à lui dire mais me retiens, dans son état elle n'écoutera pas vraiment. Elle serre les poings et semble se concentrer pour ne pas se trahir elle même. Je crois qu'elle tient à se montrer forte et digne. C'est bien.

Dans l'ascenseur je me demande soudain comment elle va réagir quand je vais lui faire ma proposition tout à l'heure. Et si elle refuse comme Klint m'a averti ? Mon seul espoir est le fait qu'elle a absolument besoin d'argent pour ses études et même si ce n'est pas très éthique je compte bien jouer sur ce point.

Nous arrivons dans le couloir et elle se stoppe sur place et se parle à elle même pour se donner du courage, main sur la poitrine :

- Aller Ava, ça va aller. Ce n'est que Simon.

J'hoche la tête sans qu'elle puisse me voir.

C'est ça continue . Ne t'arrête pas. Avance fièrement Bella.

Je suis fier d'elle quand elle ouvre la porte d'un geste. Avant de partir elle a pensé à prendre les clés qui étaient sa veste en jean. Elle rentre et je la suis comme son ombre tout en étant silencieux. Une voix désespérée nous provient du salon :

- Ava c'est toi ? demande Simon à haute voix.

Il est encore bien en vie et cet emmerdeur parle encore. A l'entente de son ex, Ava se fige sur place et je crois la voir légèrement trembler. J'aimerais la toucher pour lui indiquer que je suis là mais j'ai aussi envie de voir de quoi elle est capable. Les souvenirs d'hier doivent affluer dans son cerveau et chaque pas lui semble compliqué. C'est un réel combat mental qu'elle affronte actuellement.