Chapitre XIV

22 2 0
                                    

Rory descendit de l'autocar qui venait de s'arrêter à la gare de Los Angeles avec l'étrange impression de revenir chez elle. Elle ajusta son sac à dos en toile avant de tirer son téléphone de sa poche pour appeler Brett, visiblement en retard. Elle pesta contre lui en le traitant de tous les noms avant d'appuyer sur son contact. Le téléphone eut à peine le temps de sonner qu'elle vit son Ashton Martin à la James Bond apparaître à l'angle de la rue.

- Bonjour mademoiselle, je vous dépose quelques part ?

Elle roula les yeux, agacée de sa tête d'abruti, souriant malgré elle.

- Tu es en retard !

- Pas du tout, je suis juste à l'heure. Allez grimpe, on va manger. Je meurs de faim.

- OK mais je choisis le restaurant. J'ai une envie de tacos depuis des jours.

Rory contourna la voiture tout en admirant discrètement la carrosserie. Elle avait un faible pour les coupes classiques de ce genre de voitures. Elle grimpa sur le siège passager, conscient du regard admiratif du jeune homme qui la contemplait en silence. La radio diffusait une chanson de Bazzi, connecté au Bluetooth du téléphone du jeune homme. Elle se mit à fredonner les paroles adorant cette chanson que Brett lui avait fait découvrir des mois plus tôt.

- J'adore ce jeans, il est nouveau ?

- Non, je l'ai customisé avec Gabriel. En vrai, il a fait tout le travail et je l'ai juste regardé faire.

Gabriel s'était amusé à reproduire un motif léopard dans un dégradé de mauve et de lavande au bas du pied gauche de son jeans qui remontait jusqu'à la jambe. L'effet était plutôt saisissant et donnait une touche joyeuse au jeans à la coupe classique.

- Vous en passez du temps ensemble, maugréa-t-il dans sa barbe, avec un regard en coin des plus accusateurs.

- Démarre au lieu de raconter des conneries. Je me suis levé à 5 heures ce matin pour me laver les cheveux à cause de toi.

- Je me sens flatté. Et tes cheveux sentent bon, ça sent la noix de coco... Ça me va coûter combien de customiser un de mes jeans, j'ai trop envie d'essayer.

- Trente balles ! La peinture coûte chère et si tu veux un motif plus compliqué, ça sera plus.

- Mais t'es vraiment l'âme mercantile Rory Finnegan en plus d'être radine. C'est pas croyable !

- Désolée mais j'ai appris à négocier mes vieux jouets alors que j'avais à peine 8 ans. Quand l'argent vient à manquer parfois dans ton entourage, il prend alors une place importante dans ta vie. Donc, tu cherches tous les moyens d'en gagner et d'en dépenser le moins possible, expliqua la jeune métisse sur un ton vindicatif.

Brett fit un geste d'apaisement de la main, essayant de calmer la colère qui montait. Il avait été maladroit et oubliait souvent que Rory n'a pas vécu la même enfance que lui et que ses rapports avec certains sujets sont différents du sien. Lui, il dépensait toujours sans compter ni penser au lendemain parce qu'il savait qu'il ne serait jamais à court d'argent.

- OK, OK mais tu es tout de même une grippe-sou.

Rory pouffa faisant virevolter ses twists autour de sa tête.

- Grippe-sou ? D'où tu tiens cette expression ?

- Ma grand-mère. Elle met un point d'honneur à élargir mon vocabulaire... Elle est merveilleuse, ajouta le jeune homme avec une fierté attendrissante qui fit sourire Rory, malgré elle.

- Les grands-mères sont les meilleures ! La mienne s'appelle Mme Brown et c'est plus une grand-mère de cœur car on n'a aucun lien de parenté mais c'est elle qui me gardait quand ma mère travaillait. Elle cuisine le poulet comme personne.

Sad kidsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant