Chapitre XLV

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Chapitre XLV

Étonnamment, Charlie ne pleura pas. Je compris qu'elle s'en doutait et que maintenant elle n'avait plus la force de rien. Elle se contenta de prendre ma main et de la serrer fort.

Je la reconduisis en silence dans sa chambre. Le silence trop pesant, je finis par allumer la télévision.

Charlie : Le jour où je partirais, promets-moi de continuer à sourire.

Harry (calmement) : Non, je ne peux pas te promettre ça. Parce que si tu me vois, tu croiras que je suis heureux sans toi. Et ce ne sera pas le cas, je le sais déjà. Alors le seul sourire que je peux te promettre, c'est un sourire spécial. "Je souris sans toi mais je t'aime encore." Parce que la mort ne nous séparera pas. La maladie n'a pas réussis. Alors la mort ne réussira pas non plus. Je te promets de toujours penser à toi. Même quand tu ne seras plus là.

Charlie : Harry, je t'aime tellement.

Je me levai et m'installai près d'elle dans son lit, la serrant dans mes bras. Une larme coula sur ma joue et elle l'essuya me disant de ne pas pleurer car elle est heureuse d'être avec moi.

Deux jours passèrent. Ce vendredi, je l'ai passé avec Charlie, comme tous les autres jours. Pourtant ce n'étais pas pareil. Elle était si pâle, si mal que ça me brisait le cœur. J'avais envie de faire disparaître toute sa maladie pour qu'on puisse vivre tous les deux. Une infirmière dans le couloir m'a dit qu'elle n'en avait plus pour très longtemps, mais je refusais de la croire. Je refusais de voir la personne que j'aime dans cet état même si je savais que je ne pouvais rien faire pour l'aider, à part être présent.Ce vendredi après-midi, elle semblait différente de d'habitude.

Charlie : Harry, ramène-moi à la maison Je n'en peux plus de tout ça. Je ne veux plus de machines, plus de médecins, plus de traitement inefficace, plus de murs blancs. Je veux rentrer, s'il te plaît.

Elle me demanda ça, comme si c'était sa dernière volonté. Mon cœur se déchirait toujours plus de la voir si désespérée. Je hochai la tête. Je m'apprêtais à sortir de la chambre pour aller signer des papiers de sortie, mais elle me retint pour que je l'embrasse. Elle colla ses lèvres sur les miennes et ses mains se glissèrent dans ma nuque, me rapprochant un peu plus encore d'elle. Elle n'avait presque pas la force de se tenir assise et elle finit par tout relâcher pour s'allonger. Je lui souris une dernière fois avant de sortir et d'aller à l'accueil.

Je signai les quelques papiers disant que le patient souhaite sortir, contre-avis du médecin. Je repris l'ascenseur et je marchai jusqu'à la chambre de Charlie. Quand j'arrivai, je vis un médecin entrer avec un chariot dans les mains. Je me précipitai et je vis Charlie, allongée et sans réaction. La ligne continue sur le cardiogramme me figea sur place. Depuis le pas de la porte, je voyais tous ces médecins et infirmières s'agiter autour de la femme que j'aime. Un d'eux cria « Chargé. Dégagé ». La décharge qu'elle reçut me réveilla et je me mis à crier.

Harry : Charlie ! Non ! Faites quelque chose, elle ne peut pas mourir ! Charlie !

Médecin : Faites le sortir immédiatement.

Sur ces mots un médecin et une infirmière tentèrent de m'éloigner de son corps. Je continuais de crier et quand le médecin déclara l'heure de sa mort, je lâchai prise et m'écroulai sur son lit. J'étais effondré et je ne voulais pas croire ce qui arrivait. Le médecin ordonna à tout le monde de sortir et de me laisser seule avec elle. Il coupa le son du cardiogramme avant de faire la même chose.

Allongé contre son corps inanimé, je caressais son visage. Mes larmes coulaient jusque sur celui-ci et ça donnait l'impression qu'elle vivait encore un peu, comme si elles coulaient de ses yeux. Je posai ma tête au creux de son épaule, espérant me réveiller de ce cauchemar.

La maladie a fini par l'emporter. La maladie l'emporte toujours. Alors elle s'est endormie pour ne jamais se réveiller. Elle s'est endormie et elle nous a tous quitté.

**Une semaine plus tard**

Je me garai à quelques mètres de cet immense cimetière. Habillé tout de noir, avec pour simple touche de couleur le bonnet kaki qu'elle portait pour cacher son crâne, je marchai en sa direction. Je n'arrivais toujours pas à me convaincre qu'elle était bien là. Malgré son nom inscrit sur la plaque de marbre, je ne l'imagine pas ici, mais plutôt dans le ciel. Pourtant, c'est en face de cette tombe que je m'assois pour lui parler.

Harry : Charlie, tu m'entends ?

Charlie : (Oui...)

Harry : ... C'est plus possible.

Charlie : (Tiens bon, mon amour.)

Harry : C'est trop dur de vivre sans toi.

Charlie : (Je sais, mais s'il te plaît, ne me rejoins pas.)

Harry : Tu me manques tellement. Je m'en veux. Tout est de ma faute.

Charlie : (Ce n'est pas ta faute ! Arrête de dire ça.)

Harry : Je ne sais plus quoi faire pour oublier.

Charlie : (N'oublie pas, accepte, c'est tout.)

Harry : Tiens voilà tes fleurs, comme je te l'ai promis. Je déteste parler dans le vide mais... Peut-être que tu m'entends. Alors je continuerais de parler dans le vide jusqu'à ce que je sois destiné à te rejoindre. Je t'aime, Charlie, je t'aime.

Charlie : (Tais-toi mon amour, je vais pleurer...)

Harry : Tu étais toute ma vie... Alors à quoi ça sert que je reste dans ce monde, maintenant ?

Charlie : (Je veux te voir heureux sans moi.)

Harry : Charlie, tu... tu es là ? J'ai l'air tellement con.

Charlie : (Je suis la mon amour... Sers-moi dans tes bras, car c'est la dernière fois. C'est mon dernier signe.)

Harry : Je t'aime mon ange.

Charlie : (Moi aussi, je t'aime. Adieu Harry.)

J'essuyai du revers de ma manche mes larmes et en me relevant je déposai un bouquet de roses près de sa photo. Je restai debout, le regard vide.

Je sursautai quand une main se posa sur mon épaule. Quand je me retournai, je découvris Louis. Il avait été présent dès la mort de Charlie et je lui en serai jamais assez reconnaissant. Niall, Liam et Zayn sont aussi venus, même s'ils ne l'avaient jamais rencontré. J'aurai préféré les revoir dans d'autres circonstances, mais leur soutien m'a fait un bien incroyable.Louis se plaça à ma gauche et fixa lui aussi la photo de Charlie.

Louis : Elle est belle.

Harry : Oui, elle l'était.

Louis : Pourquoi tu pleures ?

Harry : Je ... Parce que ... chaque jour passé loin d'elle me rappelle que l'existence n'a finalement aucun but précis et qu'en plus de cela la vie est totalement injuste.

Louis : Moi je pense qu'elle aimerait au contraire que tu te donnes un but et que tu ailles au bout de ton existence pour lui prouver que parfois la vie peut être belle, même si on flanche par moment.

Fallen for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant