Chapitre XXXI

182 15 2
                                    

Chapitre XXXI


Quelque chose me gênait dans la gorge. Une chaleur étouffante m'envahit. La bile remonta comme les larmes montaient aux yeux. Terreur mêlée de dégoût. Je portai ma main à la bouche par réflexe. Soudain, je me redressai dans mon lit. L'envie de vomir me parvint et je courus à temps jusqu'aux toilettes. Quand je me penchai au-dessus de la cuvette, je repoussai mes cheveux rapidement pour ne pas me gêner. J'avais l'impression que j'allais vomir mes tripes. C'était la première fois que mon cauchemar allait aussi loin. D'habitude ça s'arrêtait à une inconnue se plaquer au sol par son agresseur. Mais là, c'était vraiment horrible. La voix de Charlie répétant mon nom ne faisait que résonner dans ma tête. Et je ne pouvais rien faire pour l'aider. J'étais une vraie statue, un spectateur devant son agression. Ces cauchemars avaient commencé peu de temps après mon retour en Angleterre en 2011. Je savais que ça représentait l'agression de Charlie, mais jamais je ne voyais son visage. Je me réveillai toujours avant. Je me passai de l'eau froide sur le visage afin de faire partir ces images de ma tête.


Je restai sans nouvelle de Charlie pendant presque une semaine. J'attendais le mercredi suivant pour retourner chez elle. J'espérais l'y trouver puisque c'était son jour de repos. Je sonnai à sa porte et j'entendis des pas s'approcher. Quand la porte s'ouvrit, à mon grand plaisir, je découvris Charlie qui me sauta aussitôt au cou. Elle semblait aller beaucoup mieux même si il lui restait des marques sur le visage. Je lui proposai de sortir et d'aller prendre un café. Elle partit chercher sa veste et on marcha jusqu'à un Starbucks. Nos boissons en main, on marcha jusqu'à un banc qui était face à la Tour Eiffel.


Harry : Bon, j'ai bien réfléchi depuis la dernière fois, et je me suis préparé. Donc, j'aimerais que tu m'écoutes jusqu'au bout, sans m'interrompre. D'accord ?

Charlie : Oui, d'accord. Je t'écoute.

Harry : Je pense que tu sais que ce n'est pas normal ce qu'il se passe chez toi, et je sais que tu aimes Dylan. Mais il faudrait que tu comprennes qu'il ne te rend pas heureuse. Tu essaies de te convaincre qu'il est bon pour toi, parce que tu ne crois pas mériter mieux. Mais tu mérites mieux. Et je ne dis pas ça, parce que je suis mieux. Je ne pense pas être mieux, mais je ne te ferais jamais de mal. J'essaierai de te rendre heureuse. Pendant qu'il t'aimera autant qu'il est capable d'aimer, il n'arriverait pas à t'aimer en une vie autant que moi en un jour. Depuis notre premier baiser, je n'ai plus arrêté de rêver de tes lèvres contre les miennes. Et mon départ n'a pas arrangé les choses. J'ai été un zombie pendant tellement longtemps. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi tu avais voulu que je parte, je ne me remettais pas de cette séparation quelque peu brutale. Les cauchemars ont ainsi commencé. Et à chaque fois que je chantais une chanson d'amour, je pensais à toi. Quand je venais en France, je ne sortais pas de l'immeuble dans lequel nous résidions de peur de craquer et de venir te voir. Je suis sorti avec des filles, mais aucune n'a réussi à me faire passer à autre chose. Tout ça pour te dire que, Charlie, je t'aime. Et peut-être que tu m'aimes aussi ... Enfin, je ne sais pas. Voilà, je t'ai dit tout ce que j'avais sur le cœur ...


Je la regardais mais elle, elle fixait le sol. Elle n'avait aucune réaction. J'attendis quelques secondes, espérant qu'elle dise quelque chose. Mais rien ne sortit de sa bouche. Quand je posai ma main sur son épaule, elle se leva brusquement. Je vis des larmes qui coulaient sur ses joues.


