Chapitre XLII

113 14 2
                                    

Chapitre XLII



J'ai réussi à tenir le coup. Je n'ai pas pleuré devant ma fille, mais quand le train a démarré, les larmes n'ont pu rester plus longtemps. J'ai craqué et je me suis mise à imaginer le pire. Et si je ne la revoyais plus jamais ? Et si je mourrais ?

Demain, j'ai mon premier rendez-vous de chimiothérapie et ça m'angoisse. Je ne sais absolument pas à quoi m'attendre. Harry a essayé de me convaincre d'arrêter de travailler, en vain. Il faut que je m'occupe sinon je vais sûrement devenir folle. Mon médecin m'avait parlé de groupe de soutien mais il était hors de question que j'aille parler de cancer avec d'autres personnes. J'ai tellement envie de l'oublier et pourtant, pour l'instant je ne le ressens pas encore en moi. Je sais que ça arrivera bien plus vite que je ne le crois, alors je ne m'en plaignais pas.

Le lendemain matin, je fus levée à l'aube même si mon rendez-vous n'était qu'à 15h. Il fallait que j'aille travailler. Harry dormait encore quand je partis, d'où le petit mot que j'avais laissé sur sa table de nuit.

Au laboratoire, Léa vint me voir et me demanda des nouvelles pour mes côtes. Je lui annonça que je n'avais rien de cassé et elle se réjouit de l'information. Je ne parlai pas de la ''nouvelle'' à propos de mon état, mais je la tint au courant d'un rendez-vous personnel que j'avais cet après-midi. Elle ne posa pas de questions, à mon soulagement, et elle ajouta qu'elle finirait mon travail si je n'avais pas eu le temps. Je la remerciai avant de reprendre mes analyses.

Le téléphone du laboratoire sonna et quand je répondis, la réceptionniste m'indiqua que quelqu'un m'attendait. Je regardai l'heure et voyant qu'il était 13h, je devinai qu'il s'agissait de Harry. Je ramassais mes affaires et je prévins Léa de mon départ avant de rejoindre Harry. Quand je l'embrassai, j'entendis un léger cri étouffé venant de derrière le bureau. Quand je me retournai, la réceptionniste fit mine de rien et fixait son ordinateur. Quelle fouine celle-ci. Elle savait sans doute que j'étais mariée avec Dylan et j'imagine déjà ce qu'elle pensait. ''Oh bah elle, elle ne perd pas de temps ! À peine son mari est mort qu'elle couche déjà avec un autre. Et puis elle prend son après-midi pour rendez-vous personnel, autrement dit pour passer le reste de sa journée avec son nouvel amant ! Il va falloir que je raconte ça à tout le monde !'' Je déteste définitivement ces femmes dans son genre. Je la fixe et quand elle s'en rend compte, elle me regarde avec un air hautain. Si Harry ne m'avait pas tirée vers la sortie, je crois que je lui aurais bondi dessus.

Harry (hilare) : Tu voulais la bouffer ou quoi ?

Charlie (énervée) : Non mais tu as vu la façon dont elle nous regardait ! Je la déteste.

Harry : Calme-toi, c'est rien. Ignore-la donc.

Charlie : Ouais.

Harry : Tu ne comptais pas manger ?

Charlie : Euh si, enfin si j'avais eu le temps. Sinon, c'était pas grave.

Harry : Si tu as besoin de prendre des forces.

Je lui souris et il prit ma main avant qu'on marche jusqu'à un café-restaurant. On commanda et Harry essaya de me distraire pendant le repas. Je l'en remerciai car grâce à lui je stressais un peu moins. Pendant un instant, j'oubliai presque le cancer.

Nous fûmes accueillis à l'hôpital par une infirmière qui m'emmena faire un examen clinique et une prise de sang. Elle m'expliqua que c'était la procédure avant chaque cure, pour vérifier si j'étais toujours en état de poursuivre le traitement. Ensuite, elle me conduisit jusqu'à une grande pièce où d'autres patients étaient installés, sûrement eux aussi atteints du cancer. Elle m'équipa de la perfusion et elle proposa une chaise à Harry pour qu'il puisse s'asseoir près de moi. Ensuite, elle m'expliqua qu'il fallait attendre une heure, le temps que ce soit terminé et que mon deuxième rendez-vous était le lendemain à la même heure. Elle ajouta que je risquai de me sentir fatiguée dès ce soir et qu'il était possible que j'ai des vertiges et des vomissements. La perte de cheveux devraient apparaître d'ici une semaine a-t-elle finit par dire.

Fallen for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant