Chapitre 8

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Maïa eut du mal à s'extirper du lit. Ses cheveux noirs avaient pris une allure que son peigne aurait du mal à défaire, et ses yeux étaient encore à moitié clos par la fatigue. Elle se fit néanmoins violence pour se lever et s'habiller. Elle se rendit ensuite dans la pièce à vivre, où sa mère Lenka préparait un petit déjeuner frugal. La marmite à moitié pleine de la soupe de la veille lui souleva l'estomac.

– Bien dormi ? demanda machinalement Lenka.

Un grognement endormi lui répondit. La jeune femme se dirigea vers un placard, en sortit un bol en terre cuite fendu, et y versa une louche de potage.

– Elle est en forme, ce matin, poursuivit Lenka. Elle m'a déjà demandé son repas. Ca ne devrait pas te prendre trop de temps.

– Ça me prendra le temps qu'il faut, comme d'habitude.

Le bol rempli, Maïa saisit une cuillère, et se dirigea vers la porte d'une chambre adjacente. Lorsqu'elle la poussa, une odeur de renfermé lui agressa les narines. Même si elle y était habituée, elle fit la grimace. Elle déambula prudemment dans la pénombre, jusqu'au chevet du lit sur lequel reposait une forme chétive. Maïa posa le bol de soupe sur la table de nuit, et enclencha l'interrupteur d'une lampe à cristaux. Une lumière claire en jaillit instantanément, éclairant la pièce, ainsi que la silhouette sur le lit.

Il s'agissait d'une vieille femme. Allongée sur le lit, seul son buste était redressé par quelques coussins jaunis par le temps. Sa maigreur, ainsi que son teint pâle, étaient cadavériques. Lorsque ses yeux clairs, rougis par les années, se posèrent sur Maïa, la femme sourit.

– Tu as faim, grand-mère ? demanda la jeune fille en s'asseyant au bord du lit.

Un hochement de tête lui répondit. Avec précaution, Maïa prit le bol dans une main, et y plongea la soupe de l'autre. Puis elle donna affectueusement la becquée à sa grand-mère.

Arrivé au milieu du bol, la voix de Lenka retentit :

– Je vais chercher la marchandise, Maïa ! Tu me rejoins au marché ?

– Oui maman !

La porte claqua, et Maïa termina de donner son repas à son aïeule. Elle fit ensuite tremper le bol dans une bassine, et alla quérir son peigne pour dompter ses cheveux.

C'est alors qu'on tambourina à la porte. Des coups secs. Frénétiques.

– Maïa ! Maïa ouvre !

La voix était pressante et familière. Maïa s'exécuta sans attendre. En la bousculant, trois personnes firent irruption dans la pièce, et la dernière ferma violemment la porte, puis s'y adossa, avant de se laisser doucement glisser sur le sol. Maïa écarquilla les yeux.

– ­Vassili ?

L'intéressé ne répondit pas. Les cheveux tombant devant ses yeux hagard, et n'avait pas l'air de l'avoir entendue. Maïa se tourna vers les deux autres intrus.

– Féodor ? C'est qui celle-là ? Qu'est-ce qui vous prend de débarquer comme ça chez moi au petit matin ?

Soudain, Maïa remarqua le sang gluant sur son visage, ainsi que les écorchures sur son torse, et la balafre sanglante ouverte sur son crâne.

– Ecoute, Maïa, c'est vraiment compliqué. Je te présente Ragen. Ragen, Maïa, une bonne amie, on peut lui faire confiance.

Même si elle se sentit flattée, Maïa fusilla Ragen du regard.

– On peut rester ici quelques heures ? reprit Féodor, implorant. Une journée, maximum.

– Dans quel genre de problèmes vous vous êtes encore fourrés ?

Les parias (fanfic Game of Rôles)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant