Chapitre 4.

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Samedi 6 Novembre

J'écris, Madame Sardy aka la psy me regarde, elle veut que j'écrive devant elle, pour voir mon "comportement". Évidemment, elle ne lit pas. Elle est gentiment assise sur son fauteuil et moi, je suis en tailleur sur le canapé. Elle a voulu savoir comment j'allais, encore. Je lui ai menti. J'ai dis que j'allais bien, que ça me faisait vraiment du bien ses séances... Mais en vrai ses séances sont inutiles, je n'ai rien à dire . Je veux pas parler, pas à elle. A personne. Je ne veux parler à personne. Je veux juste continuer d'écrire sur ce journal, ça me donne l'impression que tu ne m'a pas quittée. Je te jure, plus les jours passent, plus je dérive, je perd le contrôle, je perds le contrôle de mon corps, de ma tête, de mes émotions... Mais plus les jours passent, plus j'ai l'impression que tu vas revenir. Qu'on va refaire comme avant, tu te rappelles? Ça remonte à loin notre "premier bisous" comme un disait... Quel âge déjà? Je vois pas pourquoi je te pose la question, je connais notre date d'anniversaire. Le 31 décembre 2002. On avait dix ans. On voulait s'entraîner à faire "comme les grands" le jour du nouvel an. Et bien, on l'a fait. Et maintenant on est grands. Et on étaient peut-être pas faits pour que ca dure. Le destin en a fait ainsi on va dire? Ou alors c'est complètement ta faute. Putain je pleure... La psy va me faire des réflexions à la con. Je crois qu'elle me parle. Mais les voix sont lointaines, je n'entends que la tienne. Elle me répète ce que tu me disais souvent..

"À jamais, mon amour."

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Dimanche 7 Novembre

La séance d'hier s'est terminée mal, j'ai commencé à gueuler sur la psy. Je ne me rappelle plus ce que je disais. Mais elle a préféré me renvoyer chez mes parents et elle a conseillé ma mère de me prendre deux rendez-vous par semaine, le mardi et le samedi après-midi. Ça me suffisait largement une séance de torture. A chaque fois qu'elle me posait des questions, j'avais l'impression qu'on m'enfoncait des clous dans la tête, sa voix stridente me perçait les tympans, ma tête tournait. Puis, je finis toujours par me faire une bulle et je n'écoute plus rien, je me sens en sécurité dans cette bulle. Cette bulle que j'imagine, c'est tes bras. Ils m'entourent, m'enlacent, me protègent. Si seulement je pouvais retrouver cette sensation de bien-être.

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Mardi 9 Novembre

Sans toi, j'en serais jamais la. Tu m'as détruite. Je peux plus. Tu me tues. Je ne dors plus, je ne mange plus, ma mère essaye de me forcer, je mange mais jamais plus de deux bouchées. Je maigris. Sardy m'envoie chez un nutritionniste. J'en veux pas. Je ne veux rien. Juste ton amour, juste ça. Mais tu es trop égoïste. Connard.

Nothing Lasts Forever.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant