Chapitre V

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Rory s'étira lentement entre les fins draps de coton qui glissèrent, dévoilant son torse d'adolescente au rayon de la lune qui perçait à travers la fenêtre. Brett la contemplait avec fascination, il se délectait de son absence de pudeur. Malgré son inexpérience, elle ne semblait pas pudique, probablement à cause de son caractère franc qui ne s'embarrassait pas de rond-de-jambe inutile. Et aussi de l'éducation reçue par sa mère, danseuse professionnelle.

Quoique complexée par sa prothèse et ses cicatrices, elle ne souffrait d'aucun concernant ses formes sans pour autant être narcissique. Elle savait qu'elle avait un beau corps et rien que cette assurance, Brett la trouvait attirante. Il tendit la main vers sa table de chevet pour prendre son paquet de Marlboro. Il en tendit une à Rory qui refusa en secouant la tête. Elle n'aimait guère l'odeur de la cigarette et ne voyait pas vraiment son utilité.

La lueur du briquet vint illuminer la chambre, éclairée seulement par les rayons de la lune passant à travers les hautes fenêtres en vitre donnant sur un balcon terrasse.

- Tu restes dormir? Demanda-t-il en rejetant une bouffée dans les airs.

- Tu sais bien ce que j'en pense. On n'est pas ensemble alors on ne va pas se comporter comme un couple et puis Vanessa me tuerait si je découchais sans prévenir. Ils sont peut-être des hippies plutôt cool mais pas à ce point, releva-t-elle avec agacement.

- Je dis ça juste parce qu'il est tard. Les rues ne sont pas sûres...

- On vit dans une banlieue tranquille de Malibu et il n'est que 20h. Tu commences à devenir trop sensible Brett, ricana Rory en reniflant d'un air méprisant.

Brett lui jeta un regard oblique.

- Aussi bizarre que cela puisse paraître, je tiens à toi. Alors excuse-moi d'être réticent à l'idée que tu sortes à cette heure. Tu ne veux même pas que je te ramène. T'es la meuf la plus compliquée que je connaisse, rien qu'à te regarder j'ai déjà mal à la tête, tu te rends compte?

Cette discussion, ce n'était pas la première fois qu'ils l'avaient tous les deux. Leur histoire datait du début de l'été et dès le début ils avaient posé les conditions de ce qui se passait entre eux. Pas de jalousie, de récriminations, aucun truc de couple. Juste une amitié avec plus si affinité.

- Si je suis aussi casse-couille que tu dis, pourquoi tu t'entêtes à vouloir être en ma compagnie?

- Je n'en sais foutrement rien, avoua-t-il en soupirant lourdement.

C'était vrai, il n'en savait rien. Rory n'était pas la personne la plus souriante qui soit et encore moins la plus approchable. Pourtant, il était irrémédiablement attiré dans son orbite. Peut-être, parce que aussi étrange que cela pouvait être, elle était bien la seule à le comprendre et qu'elle ne passait pas son temps à vouloir qu'il aille bien. Et lui aussi la comprenait, un peu trop bien. Il savait comment son propre corps pouvait devenir un objet étranger qu'on regardait sans reconnaitre, le dégoût qu'il pouvait nous inspirer, la culpabilité qu'on ressentait à chaque fois qu'on passait un bon moment et que la réalité les rattrapait.

- Si c'est une petite-amie que tu cherches, sache que je ne suis pas candidate Brett.

- Bien sûr que je le sais. Faudrait être fou pour vouloir sortir avec toi, ironisa Brett sur un ton taquin, tout en guettant sa réaction qui ne vint jamais. Ce qui me fait penser que tu ne m'as pas parlé du nouveau qui traîne avec vous. Celui qui te reluque comme un affamé.

Comme d'habitude, dès qu'on abordait le sujet Gabriel, Rory se sentit fatiguée d'avance à parler de lui. Elle le trouvait un peu trop envahissant.

- Il s'appelle Gabriel, c'est tout ce que tu as besoin de savoir.

Sad kidsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant