Le frère de Voldemort [Tome 1]

Chapitre 11

- Si, confirma Thomas avec un sourire. Voici Sarielle, la femelle basilic que Salazar a essayé – en vain – de domestiquer de son vivant. Elle a décidé – pour une raison que j'ignore – de se lier avec moi, l'informa son jeune frère aux yeux émeraude avec un enjouement qui ne s'accordait pas très bien à la situation.

À sa place, n'importe quel être doué de raison et encore sain d'esprit aurait déguerpis en vitesse. Seuls les plus fous ou les plus avides de pouvoir seraient restés à sa place, exultant sans doute avec un rire mégalomane des plus théâtral. Il se trouvait, en effet, assis sur les anneaux de l'immense basilic et la grattait avec affection juste derrière les écailles de son cou, comme une personne normale aurait caressé un hibou ou un chat.

Tom trouvait cette scène à la fois surréaliste et totalement normale. Quelle personne aurait considéré la vision d'un garçon de onze ans plus petit que son âge perché sur un basilic millénaire comme normale ? Personne. Pas même lui. Pourtant, d'un autre côté, voir Thomas en compagnie d'une des créatures magiques les plus dangereuse du monde était une chose presque banale à voir pour lui. Après tout, au début de l'année, le jeune brun avait tenté de le convaincre qu'adopter un magyar à pointe était une bonne idée. Et allez savoir où il se l'était procuré. En fait, Tom ne voulait même pas savoir comment son frère y était parvenu.

Après un sourire du plus jeune, les deux frères s'étaient séparés et, alors que Tom repartait, l'autre restait cajoler son basilic. Cette phrase en elle-même était capable de résumer Thomas. Qui d'autre à part lui était capable d'apprivoiser une créature qui était restée indomptée, résistant même au fondateur de la maison des serpents et de la rendre plus docile qu'un animal de compagnie ?

Le reste de l'année se déroula sans nouvelle anicroche – parce qu'on ne peut pas parler d'anicroche le fait que Thomas soit sortit de la forêt interdite, un soir, sur le dos d'une licorne, ou qu'un autre, sous sa forme de serpent, il se soit glissé dans son lit en lui rapportant un niffleur à moitié mort de peur en guise de cadeau d'anniversaire ...

Tom et Thomas rentrèrent donc de mauvaise grâce dans l'orphelinat qui leur servait de maison et s'enfermèrent à double tour dans leur chambre. Cependant, à peine étaient-ils rentrés que le corps du plus jeune se mit à pulser d'une lueur verte. Avec un regard triste, Thomas sut que le moment était arrivé. Il devait repartir à sa véritable époque. Les trois ans et deux mois qu'il avait passé aux côtés de Tom avait été et resteraient – il en était sûr – les meilleures années de sa vie.

- Thomas, que se passe-t-il ? Ton corps ...

Le concerné baissa les yeux, soudainement honteux. Il savait depuis le début de l'année qu'il devrait partir à un moment donné, mais n'avait rien dit. Le rat de bibliothèque avait fait ses recherches et n'avait rien trouvé, peu importe le temps qu'il y avait passé et les endroits plus ou moins autorisés dans lesquels il était allé fouiner.

- Je suis désolé Tom, mais je retourne dans mon temps. Je te reverrais plus tard, promis. Je ne t'abandonnerais jamais, tu te rappelles ? Demanda tristement Thomas.

L'autre hocha la tête, ses yeux transmettant toute la détresse qu'il ne dévoilerait jamais à voix haute.

- Tu le savais, n'est-ce pas ? Soupira Tom.

Et son frère hocha la tête.

- Je le savais.

- Alors, pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Gémit presque le jeune garçon aux cheveux châtains en enlaçant son frère.

- Parce que rien ne pouvait être fait et je préférais vivre au maximum jusqu'à la fin sans que tu ne te soucie de ma disparition imminente, avoua péniblement Thomas. J'ai demandé à Sarielle de te protéger et de t'obéir. J'espère que tu obtiendras le pouvoir que tu désires tant, Tom.

Et le jeune garçon disparut dans une éblouissante lumière verte, ne laissant que du vide et un sentiment de dévastation totale au plus âgé.

- Thomas ! Hurla celui-ci d'une voix mêlée de colère et de peine. Je te retrouverais, plus puissant que n'importe qui ! Attends-moi !

FIN