Charlie : Harry, pourquoi tu me dis ça ? Pourquoi maintenant ? Je .. Je n'ai pas besoin de problèmes supplémentaires dans ma vie. Tu ne crois pas qu'elle est assez pleine comme ça ? Je vais finir par craquer. Tu m'aimes ? Mais, Dylan m'aime aussi. Il ne semble pas bon pour moi, mais il l'est. Parfois, il dérape mais ça arrive à tout le monde de déraper ! Il m'a promis qu'il arrêtait. Ça fait exactement quatre jours qu'il n'a pas levé la main sur moi et je crois en lui. Il y arrivera. Il fait ça parce qu'il m'aime. Et toi tu te pointes des années après, parce que peut-être que je te manquais. Mais tu ne crois pas que c'est égoïste ? Tu viens dans ma vie espérant pouvoir t'y installer sans aucun soucis ? Je ne peux pas ... Désolée ...


Sur ces dernières paroles, elle partit en courant. Je ne me levai pas pour la rattraper car je savais qu'elle avait raison. Mon comportement avait été plus qu'égoïste. Mais je n'espérais pas qu'elle quitte tout pour moi. J'avais juste besoin qu'elle sache que je n'ai jamais arrêté de l'aimer. Et lui avoir dit m'enlève maintenant un poids.


Point de vue de Charlie


J'étais assise depuis deux heures devant la télévision, éteinte. Mon café avait refroidi. Je n'arrivais même plus à voir clairement, tant les larmes me brouillaient la vue. Les paroles de Harry m'avait perturbée. Je regrettais d'avoir répondu ce que j'ai répondu, parce que je ressentais exactement ce qu'il ressentait. Peut-être même que ce que je ressentais à son égard était plus fort encore. J'aimais tous ses regards, et tous ses gestes. J'aimais le sol qu'il foulait, l'air qu'il respirait, et tout ce qu'il touchait, et tout ce qu'il disait. Je l'aimais entièrement et complètement et il fallait qu'il le sache. J'essuyai les larmes de mes joues, pris une grande inspiration et je composai le numéro de Harry sur mon téléphone. Je tombai sur sa boîte vocale après quelques sonneries. Je m'apprêtais à raccrocher quand je pensais qu'un message serait plus facile à dire que face à lui.


« Biiiiip »

Charlie : Allô, Harry, c'est moi. Euh, en fait, je voulais te dire que ... Oublie tout ce que je t'ai dit tout à l'heure. Je n'en pensais pas un mot. Je pense que tu sais que j'ai toujours eu du mal à exprimer mes sentiments, et ça n'a pas changé aujourd'hui.J'ai peur, terriblement peur. Je ne sais pas ce qui est en train de se passer entre toi et moi. Tout est flou dans ma tête, c'est une explosion et toi tu ne fais rien pour que ça s'arrange. Tu me fais perdre la tête à la démesure. J'aimerais tellement te dire dans les yeux tout ce que je ressens mais je n'aurais pas cette force-là. Je n'ai plus assez de courage pour être une nouvelle fois déçu, mon cœur dit stop. Je ne te mérite pas, tu devrais passer à autre chose, vraiment. Je sais que je passe à côté d'une histoire, peut-être celle de ma vie mais aujourd'hui je ne peux pas. J'aimerais, réellement j'aimerais. Mais je n'ai pas la force de tout recommencer. Je ne peux pas te blâmer si tu m'en veux pour mon comportement. J'ai essayé de te rejeter. Mais rien ne m'avais jamais fait me sentir aussi mal. Je pensais te protéger de tout ce que j'endure, alors qu'en réalité ça te blesse encore plus. Je sais que je t'ai déjà fuis, mais je ne referais plus jamais cette erreur. Saches juste que je suis désolée, je n'ai jamais voulu te faire de mal. Et aussi ... Je t'aime ...


Point de vue de Harry


Je retournai à l'hôtel. Directement, je marchai vers le bar. Je reconnu la serveuse et elle me servit instantanément un shooter. Il n'était que 11h, mais j'avais besoin d'un remontant. Je l'avalai cul-sec et au lieu d'en prendre un deuxième, je montai à ma chambre. Je ne voyais pas à quoi ça servait de rester en France, alors que Charlie ne voulait visiblement pas de moi. Je bouclai mes valises rapidement et je pris un taxi en direction de l'aéroport. Encore une fois je fuyais, mais je ne savais faire que ça. J'étais un lâche, mais Charlie le savait. Elle comprendra.

Fallen for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant