29 octobre

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Aujourd'hui, Leo s'est blessé.

Heureusement, la plaie est peu profonde, mais le sang m'a effrayé. Voir Leo débarquer en titubant dans la maison, balbutiant à propos de la hache qui lui avait échappé des mains, tout en tenant son bras ensanglanté... C'était cauchemardesque.

Je n'exagère pas en disant que j'ai immédiatement lâché ce que j'étais en train de faire pour lui porter secours. Qu'étais-je supposé faire ? Le regarder se vider de son sang sans réagir ?

Je l'ai fait s'assoir à la table de la cuisine pendant que je réunissais de quoi confectionner un bandage. Fut un temps où l'armoire à pharmacie de la salle de bains débordait de pansements stériles et de médicaments en tout genre, un temps désormais révolu. Je dois désormais me débrouiller avec le strict nécessaire.

Leo a eu l'air apeuré quand il a compris que je comptais désinfecter sa plaie avec une vieille bouteille d'alcool, et la panser avec un bout de drap déchiré.

Je sais que ça n'a pas l'air orthodoxe, mais je t'assure que c'est la meilleure chose à faire, lui ai-je promis.

Tu me le promets ?

Je te le promets. Je ne te ferai jamais de mal

Je te fais confiance.

La confession de Leo m'est parvenue en un soupir, provoquant une envolée de papillons dans la poitrine. Je ne suis pas un poète, et je me sens un peu ridicule en écrivant ces mots, mais c'est la vérité.

Leo a gardé le silence pendant que je m'activais sur sa blessure, nettoyant la plaie, la désinfectant, et finissant par l'envelopper du drap propre. La seule expression de sa douleur a été un grognement quand j'ai serré le bandage.

Voilà, c'est fini, ai-je déclaré en reculant.

Je ne suis pas allé bien loin, arrêté par la main valide de Leo, venue saisir la mienne.

J'avoue que je n'ai pas réagi, électrisé par le contact de Leo contre ma peau. Maintenant, je me demande ce que j'aurais pu faire. Me dégager ? Pourquoi ? Je n'en avais pas eu envie.

Alors je suis resté immobile, attendant de voir ce que Leo allait faire ensuite.

Merci, a-t-il soufflé.

Je lui ai répondu que ce n'était rien.

Si. Ça compte, pour moi.

Je n'ai pas eu l'occasion de répondre, car Leo a choisi ce moment pour se lever de sa chaise et se dresser devant moi. Il tenait toujours ma main dans la sienne, et il en a profité pour me tirer vers l'avant, plus proche de lui, plus proche qu'on ne l'a jamais été en plus d'un mois de cohabitation, même en partageant un lit.

Et je me suis figé. Leo s'est encore approché, jusqu'à ce que ses lèvres effleurent ma joue. J'ai senti son souffle, puis le contact de sa bouche, doux comme un baiser, avant qu'il ne me lâche et ne me laisse seul dans la cuisine.

Encore maintenant, alors que je me confie dans ce journal, j'ignore quoi penser.

HIRAETHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant